Quand j’étais dans la rue, de douze ans à dix-sept ans, dans les années cinquante; quand il se passait un crime, la police cherchaient un coupable immédiatement. Et la chose la plus facile à faire, pour eux, était de cibler quelqu’un de louche, ou d’une minorité visible, comme un Noir ou un Amérindien.
C’était tellement facile! Ils l’arrêtaient et le torturaient juste qu’à temps qu’il avoue. Et on fermait le dossier sur un autre crime résolue. Certains de ces pauvres victimes de la police ont été pendus! C’était le système de ce temps là. Le procès bidon, l’incarcération… les oubliettes.
Mon ami Malcom McKenzie a subie ce sort en 1957, environ? On marchait sur la rue Sainte-Catherine à quatre heures du matin, quatre Blancs et un Noir, et la police nous ont interceptées. Ils ont tout de suite arrêtées Malcom, le Noir, pour tentative de meurtre. Moi et mes amis blancs avons protestés disant que Malcom était avec nous toute la soirée.
Mais les policiers se sont fichés de nous. Et le pauvre Malcom en a pris pour cinq ans de taule. À sa sortie de prison, il ne trouvait pas d’emploie ici et la police l’avaient toujours à l’œil. Il avait vingt ans. Il a décidé de tenter sa chance à New York mais ça à mal tourner là-bas aussi et il est mort en prison quelques années plus tard.
J’ai parlé de cela à des policiers de Montréal et aussi de la GRC et ils m’ont avoués que c’était pratique courante. Ils m’ont expliqués que pour les Noirs, ils se mettaient à deux, un qui tapait dessus et l’autre qui jouait au bon gars, juste qu’à temps qu’il avoue.
Pour les Amérindiens, c’était une autre tactique. Il s’agissait de le renfermer dans une cellule pendant vingt quatre heures, ou plus, jusqu’à temps qu’il avoue le crime. Les Amérindiens ne supportait pas d’être en cage. Ils paniquaient.
Qu’en est-il en 2021?
John Mallette
Le Poète Prolétaire