‘Séparatisme médiatique’ : la croisade désespérée de Macron pour museler la presse occidentale
14 novembre 2020
‘Séparatisme médiatique’ : la croisade désespérée de Macron pour museler la presse occidentale
par lecridespeuples
Le Cri des Peuples traduit les deux articles dénonçant l’islamophobie de Macron, respectivement parus dans le Financial Times et Politico, et dont les pressions de l’Elysée ont obtenu la censure au prétexte de « Fake News ». Pourtant, il est évident qu’à travers la fausse distinction entre « islamique » et « islamiste » (ces deux mots sont synonymes), c’est bien les musulmans dans leur ensemble qui sont visés, comme le prouvent les attaques incessantes contre le voile ou le halal, ou le fait que personne ne parle de terrorisme « judaïste » (ni même « sioniste » ou « talmudiste ») pour caractériser les crimes perpétrés par Israël au nom de la Torah, ni de terrorisme « christianiste » ou « démocratiste » au sujet des guerres sanglantes menées par les administrations fondamentalistes américaines au nom de la lutte contre « l’Axe du Mal » et de la « diffusion de la démocratie », qui ont pourtant causé des millions de victimes —certes musulmanes. Macron s’est lui-même fendu d’une énorme Fake News pour sa défense en dénonçant la non-mixité d’enfants de 3 à 4 ans et de voile intégral pour des fillettes de cet âge, qui n’existent que dans son imagination raciste, mégalomane (il prétendait réformer l’Islam, sans préciser si son nom devrait être ajouté à la nouvelle profession de foi…) et électoraliste. Loin d’éteindre l’incendie, il n’a fait que s’enfoncer en démontrant le peu de cas qu’il fait de la liberté d’expression et des musulmans, et a été vertement tancé par les plus prestigieux journaux anglo-saxons, notamment The Guardian, The Independent et le New York Times.
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La guerre de Macron contre le « séparatisme islamique » ne fait que diviser davantage la France (Financial Times)
La dangereuse religion de la laïcité (Politico Europe)
Le dirigeant français Emmanuel Macron accusé d’avoir diffusé des « fake news » sur les fillettes musulmanes (The Independent)
Les fanatiques n’ont pas le droit de censurer les critiques. Mais Emmanuel Macron non plus (The Guardian)
La guerre de Macron contre le « séparatisme islamique » ne fait que diviser davantage la France
Par Mehreen Khan, le 3 novembre 2020
Source : Financial Times
Traduction : lecridespeuples.fr
Note du traducteur : Cet article a été complètement censuré, le lien original indiquant seulement que « Le Financial Times a supprimé du site Internet un article d’opinion sur la France et son attitude à l’égard des islamistes après avoir découvert qu’il contenait des erreurs factuelles. » Il ne faut pas s’étonner de l’absence de davantage de précisions : comme le démontre la lecture de l’article, celui-ci ne comporte absolument aucune Fake News, et il aurait suffi de remplacer « séparatisme islamique » par « séparatisme islamiste » pour lever toute ambiguïté sur le verbatim du propos de Macron. Rappelons que même la justice, en cas de procès en diffamation (cf. l’expérience du Cri des Peuples face à la Mission laïque française), n’ordonne que la suppression des propos litigieux, et nullement de la totalité de l’article.
Emmanuel Macron aura besoin d’avoir les 6 millions de musulmans français à ses côtés s’il veut éradiquer l’extrémisme violent qui a conduit à deux attentats terroristes meurtriers sur le sol français ces dernières semaines. Le Président court un risque sérieux d’échouer. Dans la foulée des événements, son gouvernement a plutôt choisi d’alimenter la panique morale sur la « question musulmane ».
