DECLARATIONS INTERNATIONALISTES CONTRE LA GUERRE CAPITALISTE
Voici deux déclarations sur les évènements guerriers qui se déroulent en Ukraine. La première vient du groupe « Guerre de classe » communiste libertaire et la seconde de Matériaux Critiques (néo Bordiguiste). Nous sommes tout a fait en accord avec ces déclarations.
G.Bad
Prolétaires en Russie et en Ukraine ! Sur le front de la production et sur le front militaire… Camarades !
A nouveau, les bruits de bottes résonnent bruyamment en Europe, les canons s’affutent, les bombardiers regorgent de dragées meurtrières, les missiles dardent leurs pointes nucléaires sur leurs futurs objectifs.
Ces mots que nous avons rédigés en 2014 sont plus que jamais d’actualité à propos du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Si le capitalisme est viscéralement fauteur de misère, de crises climatique et sanitaire, on avait presque « oublié » qu’il était et reste indubitablement fauteur de guerres !!! Aujourd’hui, l’offensive militaire est lancée : on signale des bombardements dans le Donbass, à Odessa, Kiev, Marioupol, Kharkov…
Prolétaires en uniforme russe. Depuis des années, vous êtes envoyés dans le monde entier pour protéger les intérêts de « la nation russe ». Cela a commencé par la « défense de l’intégrité territoriale de la Russie » contre les séparatistes du Caucase du Nord, cela s’est poursuivi par la « protection des Ossètes en Géorgie », pour aboutir à la « protection des frères et sœurs russes contre les hordes de Bandera en Ukraine » et du « gouvernement légitime de la Syrie, contre les terroristes islamistes ».
La même histoire a été racontée à des générations de prolétaires, aux «soldats» comme aux «civils», dans tous les conflits capitalistes précédents partout dans le monde, pour qu’ils aillent se faire saigner sur le front militaire ou dans les usines à l’arrière, sur le front de la production, sur le front intérieur… Ils se battaient pour « le Tsar » ou pour «le Socialisme» ou «la Nation» ou pour «la Démocratie» ou «le Lebensraum» ou «le Christianisme» ou «l’Islam». Et le même conte de fées est raconté aux prolétaires en uniforme des États-Unis, de Turquie, du Royaume-Uni, d’Israël, d’Ukraine, de la Syrie sous contrôle d’Assad, de Daech, du Rojava, de Géorgie, de Donetsk et Lougansk, d’Iran, des régions gérées par le Hezbollah, le Hamas… et de toute autre fallacieuse communauté nationale, régionale, religieuse ou autre.
Prolétaires en uniforme ukrainien. Votre propre bourgeoisie vous fait croire que vous avez une patrie à défendre contre «l’agresseur russe», que vous devriez faire corps avec vos propres exploiteurs et réclamer votre adhésion à l’Union européenne ou à l’OTAN. Mais comme tous les prolétaires partout dans le monde, vous n’avez que vos chaînes d’esclaves salariés à perdre.
Prolétaires sur le front intérieur. Encore une fois, on vous dit de vous sacrifier, d’être «plus productifs», d’être «plus flexibles», de «remettre à plus tard» la satisfaction de vos besoins immédiats (même jusqu’au point d’avoir faim plutôt que de manger «la nourriture produite par l’ennemi»), etc. Tout cela pour le plus grand bien de la Nation. On vous dit de soutenir sans discuter telle ou telle «Guerre Sainte», de ne plus penser aux grèves ni de perturber la production de matériel de guerre, d’envoyer de plein gré vos fils, frères, maris et pères devenir des martyrs pour le profit de vos maîtres bourgeois.
Le Capital et son État ont toujours trouvé le moyen de transformer les prolétaires en chair à canon et de les pousser à s’entretuer sous le drapeau de telle ou telle «patrie» avide de votre sang. Comme si nous, le prolétariat, la classe exploitée, avions un quelconque pays à défendre. Comme si les « intérêts nationaux » ne représentaient rien d’autre que les intérêts de la classe dirigeante. La guerre et la ruée pour la reconstruction qui s’ensuit ne sont rien d’autre qu’une forme concrète de concurrence entre les différentes factions capitalistes.
C’est l’expression de leur besoin d’élargir leur marché afin de compenser la baisse du taux de profit. En même temps, la guerre sert à diviser notre classe selon des critères nationaux, régionaux, religieux, politiques, etc. afin de réprimer la lutte des classes et de briser la solidarité internationale du prolétariat. En fin de compte, la guerre sert à se débarrasser physiquement de la force de travail excédentaire. En d’autres termes, elle sert à nous massacrer, nous éliminer…
Soldats « russes », vous êtes en poste en Syrie ou en Ukraine pour tuer et être tués par des gens qui tout comme vous et vos proches au pays sont obligés de vendre leur force de travail au Capital afin de survivre, des gens qui font partie de la même classe exploitée que vous, des gens qui sont vos frères et sœurs prolétaires de « l’autre camp ». Toutes ces aventures militaires, ces exercices et ces courses aux armements commencent à paralyser la capacité du Capital d’apaiser le prolétariat en lui jetant des miettes provenant du festin de la bourgeoisie.
