Pro-palestinien depuis toujours, marocain de confession juive, agissant pour le boycott d’Israël, Sion Assidon réagit à la décision du Maroc de reprendre les relations avec l’Etat hébreu
Vous avez été interdit de manifester contre la décision de la reprise des relations avec Israël. Comment avezvous perçu cela?
Il faut d’abord préciser que l’agence officielle de presse MAP n’avait pas annoncé la nouvelle. Ce n’est qu’en arrivant sur le Boulevard Mohammed V que les quelques centaines de participants ont trouvé devant eux un déploiement policier sans précédent, de mémoire de manifestant pour la Palestine, avec des canons à eau prêts à être utilisés. Notre appel à manifester pacifiquement ne cherchait pas la confrontation, bien sûr.
Nous pensons que l’objectif des forces de l’ordre était d’annihiler notre sit-in avant même qu’il se forme: pas le droit d’exprimer notre protestation contre ce pas en avant vers l’inconnu d’une alliance militaire avec les occupants de la Palestine.
Pour quelles raisons êtes-vous contre cette reprise au moment où l’Autorité palestinienne appelle aux négociations?
Nous sommes contre parce qu’il ne s’agit pas seulement de la «simple» réouverture d’un bureau de liaison avec l’Etat d’occupation de la Palestine, au moment où Al Qods est sous le feu de l’épuration ethnique, Ghazza est asphyxiée, la Cisjordanie déchiquetée par un nombre croissant de colonies tenues par plus d’un million d’occupants, avec l’enfer du quotidien palestinien entre les check-points et les assassinats par la soldatesque sioniste ou les colons armés.
Cela va beaucoup plus loin encore que l’encouragement de toutes les formes de normalisation qui ont déjà cours. Cette fois, il s’agit de l’entrée aux côtés des monarchies du Golfe dans une alliance militaire avec les occupants sous parapluie américain. Voilà pourquoi nous sommes contre.
Le communiqué marocain parle de la solution à deux États et de la préservation du cachet d’Al Qods. Qu’en pensez-vous? No comment.