Le mois dernier, avant que l’instituteur Samuel Paty ne soit décapité par un agresseur musulman, M. Macron a exposé sa démarche dans un discours consacré à la lutte contre le « séparatisme islamique ». L’accusation, qui fait écho au langage de la domination française de l’époque coloniale, évoque les tropes de musulmans ayant une loyauté multiple envers des maîtres étrangers [c’est le valet de Washington et du CRIF qui parle], ou des complots sur l’imposition de la charia. M. Macron a évoqué les « menus alimentaires confessionnels » et le foulard comme des signes possibles de séparatisme dans la société française.
Dans un débat si chargé d’émotion, ces mots comptent. Depuis le meurtre brutal de Paty et une attaque à l’arme blanche à Nice, des expressions comme « ennemis de la République », « islamo-gauchistes » et « collaborateurs » font désormais partie du langage politique français [rappelons que la France officielle est championne de la traque des Juifs / Résistants et du collaborationnisme avec le nazisme ; à ce titre, elle reste fidèle à elle-même].
Valeurs appelant Valeurs pdt
à la guerre la guerre pic.twitter.com/4FuC7ifvB0
— Nacéra (@NasNacera) October 30, 2020
Les réseaux de télévision diffusent des plans « anti-séparatistes » des ministres du gouvernement tels que l’interdiction de la polygamie (qui est déjà illégale [contrairement aux relations extra-conjugales, encouragées par des publicités Gleeden]) ou l’interdiction aux supermarchés de vendre de la nourriture halal.
La France de Darmanin… pic.twitter.com/KZdqAxnE0J
— Abdel En Vrai (@Abdelenvrai) October 22, 2020
Une commentatrice a même suggéré aux femmes musulmanes de retirer leur voile pour exprimer leur solidarité avec Paty.
Par solidarité avec les morts de cirrhose du foie j’aurais aimé que tu t’abstiennes de boire pendant une semaine https://t.co/5miL5Eu22P
— Camal Gallouj 🧕🏽 (@CGALLOUJ) October 26, 2020
Le ministre français de l’Intérieur a déclaré que le prochain projet de loi anti-séparatisme comprendra une peine de prison pouvant aller jusqu’à cinq ans pour les personnes qui refuseraient un médecin du sexe opposé.
Le bruit des bottes,
de plus en plus fort… https://t.co/jhKOKOfdzw
— Taha Bouhafs 🔻 (@T_Bouhafs) November 1, 2020
En tant que musulmane britannique, maintenant basée à Bruxelles, j’ai vu des débats similaires qui risquent de confondre la pratique conservatrice [le voile ou le halal n’ont rien de conservateur, c’est la pratique la plus élémentaire de l’Islam qui est visée] et le djihadisme violent se dérouler à la suite d’attentats terroristes au Royaume-Uni. Les soupçons d’ « Islam politique » (un concept vaguement défini) sont vus partout : dans les organisations musulmanes, les choix vestimentaires et même le fait de parler arabe.
Bonjour la France de @EmmanuelMacron qui ne discrimine pas les arabes/musulmans
La proviseure appelle la police parce qu’un élève a photocopié une feuille avec une inscription en.. #arabe. Elle n’a fait qu’appliquer le «protocole» mis en place par l’Etat https://t.co/F9RM5ArQEh
— Nacéra (@NasNacera) November 4, 2020
Le ministre français des Finances considère les heures réservées aux femmes dans les piscines publiques comme la preuve que l’État succombe à son influence « insidieuse ». [Sans parler de l’inénarrable Ministre de l’ignorance Blanquer, qui bafoue la laïcité en affirmant que le voile doit être réprouvé partout dans la société en ce qu’il affirmerait un statut inférieur de la femme, comme s’il avait le droit de se prononcer sur des questions religieuses ; soulignons qu’il ne rechigne pas à porter la kippa, car en plus de la théologie musulmane, il a probablement étudié la Torah et peut-être même le Talmud pour s’assurer qu’il n’y avait pas de mépris de la femme juive dans l’interdiction qui lui est faite de la porter].
