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15 novembre 2024

Tunisie: Nous ne sommes pas racistes… mais nous n’aimons pas les noirs.


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Le 7 mai 1947, j’avais cinq ans et trois mois. J’assistais au mariage de mon oncle Mohamed à Tunis. Une fillette, qui distribuait des gâteaux, s’avança vers moi pour m’en offrir une part. Je m’en suis détourné, dégoûté par ce qui me paraissait être de la saleté. Maman s’en étonna et m’expliqua que c’était sa couleur de peau. Rassuré, je pris mon morceau de gâteau et, tout en le dégustant, je me rendis compte que cette jeune fille noire était belle.

Au début des années 70, j’étais directeur d’une entreprise au sud de la Tunisie. L’employé de bureau était un vieil homme un peu plus foncé de peau que ses collègues, et tout le monde l’appelait Amm Flen sauf moi qui l’appelait Si Flen( Monsieur . Un jour, l’un des plus anciens employés demanda à me parler en privé. Lors de notre entretien, embarrassé, il me fit comprendre qu’on devait appeler le noir par son prénom et non par monsieur et, les anciens parmi eux, pouvaient être appelés « Am » oncle tel.

Je compris ce jour-là que ces gens ne différaient en rien du garçon que j’étais 25 ans auparavant, héritiers d’une longue histoire de racisme.

Au mois de novembre 1992, ma fille Bochra de dix ans, réfugiée en France avec sa famille depuis peu, entra à l’école à Savigny-sur-Orge, une ville au sud de Paris. Lorsque la maîtresse demanda à la classe de lui souhaiter la bienvenue, une élève refusa et la traita de « sale arabe », comme le lui avait appris sa mère, sous l’œil incrédule de Bochra

Vers les milieux de l’an 2000, un chef islamiste tunisien qui venait de sortir de prison, demanda à un ami en France de trouver une épouse pour son fils qui avait fui la Tunisie. On lui trouva la perle rare  en la personne d’une jeune fille franco-tunisienne, islamiste et fille d’un chef islamiste,  mais le père la refusa parce qu’elle était foncée de peau comme son père.

En 1989, j’étais recruté expert à l’ONU et détaché comme consultant auprès du Premier ministre et Ministre de la planification du Burundi. Lors d’une visite chez un ministre, mon accompagnateur me dit en rigolant qu’il s’agissait d’un « ministre carbone ». Quelle fut ma surprise quand je compris qu’il ne s’agissait pas du nom du ministre mais de sa couleur de peau « noire brillante ».

Je compris ce jour-là que le racisme pouvait se trouver dans des nuances de noir. Sinon, les massacres au Rwanda, au Burundi et au Congo n’auraient pas eu lieu.

Enfin pour lever toute ambiguïté sur nos propos, nous condamnons la vague de xénophobie et de racisme antinoir qui traverse la Tunisie actuellement, l’esprit malsain qui la nourrit et nous exprimons notre solidarité avec nos frères et sœurs subsaharien e

Ahmed Manai

J’avais vite compris que les Tunisiens étaient racistes envers les noirs, Cela m’avait beaucoup dérangée. surtout que mon père m’avait appris à aimer r et à respecter les gens de couleur

Ginette Hess Skandrani

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