Ce qui saute aux yeux quand vous arpentez les rues de Damas est l’incroyable fierté et la résilience du peuple syrien. Il peut en effet être fier… Après avoir subi sur son sol la guerre par proxy des États-Unis et de leurs alliés de circonstance, Daesh et d’Al-Qaïda, pendant plus de 10 années, le peuple syrien relève la tête.
Par Patricia Lalonde*
Sa réintégration dans la Ligue Arabe, malgré la frilosité du Qatar, marque le début d’une nouvelle ère pour la Syrie ; difficilement acceptable pour les Occidentaux. La Russie et l’Iran, venus apporter leur aide et combattre les djihadistes en Syrie et la guerre en Ukraine, ont depuis contribué à précipiter les évènements et à redistribuer les cartes. Certains pays européens ont pris conscience de ce tournant majeur au Moyen-Orient : l’Italie a ré-ouvert son ambassade à Damas, des discussions sont en cours avec l’Allemagne, l’Espagne et il faut espérer que la France accepte de se confronter à cette réalité.
Le peuple syrien reste en effet soudé derrière son président qui a su faire face au déferlement de djihadistes venus de tous les horizons pour détruire son pays, commettre les pires exactions, avec la complicité des Occidentaux, appliqués à mettre en œuvre le plan américain de « Regime change ».
Le Moyen Orient prend désormais son destin en main, l’accord historique entre l’Iran chiite et l’Arabie Saoudite sunnite sous l’égide de la Chine a en effet été un véritable choc pour les Occidentaux… Depuis, les évènement se bousculent ; une délégation chinoise était à Damas ces derniers jours ; des négociations secrètes ont, en toute urgence, été ouvertes à Oman entre Syriens et Américains, preuve du grand désarroi de ces derniers. Le départ des troupes étrangères et en premier lieu celui des troupes américaines est au menu de ces discussions. L’Iran, la Russie et la Ligue Arabe imposent désormais leur agenda dans la région.
L’Arabie Saoudite a mis fin à sa funeste guerre au Yémen, donnant ainsi un peu d’espoir au peuple yéménite confronté à la pire crise humanitaire depuis longtemps. Quant aux Américains, ils poussent l’Arabie Saoudite à se rapprocher d’Israël, grand perdant potentiel de ce nouveau rapprochement entre sunnites et chiites
Au Liban, le Hezbollah, incontournable désormais, négocie le soutien de l’Arabie Saoudite à Sleiman Franjié, candidat aux prochaines élections et favorable à la réconciliation avec la Syrie de Bachar el Assad, amorçant ainsi une possible résolution de la crise des nombreux réfugiés dans le pays. Les États de la région ne veulent plus d’interférence occidentale et veulent la paix.
La France doit suivre cet inéluctable mouvement au Moyen Orient, plaider pour l’arrêt des sanctions et reprendre langue avec Damas. Les amis de la France sont nombreux en Syrie ; ils sont tristes, ils ne comprennent pas le silence de la France et encore moins les imprécations de Madame Colonna.
*Billet du Lundi de Patricia Lalonde, membre du Conseil d’administration de Géopragma.