le Ministre de l’Education National Jean-Michel Blanquer invité par la secte maçonnique de la Grande Loge de France (GLDF) – Le blog de Valentin Beziau
Mais les atteintes à la vie quotidienne des musulmans sous la bannière de la laïcité risquent de viser la majorité des citoyens respectueux des lois plutôt que des criminels violents. Aucune femme portant un foulard n’a commis d’attentat terroriste en France. Le fait que les signifiants culturels soient considérés comme séditieux montre que le débat est passé de la défense des libertés civiles à la police de l’expression individuelle.
https://rmc.bfmtv.com/i/0/0/723/71c4f81fb5633068917df3259f866.jpeg
M. Macron a également souligné la nécessité de créer un « Islam français » des « Lumières » pour aider à réformer la « crise » mondiale de la religion. Ce but mégalomane doit être accueilli avec suspicion par tout séculariste. Si un « Islam français » signifie des imams approuvés par le gouvernement et des restrictions strictes sur les écoles religieuses privées, cela trahit la volonté d’utiliser l’État pour prescrire une religion « correcte », quelque chose qui a plus en commun avec l’action des dirigeants musulmans autoritaires qu’avec les valeurs des Lumières prônant la séparation de l’Église et de l’Etat.
La haine des musulmans à l’état brut
[Montage réalisé par @caissesdegreve] pic.twitter.com/GiWEnUMPbS
— Henri Maler (@HMaler) October 21, 2020
Les musulmans européens n’ont pas besoin du mandat du gouvernement pour rendre l’Islam français, britannique ou allemand. C’est déjà le cas, en vertu de la vie de millions de personnes qui pratiquent librement leur foi et sont des citoyens actifs dans leurs pays de naissance. Partout en Europe, on demande aux musulmans de prouver leur loyauté envers l’État et ses valeurs. Mais en France, on leur demande de le faire en cachant des signes visibles de leur religion de peur d’offenser l’Etat. On leur reproche de ne pas condamner assez fort le terrorisme et on s’attend à ce qu’ils portent la responsabilité collective des crimes nihilistes qui, dans le cas des récentes attaques, ont été perpétrés par des étrangers.
Ça ne doit pas forcément se passer comme ça. Le Royaume-Uni a lutté contre le même extrémisme violent sans exclure massivement, du moins par présomption, certains de ses citoyens de la communauté nationale. Les musulmans font partie de l’histoire de la France, de son présent et de son avenir, ce que les extrémistes des deux côtés détestent admettre.
Les musulmans français devraient être les plus grands alliés de M. Macron contre le terrorisme violent. Pourtant, plutôt que de les embrasser, il a choisi une stratégie qui sert l’extrême droite et ses ambitions électorales. Il promeut la vue selon laquelle une République faible serait sur le point d’être renversée par un ennemi intérieur.
À l’élection présidentielle de 2022, M. Macron dira probablement aux musulmans qu’ils devraient voter pour lui afin de sauver la République des mains du parti d’extrême droite de Marine Le Pen. Cette menace risque de paraître creuse pour les musulmans s’ils sont soumis à un environnement hostile de la part d’un Président libéral.
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La dangereuse religion de la laïcité
Par Farhad Khosrokhavar, le 31 octobre 2020
Source : Politico
Traduction : lecridespeuples.fr
Note du traducteur : Cet article a été supprimé de Politico, le lien original indiquant seulement que «L’article d’opinion La dangereuse religion de la laïcité en France publié samedi a été retiré car il ne répond pas à nos normes éditoriales. » Il est heureux que les services de l’Elysée soient plus efficaces en tant que censeurs qu’en tant que trolleurs sur Internet, comme on peut la voir dans la multitude de commentaires pro-Macron grotesquement flagorneurs (dont les pseudo-auteurs sont probablement rémunérés par de l’argent public) sous la vidéo de son interview pathétique à Al-Jazeera (le journaliste était vraiment minable et a été choisi à dessein, ne posant aucune question sérieuse alors qu’il n’y avait que l’embarras du choix pour démontrer l’islamophobie d’Etat en France). Notons au sujet de cette interview que pour une fois, Macron y a parlé du « Prophète Mohammed », et non du « Prophète Mahomet », rappelant, s’il le faut, que l’argent (« la propriété », dit la Déclaration des droits de l’homme) est la seule chose reconnue comme « sacrée » par la République, prête à se dédire, à se contredire et à faire toutes les contorsions & volte-face dès qu’il y a des intérêts en jeu.
