Par le Comité préparatoire
« Si les défenseurs de la cause sont infructueux, alors il vaut mieux changer les défenseurs, et non la cause. »( Ghassan KANAFANI )
Pour de nombreuses raisons qui sont largement connues du peuple palestinien à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine, au sein de la patrie et dans la diaspora, le « processus de négociations » avec l’entité sioniste qui a été lancé publiquement il y a 30 ans à Madrid, en Espagne, ainsi que l’approche politique palestinienne représentée par la direction de l’Organisation de Libération de la Palestine qui ont conduits aux désastreux accords d’Oslo, sont arrivés à la conclusion attendue : un échec total. D’autre part, cette voie destructrice a été prise au profit de l’entité sioniste, lui permettant de réaliser des gains stratégiques majeurs.
La « Conférence de paix de Madrid », qui s’est tenue fin octobre 1991, a été le résultat naturel du développement des politiques et des positions palestiniennes et arabes officielles, commencées dès 1974, tout comme elle a marqué un tournant dangereux dans la voie de la cause palestinienne. Elle a marqué une étape importante vers un grand déclin et un recul sur les scènes palestinienne, arabe et internationale. Notre peuple se souvient comment les délégués arabes officiels y ont assisté et se sont assis à la même table que les représentants de l’entité sioniste, pour la première fois dans l’histoire de la lutte arabo-sioniste, sous les regards du monde entier. Cela a marqué la rupture officielle et complète avec ce que l’on appelait autrefois les « trois non » de Khartoum : Pas de négociation, pas de réconciliation, pas de reconnaissance.
La délégation palestinienne a également assisté à cette conférence, sous une couverture fournie par le régime jordanien, contournant ainsi les décisions du Conseil national palestinien et abandonnant l’unité de représentation de l’Organisation de libération de la Palestine. La conférence s’est réalisées au profit de l’impérialisme américain, ce qui constitue un tournant historique, à un moment décisif où les États-Unis se préparaient à dominer un monde unipolaire au sortir de la première guerre du Golfe et de la désintégration de l’Union soviétique et du camp socialiste, et des changements fondamentaux qui en ont résulté dans l’équilibre des pouvoirs à tous les niveaux, international, arabe et palestinien.
Ainsi, près de trois décennies se sont écoulées depuis que la conférence de Madrid s’est tenue sous le parrainage des États-Unis en octobre/début novembre 1991. Près de 27 ans se sont écoulés depuis le processus de liquidation d’Oslo. Cela signifie qu’une nouvelle génération palestinienne est née dans la patrie et la diaspora, et que le nombre de Palestiniens a doublé, passant d’environ six millions à environ 13 millions. C’est devenu un droit naturel, mais aussi un devoir national, pour cette nouvelle génération palestinienne d’assumer sa responsabilité nationale et de porter le drapeau de la lutte palestinienne et la bannière de la libération et du retour, afin de libérer ainsi les potentialités populaires pour faire face aux projets de destruction, de normalisation et de liquidation.
Pour atteindre cet objectif, il faut assumer cette responsabilité nationale tant au niveau individuel que collectif. Cela exige également une convergence et une coopération collectives afin d’obtenir un cadre de lutte clair et des objectifs stratégiques et concrets. Par dessus tout, cela exige une volonté de sacrifice et une large participation populaire pour reconstruire nos institutions nationales et populaires pour affronter le mouvement sioniste, ses institutions et son entité coloniale raciste en Palestine occupée. Tout cela sans négliger la nécessité d’affronter simultanément le projet de la classe palestinienne qui a monopolisé la prise de décision politique et gaspillé les sacrifices du peuple palestinien. Les grandes réalisations du peuple au niveau national ont été détruites et cette classe là a établie, par le biais des désastreux accords d’Oslo, une autorité impuissante et illégitime, qui est l’autorité de « l’autonomie limitée » dans les zones et les villes de la Cisjordanie palestinienne occupée.
Le peuple palestinien, qui a ré-établi l’Organisation de libération de la Palestine et toutes ses institutions, a lancé une révolution historique populaire et armée dans les années 60, restaurant ainsi l’identité nationale palestinienne. Ce dernier, qui a aussi établi la Charte nationale palestinienne et a assumé ses responsabilités nationales palestiniennes et arabes, est le mieux à même de corriger la marche à suivre nationale, arabe et internationale. Il est le plus capable de renverser la situation face à toutes les forces ennemies qui ont participé au crime Madrid-Oslo. Il est le plus apte à rétablir l’équilibre des deux ailes du mouvement national palestinien, entre la patrie et la diaspora, soutenir la détermination des classes populaires, et orienter la cible de la lutte de libération palestinienne vers la Palestine, toute la Palestine, afin de protéger l’unité du peuple palestinien et ses droits nationaux inaliénables.