Le capitalisme ne peut nous apporter qu’exploitation, misère, aliénation, guerre et destruction comme il l’a toujours fait. Le prolétariat mondial se trouve à la croisée des chemins : se soulever contre le capitalisme ou tomber dans le plus grand hachoir à viande humaine de l’histoire. Partout dans le monde, des conflits militaires plus ou moins ouverts et des affrontements entre différentes factions bourgeoises éclatent. Des alliances et des contre-alliances se forment et sont rompues, avec une centralisation de plus en plus évidente en quelques super-blocs. L’Ukraine est au centre de tout cela et la guerre menace de dégénérer en conflit mondial, qui risque de mettre fin à toute vie sur cette planète.
Tout comme en Iran, en Irak, au Chili, au Liban, en Colombie, et au Kazakhstan très récemment, la seule alternative du prolétariat en Russie et en Ukraine, c’est d’intensifier la confrontation avec l’État et d’attaquer directement ses institutions et d’exproprier les marchandises et les moyens de production. Ne nous contentons pas de protester dans les rues, mais étendons et généralisons les grèves et développons la lutte de classe sur le front de la production ! Transformons la lutte des proches des soldats, qui ont affiché à maintes reprises dans le passé de fortes positions antiguerre, en une lutte défaitiste révolutionnaire généralisée sans les limites d’une quelconque idéologie légaliste !
Le défaitisme révolutionnaire signifie l’organisation de toute action visant à saper le moral des troupes ainsi que d’empêcher l’envoi de prolétaires à la boucherie…
Le défaitisme révolutionnaire signifie l’organisation de la désertion la plus massive possible et la cessation des hostilités entre les prolétaires sous l’uniforme des deux côtés du front de guerre, ce qui signifie la transformation de la guerre entre prolétaires en une guerre entre les classes, c’est-à-dire la guerre de classe, la guerre dans les centres des superpuissances guerrières…
Le défaitisme révolutionnaire signifie l’encouragement à la fraternisation, à la mutinerie, au retournement des fusils contre les organisateurs de la guerre carnassière, c’est-à-dire « notre » bourgeoisie et ses laquais…
Le défaitisme révolutionnaire signifie l’action la plus décidée et la plus offensive en vue de transformer la guerre impérialiste en guerre révolutionnaire pour l’abolition de cette société de classe, de misère et de guerre, pour le communisme…
Vous, « soldats russes » et « soldats ukrainiens », prolétaires dans les armées des bourgeoisies russes et ukrainienne, vous n’avez pas d’autre alternative (si vous voulez vivre plutôt que de continuer à survivre, voire de crever sur les prochains champs d’horreur !) que de refuser de servir une fois de plus d’exécuteurs des basses œuvres du capital ! Comme beaucoup de vos prédécesseurs lors de la guerre en Tchétchénie, rompons les rangs et cessons les combats ! Tout comme les soldats de l’« Armée Rouge » en Afghanistan ou les soldats américains au Vietnam, vous pouvez buter vos propres officiers ! Tout comme les prolétaires avec ou sans uniforme pendant la Première Guerre mondiale, mutinons-nous et soulevons-nous ensemble et transformons la guerre capitaliste mondiale en guerre civile pour la révolution communiste!
Nous ne voulons bien sûr pas nous limiter à nous adresser uniquement aux prolétaires en uniforme russe ou ukrainien mais aussi à nos frères et sœurs de classe en lutte dans le monde entier et nous les invitons à poursuivre et à développer les exemples de défaitisme déjà existants comme les soldats en Iran qui ont exprimé leur refus d’être utilisés dans la répression contre nos mouvements de classe en 2018, les policiers et les miliciens en Irak qui ont fait la même chose quelques mois plus tard pendant les émeutes qui ont ravagé la moitié du pays, de Bassora à Bagdad, ainsi que les policiers et les militaires au Kazakhstan au début de cette année qui ont refusé de réprimer le soulèvement prolétarien obligeant ainsi le gendarme russe à intervenir pour restaurer l’ordre capitaliste…
Prolétaires avec et sans uniforme, organisons-nous ensemble contre le système capitaliste d’exploitation du travail humain qui est à l’origine de toute la misère, de toute l’oppression étatique et de toutes les guerres !
Prolétaires, n’oubliez jamais, au grand jamais, que ce sont nos frères et sœurs de classe de l’époque qui ont arrêté la Première Guerre mondiale en désertant massivement, en se mutinant collectivement et en faisant la révolution sociale !!!