Une nouvelle série d’attaques djihadistes a secoué la France. La plus récente, dans une église de Nice, a fait trois morts, seulement deux semaines après qu’un enseignant a été décapité à la périphérie de Paris après avoir exposé des caricatures [pornographiques] du Prophète Mohammed dans sa classe. Pourquoi la France est-elle ciblée, encore et encore, par des extrémistes violents ? L’Allemagne, l’Angleterre, l’Italie et même le Danemark —où les caricatures controversées de Mohammed ont été publiées pour la première fois— n’ont pas connu une violence comparable.
La raison est simple : la forme extrême de laïcité de la France et son adhésion au blasphème, qui a alimenté le radicalisme parmi une minorité marginalisée. Plus précisément, la dernière vague de violence fait suite à la décision prise au début du mois par le journal satirique Charlie Hebdo de marquer le début d’un procès pour une attaque meurtrière contre sa salle de presse en 2015 en republiant les caricatures blasphématoires de Mohammed qui ont provoqué l’agression initiale.
Voir Norman Finkelstein : Charlie Hebdo n’est pas de la satire, mais du sadisme pornographique
Ce duo —laïcité radicale et radicalisme religieux— se livre depuis à une danse mortelle.
Promouvoir le blasphème religieux
Traditionnellement, la laïcité française impose à l’Etat d’être neutre et appelle au respect des religions dans l’espace public, afin d’éviter la montée de l’intolérance religieuse. Dans les temps modernes, cependant, c’est devenu quelque chose de bien plus extrême. La laïcité modérée qui prévalait aussi récemment que dans les années 1970 a été remplacée par quelque chose qui ressemble plus à une religion civile.
C’est un système de croyance qui a ses propres prêtres (ministres du gouvernement), son pontife (le Président de la République), ses acolytes (les [pseudo-]intellectuels) et ses hérétiques (quiconque appelle à une attitude moins antagoniste envers l’Islam est rejeté et qualifié d’islamo -gauchiste).
Il y a dans ce pays une haine des musulmans déguisée en laïcité. La laïcité ce n’est pas la haine d’une religion. L’Etat laïc ce n’est pas un athéisme d’Etat. Pas de guerre de religion. Il faut faire France de tout bois. #FaceaBFM pic.twitter.com/pbHtBiVqje
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) November 12, 2020
L’une des caractéristiques déterminantes de cette nouvelle laïcité est la promotion du blasphème religieux —et, en particulier, son expression extrême sous forme de caricatures comme celles du Prophète Mohammed.
Cette adhésion officielle a été pleinement affichée après le meurtre du professeur qui montrait des caricatures du Prophète dans ses classes, lorsque de nombreux intellectuels français ont fait l’éloge du blasphème et ont défendu sans équivoque la défense du droit à la libre expression par le gouvernement.
Ils auraient dû réfléchir plus attentivement à leurs propos.
Lire la réflexion d’un véritable intellectuel à ce sujet : Un long hiver républicain, par Alain Brossat
En Europe occidentale, le droit au blasphème est légalement reconnu. Mais c’est une chose de protéger la liberté de blasphémer et une autre d’exhorter avec enthousiasme au blasphème, comme c’est le cas en France.
Le blasphème est une forme de liberté d’expression non argumentative et sarcastique. Il doit être utilisé, au mieux, avec modération dans un pays où entre 6% et 8% de la population est musulmane, dont la plupart des parents ou grands-parents ont émigré des colonies françaises d’Afrique du Nord.