Le peuple palestinien réalise aujourd’hui, à la lumière de cette longue et amère expérience, que l’état de division et d’effondrement qui a frappé l’establishment palestinien officiel (l’OLP) était en fait le résultat des politiques palestiniennes, arabes et internationales officielles qui ont commencé avec l’appel à la conférence de Genève de 1973 et l’adoption par la direction de l’OLP de ce qu’on appelle « l’État palestinien » et du programme en dix points de 1974. La sortie du régime égyptien d’Anouar el-Sadate de l’arène de la lutte arabo-sioniste en 1977 (Camp David) et la participation ouverte et secrète à d’innombrables projets de liquidation ont à leur tour perpétué une approche exclusivement corrompue au sein de l’arène palestinienne qui a sapé les fondements de l’unité populaire du peuple palestinien, répandu la faiblesse et les conflits internes et établi une politique d’exclusivité et de domination, répandant la culture de soumission et le culte de l’individu leader. Cela a également vidé nos institutions nationales, nos syndicats et nos cadres populaires de leur contenu démocratique révolutionnaire.
Cette approche destructrice est la même que celle qui a largement ouvert la porte à la normalisation entre les régimes arabes et autres avec l’entité d’occupation sioniste, contribuant ainsi à répandre la culture de la défaite et a légitimé la coopération en matière de sécurité avec l’appareil ennemi sioniste, en ciblant la résistance de notre peuple et de ses avant-gardes nationales et révolutionnaires.
Nous attendons avec impatience, en ce moment historique sur le chemin de notre peuple, une nouvelle phase de lutte, et nos yeux se tournent vers les jeunes générations palestiniennes en particulier, pour qu’elles assument leur rôle de leadership, de participation et de mobilisation pour la conférence « Voie Palestinienne Alternative » qui se tiendra du 31 octobre au 2 novembre 2021 à Madrid, en dirigeant cet effort populaire palestinien et en le faisant progresser vers la réalisation de tous les objectifs nationaux du peuple palestinien. Nous espérons également que notre conférence sera l’occasion d’un dialogue démocratique responsable, où le rôle des individus et des institutions pourront être développé de la même manière.
Le rôle de la jeunesse palestinienne et arabe dans la définition de notre nouvelle voie, de ses étapes actuelles et futures est une question fondamentale, et non un simple luxe intellectuel ou un slogan théorique. Ce rôle est la condition nécessaire pour libérer la voix du peuple palestinien, exprimer sa volonté populaire unifiée et générer une direction nationale collective fiable et unifiée qui croit au dialogue et à l’action collective, émanant des masses et des fronts de lutte et de confrontation globale directe contre le mouvement sioniste et ses alliés dans la région et dans le monde.
Cela exige également la participation active des femmes palestiniennes de la diaspora, et le respect de leur rôle central dans la lutte de libération palestinienne et dans la direction du mouvement national palestinien. Cela est nécessaire pour avancer vers une participation et une égalité complète, dans la perspective de notre projet de libération nationale et sociale.
En conséquence,
Nous appelons les masses de notre peuple palestinien, et toutes les organisations et mouvements d’étudiants, de jeunes et de femmes, ainsi que les institutions civiles et populaires de toute la diaspora, à l’unité, la coopération et à la participation active. Ce appel à pour objectif de lancer un mouvement populaire le plus large possible, palestinien, arabe et international, qui rompt avec les carcans de la phase précédente et de l’approche Madrid-Oslo, pour établir une nouvelle étape de lutte, par une large participation populaire à la « Conférence de toute la Palestine, de tout le peuple palestinien, de tous les droits des Palestiniens. La Conférence alternative nationale, populaire et démocratique. »
Participons ensemble à faire de cette occasion historique, qui, nous l’espérons, sera une base populaire pour une initiative de renouvellement du mouvement national dans la diaspora, et une étape importante dans l’histoire de notre peuple, sur la voie de la réalisation de tous nos objectifs et de nos droits par la libération et le retour. Redonnons la priorité absolue aux principes et aux valeurs humanistes révolutionnaires de l’expérience palestinienne, et promouvons les valeurs du travail bénévole, du sacrifice, de la solidarité et de l’égalité.
A l’occasion de l’anniversaire de la fatidique déclaration Balfour le 2 novembre 2021, dernier jour de notre conférence, une marche populaire de masse aura lieu vers l’ambassade britannique sous le slogan: Votre projet colonial ne passera pas en Palestine… Nous n’oublierons pas et nous ne pardonnerons pas!
A l’occasion de l’anniversaire de la conférence de liquidation de Madrid, nous crierons d’une voix unifiée: Votre projet colonial sioniste raciste ne passera pas dans notre patrie, la Palestine!
Il n’y a pas d’alternative, en-dehors d’une Palestine libérée de la mer au Jourdain !
Les martyrs ne meurent jamais ! Gloire à eux !
Liberté pour les prisonniers !
La lutte de notre peuple palestinien se poursuit partout !
Continuons notre chemin vers la libération et le retour !
Ensemble, et seulement ensemble, nous gagnerons !
Le comité préparatoire
(Conférence pour une voie palestinienne alternative)
Madrid, Espagne, 1er novembre 2020
Source : Assawra
https://assawra.blogspot.com/…