A bas les exploiteurs ! De Moscou à Téhéran en passant par Pékin, Washington et Kiev, et le monde entier !
Contre le nationalisme, le sectarisme, le militarisme, nous opposons la solidarité prolétarienne internationale et internationaliste !
Transformons cette guerre en guerre de classe pour la révolution communiste mondiale !
Par Guerre de Classe – 24 février 2022
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Déclaration de Matériaux Critiques
La guerre capitaliste est toujours contre le prolétariat
Les catastrophes capitalistes se succèdent et s’accélèrent en révélant ainsi la course du capital global vers l’abîme. Les mots et les prétextes sont typiques des guerres capitalistes dans tous les camps, mystifier, mentir, tromper et surprendre l’ennemi.
Ainsi du côté russe ont réutilise l’idéologie « antifasciste » et la défense de « ses » populations pour justifier son intervention militaire et du coté ukrainien se sont les « bonheurs » de la « démocratie et de la liberté » pour travailler (et consommer) qui sont mis en avant. Mais dans les deux camps se sont les nationalismes qui se développent et les factions fascistes qui agissent symétriquement. La menace nucléaire est brandie et tous les «Docteurs Folamour» s’empressent de réarmer.
Les positions classiques de l’internationalisme prolétarien ne sont pas négociables, ni pondérables en fonction des concepts bourgeois «d’agresseurs et d’agressés» toujours avancés dans toutes les guerres capitalistes. Poutine peut comme il le fait, se justifier en présentant la Russie comme la victime de l’écroulement du bloc soviétique, de la disparition de l’empire tsariste et stalinien et des avancées de l’Otan. Mais il s’agit avant tout d’une reconfiguration générale des différentes alliances et blocs « impérialistes », inhérent à tous les capitaux nationaux. Les USA se doivent de reprendre de leur point de vue, leur position de leadership mondial face à l’alliance qui se dessine entre la Russie et la Chine en préparation de nouvelles guerres probables en Asie (Taiwan).
Dans le contexte de la crise sanitaire s’adjoint une crise économique et énergétique, où toutes les puissances et à fortiori celles le plus acculées se voient contraintes de se muscler militairement et de muscler leurs discours bellicistes « offensifs ou défensifs » mais toujours nationalistes. Les meurtriers sont dans les deux camps ; que l’on pense à la Turquie et à ses génocides qui se trouve aujourd’hui, opportunément dans le camp «démocrate» comme hier, en 1941-45, l’était la Russie stalinienne.
Ces enjeux « géostratégiques » sont inhérents aux contradictions et appétits concurrentiels du capitalisme et de chacun de ses États. L’apathie et l’anomie prolétarienne sont générales comme le désintérêt et/ou la peur égoïste dans la plupart des segments des classes sociales européennes. Cela, sans faire malheureusement aucune liaison entre ces réalités de dégradations salariales et la guerre qui, avec la pandémie sont pour le capital une possible porte de sortie, justifiant par là, les abyssales dettes Étatiques, les politiques d’austérité à venir (mais déjà entamées grâce à l’inflation) et le regain généralisé du «national-populisme». L’union nationale est ainsi raffermie dans un premier temps grâce à la guerre, mais ne dure pas éternellement.
Les réalités de la survie au quotidien, et des morts qui commencent à s’entasser, vont peut-être en Russie comme, plus difficilement, en Ukraine faire éclore des mouvements anti-guerres, préludes possibles à des grèves, des désertions, des fraternisations, et à une lutte contre le véritable ennemi dans chaque pays : sa propre bourgeoisie.
Ce sont ces positions caractéristiques du défaitisme révolutionnaire que les marxistes internationalistes du monde entier se doivent de rappeler, et de soutenir sans ambiguïtés ou « raison gardée » ; même si leurs concrétisations peuvent s’avérer bien peu probables. Le capitalisme d’Amérique ou d’Europe n’est pas moins criminogène que de celui de Russie ou de Chine ; leurs bombes atomiques ne sont pas plus ou moins «démocratiques». Dans tous les cas, les principales victimes directes (morts et blessés) ou indirectes (réfugiés, déplacées…) se sont des prolétaires. Ceux-ci subissent les conséquences des guerres, militaires mais aussi économiques et sociales, ce sont rarement les gouvernants ou les classes dominantes qui endurent les difficultés dues aux conflagrations, bien au contraire elles sont les premières à s’enrichir par ces conflits.
Le capitalisme s’est toujours la guerre contre le prolétariat. Matériaux Critiques : 1 mars 2022
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Nous sommes tous déserteurs de leur guerre fratricide
Robert Bibeau : https://les7duquebec.net/archives/270656