Les défenseurs du blasphème invoquent la liberté d’expression, mais ce que le blasphème fait, en fait, c’est piéger la France dans un cercle vicieux de réactivité à la terreur jihadiste qui la rend moins libre et moins autonome.
L’usage immodéré de la caricature au nom du droit de blasphémer sape en fin de compte le débat public : il stigmatise et humilie même les musulmans les plus modérés ou séculiers, dont beaucoup ne comprennent pas l’attention obsessionnelle des laïcs français sur l’Islam, le voile, les prières quotidiennes ou les enseignements islamiques.
Précisons que la loi européenne, qui prime sur la loi française, ne cautionne pas les attaques contre les sentiments des croyants, considérées comme une limite à la liberté d’expression : voir 4 exemples de jurisprudences applicables à Charlie Hebdo dans L’Union européenne soutient-elle la guerre de la France contre l’Islam ?
Le résultat est un cycle néfaste : provocation, contre-provocation et descente d’une société aux enfers. Avec la radicalisation de la laïcité française, le nombre d’attaques djihadistes dans le pays s’est démultiplié.
Les laïcs français prétendent lutter pour la liberté d’expression. Ce faisant, des innocents meurent, les musulmans du monde entier rejettent les valeurs françaises et boycottent les produits du pays, et les musulmans français sont confrontés à des restrictions de leur liberté d’expression au nom de la lutte contre la propagande islamiste.
Voir Nasrallah : la guerre déclarée par Macron à l’Islam est vouée à l’échec
La France paie un lourd tribut pour sa laïcité fondamentaliste, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses propres frontières.
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Le dirigeant français Emmanuel Macron accusé d’avoir diffusé des « fake news » sur les fillettes musulmanes
Le dirigeant français a été critiqué après avoir écrit une lettre au Financial Times.
Source : The Independent, 5 novembre 2020
Traduction : lecridespeuples.fr
Le Président français Emmanuel Macron a été accusé d’avoir diffusé de « fausses nouvelles » après avoir affirmé que des filles musulmanes d’à peine trois ans étaient contraintes de se voiler intégralement tout en étant « élevées dans la haine des valeurs de la France ».
Le chef de l’Etat français a brossé un tableau de banlieues anarchiques et au-dessus des lois, dans lesquelles des nourrissons maltraités seraient tenus à l’écart des enfants du sexe opposé.
Il a également affirmé qu’il y avait « des centaines d’individus radicalisés » qui pouvaient frapper avec un couteau à tout moment.
« Visitez les quartiers où les petites filles âgées de trois ou quatre ans portent un voile intégral », a écrit M. Macron dans une lettre au Financial Times (FT).
Il soutient que toutes ont été « séparées des garçons et, dès leur plus jeune âge, séparées du reste de la société, élevées dans la haine des valeurs françaises ».
En réalité, le voile intégral est interdit en France depuis 2011, suite à une législation controversée surnommée « l’interdiction de la burqa ».
Il n’y a pas d’incident ou de photo connus de jeunes enfants portant la burqa en France, et encore moins de poursuites engagées à ce sujet.
M. Macron a de nouveau été accusé d’islamophobie à la suite d’une série d’attaques terroristes islamistes perpétrées par des assaillants au couteau nés à l’étranger.
M. Macron a en outre écrit dans le FT :
Parlez aux préfets du gouvernement qui sont confrontés sur le terrain à des centaines d’individus radicalisés, dont nous craignons qu’ils puissent, à tout moment, prendre un couteau et tuer des gens.
C’est contre cela que la France lutte —des desseins de haine et de mort qui menacent ses enfants—, jamais contre l’Islam.
Le FT a publié la lettre de M. Macron après qu’il se soit plaint d’un article d’opinion rédigé par une journaliste musulmane l’accusant de répandre la haine contre les musulmans.
