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18 novembre 2024

Israël/Palestine : les tabous sautent


Publié par Gilles Munier sur 5 Février 2022, 09:15am

Catégories : #Palestine, #Sionisme

Le parking adjacent à la plage de Dor Beach, au sud du kibboutz de Nahsholim, construit sur les ruines de l’ancien village palestinien Tantura. Sous le parking ont été entassés les corps de centaines de Palestiniens tués en juin 1948 suite à la conquête du village par les forces paramilitaires juives. Photo tirée du documentaire « Tantura », du réalisateur Alon Schwarz (2022)

Par Anthony Samrani  (revue de presse : L’Orient-Le Jourcampagne par e-mail – 2/2/22)*

Il faut parfois des décennies pour retrouver la mémoire. Et un choc, en l’occurrence un documentaire, pour faire ressurgir une vérité que l’on voulait enfouir. Le 14 juin 1948, le village palestinien de Tantura est pris par la force par une brigade juive. Mais les soldats du jeune État hébreu ne se contentent pas de cette victoire militaire. Ils tuent les prisonniers, pillent les maisons, et jettent des centaines de cadavres dans une fosse commune. Il aura fallu attendre un documentaire, celui du réalisateur Alon Schwartz intitulé « Tantura » récemment diffusé en avant-première, pour lever le voile sur la vérité de ce massacre et contredire ainsi la version officielle israélienne (pour en savoir plus).

Tantura, l’ancien village Palestinien de pêcheurs, vidé de ses habitants puis rasé en juin 1948. Photo tirée du documentaire « Tantura », du réalisateur Alon Schwarz (2022)

Ces révélations s’inscrivent dans un cadre plus large, celui du dynamitage de plusieurs tabous et  de la démystification d’une partie du passé mais aussi du présent de l’État hébreu. Israël s’est construit sur un mythe : celui « d’une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Ce n’est que dans les années 1980 qu’une nouvelle génération d’historiens remet en question le récit officiel et révèle que des nettoyages forcés et même des massacres ont bien eu lieu lors de la guerre de 1948-1949. Cela pourrait ressembler à une simple querelle d’historiens. Mais l’enjeu est encore d’actualité, puisque les Palestiniens ne cessent, depuis lors, d’être dépossédés de leurs terres, de leur histoire, et même de leurs mémoires.

En plus de 70 ans, on pourrait penser que les choses ont changé. Qu’Israël regarde aujourd’hui la réalité en face. Malheureusement, rien n’est moins vrai. L’État hébreu continue de nier l’évidence. Celle d’une colonisation illégale de territoires qui ne lui appartiennent pas. Celle d’un système à deux vitesses où des individus ont des droits ou en sont au contraire privés en fonction du fait qu’ils soient ou non Palestiniens. Celle de l’illusion d’une démocratie qui suppose la négation de l’existence de tout un peuple.

Là aussi, les tabous sont en train de sauter. De plus en plus d’organisations, à l’instar d’Amnesty International le 1er février, dénoncent un système d’apartheid dont Israël doit rendre compte selon eux. Certes, ce n’est qu’un début. Mais un début impensable il y a encore quelques années de cela.

*Source : L’Orient-L e Jour (campagne par e-mail)

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