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15 novembre 2024

Téhéran et l’option de l’arme nucléaire


Par Abdel Bari Atwan (revue de presse : Chronique de Palestine – 18 mai 2024)*

Téhéran serait-il sur le point de revenir sur son interdiction de fabriquer des armes ?

On a beaucoup spéculé récemment sur le fait que le dirigeant iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, pourrait révoquer sa décision religieuse (fatwa) interdisant la fabrication d’armes nucléaires. Il a même été suggéré qu’il pourrait déjà l’avoir fait sans l’avoir encore annoncé.

Un certain nombre d’événements et de déclarations récents rendent ces suggestions plus plausibles :

L’attaque par drone d’Israël, le 20 avril, d’une base aérienne à Ispahan, près de l’installation nucléaire de Natanz, en réponse à l’attaque par drone et missile de l’Iran contre deux bases aériennes israéliennes en représailles au bombardement de l’ambassade iranienne à Damas.
Le sénateur américain Lindsey Graham a publiquement approuvé l’idée qu’Israël utilise des armes nucléaires pour mettre fin à la guerre qu’il mène actuellement contre la bande de Gaza. Il sait évidemment que les retombées radioactives d’une telle attaque seraient dévastatrices pour Israël lui-même. Ce à quoi il faisait réellement allusion, c’est à l’utilisation de l’arme nucléaire dans le lointain Iran.
Les déclarations de deux responsables iraniens soulignant que la fatwa interdisant la fabrication et l’utilisation d’armes nucléaires n’est pas « sacrée » et peut être révisée. Javad Karimi-Ghodousi, député conservateur et membre du Conseil de sécurité nationale, a déclaré mercredi que « si la fatwa de Sayyed Khamenei est modifiée, le premier essai nucléaire aura lieu dans les semaines à venir ». Kamal Kharazi, diplomate réformateur chevronné et membre du Conseil stratégique des relations extérieures de l’Iran, a déclaré lors d’une conférence que si l’Iran était soumis à une menace nucléaire de la part d’Israël, il « changerait immédiatement sa doctrine nucléaire ».
L’affirmation de Rafael Grossi, chef de l’AIEA, selon laquelle l’Iran possède déjà suffisamment d’uranium hautement enrichi pour produire plusieurs bombes nucléaires.
Le développement par l’Iran de missiles hypersoniques Fatah-2 qui peuvent porter des têtes nucléaires à une distance de 2 000 km. Ces missiles ne sont pas destinés à faire bonne figure, mais à dissuader Israël, la seule puissance nucléaire de la région, qui utilise son monopole nucléaire pour menacer tous ses pays et tous ses peuples.
L’Iran est tout à fait en droit de modifier sa doctrine nucléaire si Israël, assiégé sur de nombreux fronts par l’Axe de la Résistance, recourt à l’option nucléaire pour tenter de maintenir son existence et sa suprématie militaire.

La volée de missiles et de drones iraniens du mois dernier contre Israël, même si elle a utilisé des projectiles relativement anciens et inefficaces, a changé les règles du jeu. Elle était destinée à tester les systèmes de défense antimissile d’Israël et des États-Unis – y compris ceux déployés en Jordanie – qui se sont révélés très insuffisants.

Lorsque le sénateur Graham a « suggéré » de bombarder Gaza, il ne parlait pas en son nom propre, mais au nom de l’État profond américain et de son alliance avec l’OTAN. Il reflétait l’abattement de l’État face à l’échec et à la défaite de son client Israël sur de multiples fronts.

Et lorsque les deux responsables iraniens ont parlé de lever l’interdiction de l’armement nucléaire, ils reflétaient la préparation sérieuse de leur pays à faire face à toutes les éventualités et à riposter à toute attaque israélienne, qu’elle soit conventionnelle ou nucléaire.

Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan

*Source et Traduction : Chronique de Palestine

Version originale : 17 mai 2024 – Raï al-Yaoum

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