L’article original a été « retiré pour examen après que les lecteurs aient signalé des inexactitudes factuelles », selon le FT.
M. Macron soutient cette initiative dans sa lettre : « Je ne permettrai à personne de prétendre que la France, ou son gouvernement, encouragent le racisme contre les musulmans ».
Mais ses opposants n’étaient pas convaincus par ses derniers commentaires.
Nadia Henni-Moulai, une éminente écrivaine française, a déclaré :
M. Macron utilise un média britannique pour diffuser de fausses informations sur les musulmans en France.
Dans un contexte déjà extrêmement instable, c’est tout à fait inapproprié pour un chef d’État.
Et Marwan Muhammad, un militant des droits de l’homme qui examine les allégations de discrimination contre les musulmans en France, a déclaré : « L’affirmation du Président n’est étayée par aucune preuve. »
Voir Assimilation des Français musulmans « Merci, très peu pour nous »
La France a une communauté musulmane d’environ cinq millions de personnes, la plus grande d’Europe occidentale, et beaucoup ont des racines dans d’anciennes colonies comme l’Algérie.
Beaucoup de Français musulmans se sont plaints de l’augmentation du racisme et de l’islamophobie dirigés contre eux par des politiciens, dont M. Macron.
M. Macron a annoncé des mesures visant à lutter contre le « séparatisme islamiste », notamment un contrôle gouvernemental plus strict des écoles et autres institutions au service des musulmans.
Lors d’un discours en octobre, il a déclaré que l’Islam était « en crise » dans le monde, et il a également promis que la France continuera à publier des caricatures de Charlie Hebdo se moquant du Prophète Mohammed.
Cela a conduit à des manifestations dans le monde arabe et musulman, des milliers de personnes appelant au boycott des produits français.
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Les fanatiques n’ont pas le droit de censurer les critiques. Mais Emmanuel Macron non plus
La réponse du Président français à l’Islam suinte d’hypocrisie et l’illibéralisme.
Par Kenan Malik, le 8 novembre 2020
Source : The Guardian
Traduction : lecridespeuples.fr
Les lettres se plaignant d’articles de journaux ne sont pas exceptionnelles. Mais celles venant du palais de l’Élysée, si. La semaine dernière, le Financial Times a publié, après le meurtre du professeur Samuel Paty à Paris et de fidèles à Nice, un article de son correspondant européen, Mehreen Khan, critiquant la politique du Président français Emmanuel Macron envers l’Islam. Le désir de Macron « d’utiliser l’État pour prescrire une religion ‘correcte’ », a-t-elle écrit, a « plus en commun avec les dirigeants musulmans autoritaires qu’avec les valeurs des Lumières prônant la séparation de l’Église et de l’État ».
Macron a répondu par une lettre-article se défendant lui-même et sa politique et accusant Khan de l’avoir « mal cité » : il a insisté sur le fait qu’il n’avait jamais parlé de « séparatisme islamique », comme l’a suggéré Khan, mais seulement de « séparatisme islamiste ». Au moment où le FT a publié la lettre de Macron, cependant, l’article de Khan avait été supprimé pour « inexactitudes factuelles ». On pouvait lire la critique, mais pas ce qui était critiqué. Les journaux excisent parfois les articles —je suis sûr que l’Observer l’a déjà fait. Mais ils ne devraient le faire que dans des circonstances vraiment exceptionnelles, et expliquer en détail pourquoi. Malheureusement, la suppression des articles offensants après avoir reçu des critiques devient cependant une partie plus acceptable de notre culture.
Quelques jours avant le retrait de l’article de Khan, Politico Europe a publié un éditorial très peu sincère de l’éminent universitaire français Farhad Khosrokhavar. La cause du terrorisme islamiste, a-t-il dit, réside dans « la forme extrême de laïcité de la France et son adhésion au blasphème ». Les intellectuels qui « ont fait l’éloge du blasphème » auraient dû « réfléchir à leurs paroles plus attentivement ». Alors que les laïcs français « luttent pour la liberté d’expression », a-t-il écrit, « des innocents meurent », ignorant commodément le fait que ce ne sont pas des laïcs qui assassinent [l’action de la France en Syrie et au Yémen, en soutien aux terroristes wahhabites, relève bel et bien de l’assassinat ; et même les terroristes agissant en France sont armés par l’Occident, et non par l’Islam].
Islamic State | Latuff Cartoons
Vous devrez me croire sur parole pour tout cela car, après un déluge de critiques, Politico Europe a supprimé l’article en affirmant qu’il ne répondait pas à « nos normes éditoriales ». Je ne suis pas d’accord avec l’article de Khosrokhavar, mais je ne suis pas non plus d’accord avec sa suppression. Ce n’est pas ainsi que le journalisme ou le débat public devraient fonctionner, ou peuvent fonctionner, en particulier lorsqu’il s’agit de questions litigieuses.
A poster of Macron is trampled at a protest in Karachi, Pakistan on 6 November.
En même temps, des arguments tels que celui de Khosrokhavar doivent être vigoureusement contestés. L’affirmation selon laquelle la laïcité et le blasphème aident à radicaliser les islamistes est fausse et dangereuse. La France a gravement souffert du terrorisme islamiste —267 personnes sont mortes dans des attentats terroristes depuis 2012— mais elle est loin d’être une cible unique [argumentation ridicule : la France a subi bien plus d’attaques que n’importe quel autre pays européen, et c’est donc une cible non pas unique mais privilégiée]. Une semaine après les meurtres de Nice, un attentat terroriste islamiste à Vienne a fait quatre morts. L’Autriche, contrairement à la France, a une loi sur le blasphème très restrictive, qui a été utilisée pour criminaliser les critiques de l’Islam. Entre les attaques de Nice et de Vienne, il y a eu des attaques terroristes à Kaboul et à Peshawar, contre des étudiants universitaires et une classe d’étude du Coran. La grande majorité des meurtres djihadistes ont lieu dans des pays à majorité musulmane avec des lois contre le blasphème odieusement strictes [le fait que les musulmans soient la principale victime des terroristes doit être interprété à la lumière de l’impérialisme occidental, qui a créé et soutenu Al-Qaïda en Afghanistan, Daech en Syrie et en Irak, etc.]. Les laïcs et les « blasphémateurs » au Bangladesh, au Pakistan, en Arabie saoudite, en Iran et ailleurs sont depuis longtemps confrontés à des assauts meurtriers de la part des djihadistes et des autorités. Ce sont les gens trahis par les critiques occidentaux du blasphème.
Voir Nasrallah : Daech est la plus grande distorsion de l’Islam dans l’histoire, Les principales victimes de Daech sont les musulmans sunnites & Daech est avant tout Wahhabite, chaque musulman doit le combattre
Dire cela ne veut pas dire qu’il faut donc défendre Macron ou sa politique. Car ces politiques, comme une grande partie de la réponse française à l’Islam et à la terreur, suintent l’hypocrisie et l’illibéralisme. Malgré tout son attachement revendiqué à la liberté d’expression, la France dispose de lois sévères contre les discours jugés inacceptables, de la négation de l’Holocauste à l’insulte au drapeau français.
Voir Norman Finkelstein : les négationnistes doivent jouir de la liberté d’expression
Elle réprime sévèrement ceux qui appellent au boycott d’Israël. Elle a interdit les manifestations contre Charlie Hebdo et, après le massacre de 2015 du personnel du magazine, des dizaines de musulmans ont été arrêtés pour avoir prétendument sympathisé avec les assassins, y compris un garçon qui a publié sur Facebook un dessin se moquant du magazine [qui était une simple imitation d’une caricature infâme de Charlie Hebdo ; il a été inculpé pour apologie du terrorisme].