Le Petit Journal de Chris
27 septembre 2014
![]() | |
![]() | |
![]() | |
![]() | |
![]() |
Le Petit Journal de Chris |
info 25 / 09
![]()
Palestinian news in English : http://www.palestinechronicle. Citation de Samah Jabr :« Nous, Palestiniens, sommes pareils à des coquelicots rouges avec leur vie brève et fragile. Nous reconnaissons que la vie d’une personne libre est beaucoup plus courte que celle d’un esclave. » et je rajoute : mais beaucoup plus belle ! une autre citation de je ne sais plus qui mais que j’ai un tout petit peu modifiée (il y avait le mot « arabe » après le 2° « monde » ), donc, je ne mets pas les guillemets : Le monde pense que Gaza est occupée par Israël. La vérité, c’est que le monde est occupé par Israël… à l’exception de Gaza ! —————————— —————————— |
« Victoire pour Khalida Jarrar » |
« La détermination et la résistance, la campagne menée par des milliers de gens en Palestine et dans le monde aux côtés de Khalida Jarrar, membre du Conseil Législatif Palestinien ont remporté aujourd’hui une victoire et annulé l’arrêté d’expulsion à Jéricho pris à son encontre par les autorités israéliennes d’occupation. » Lire le communiqué de « Samidoun » publié en français sur le site de l’Agence. |
—————————— —————————— —————————— —–
a Palestine et les acteurs régionaux: qui a perdu la boussole ?
Depuis la récente agression sioniste contre la bande de Gaza, les questions et les commentaires relatifs à la position des différents acteurs régionaux se précipitent : qui a soutenu la résistance palestinienne et qui a soutenu l’agresseur colonial ? Pourquoi les peuples arabes et leurs directions politiques, nationalistes ou islamistes, n’ont pas envahi les rues de leurs capitales pour modifier la position de leurs gouvernements qui, pour le moins qu’on puisse dire, n’ont pas apporté l’aide nécessaire à la résistance ?
Par Fadwa Nassar
« La Palestine, c’est ici ! ». Dessin de Ahmed Hamama
Il va sans dire, par ailleurs, que la résistance héroïque du peuple palestinien à Gaza aurait pu remporter une victoire plus fracassante si les différents acteurs régionaux, peuples et gouvernements, n’avaient pas failli à leur devoir. C’est le sens des différentes déclarations des dirigeants de la résistance palestinienne qui ont tenu à souligner que, dans le contexte régional et mondial actuel, la résistance a cependant remporté la victoire sur l’ennemi au cours de cette agression qui a duré 51 jours.
Dès le début de l’agression, les sionistes avaient déclaré que des Etats régionaux les appuyaient, comme ce fut le cas en 2006, lors de l’agressionsioniste contre la résistance du Hezbollah au Liban, et même plus. Ces Etats ont espéré, une fois encore, que l’esprit même de la résistance soit éradiqué du champ politique arabe, et notamment palestinien, et que la bande de Gaza soit finalement soumise au diktat sioniste et américain, avec la bénédiction européenne et internationale. Mais, pour ces Etats, la résistance palestinienne ne représente qu’une partie de l’ennemi à abattre, l’autre partie étant l’Iran et le Hezbollah, deux acteurs refusant toujours de reconnaître la légalité de la présence coloniale sioniste en Palestin
Les révoltes arabes, suivies par la montée au pouvoir des Frères Musulmans dans plus d’un pays, ont profondément modifié la situation, malgré leur échec : coup d’Etat « populaire » en Egypte, retrait du gouvernement en Tunisie, guerre civile et internationale en Libye et au Yémen. Soutenus par le Qatar et la Turquie, les nouveaux pouvoirs, quand ils furent plus ou moins stabilisés, ont plié sous les pressions américaines et européennes et craint d’affronter l’entité sioniste : l’Egypte de Morsi a maintenu les accords de Camp David et tous les accords néfastes à la souveraineté du pays, comme les accords conclus sous Moubarak relatifs aux « Zones Industrielles » communes avec l’entité sioniste, pendant que les Frères Musulmans de Tunisie tergiversaient quant à la criminalisation de la normalisation avec l’occupant, pourtant incluse dans leur programme et réclamée par de larges couches de la population tunisienne. Faut-il expliquer ces attitudes par le rapport de forces sur la scène internationale (thèse développée par le penseur arabe Mounir Shafiq qui considère qu’unerévolution ne peut réussir que lorsqu’elle parvient à profiter d’un déséquilibre dans le rapport de forces international), ou par la nature du pouvoir et de l’idéologie des groupes issus des révoltes arabes ? Quoiqu’il en soit, malgré l’adhésion des Frères Musulmans à l’idée de la libération de la Palestine, leur pratique fut très en-deçà de ce qui était attendu de pouvoirs se réclamant des peuples. Le rôle joué par la Turquie, qui a des relations développées avec l’entité sioniste et l’OTAN (malgré quelques changements survenus depuis quelques années) et par le Qatar (qui a normalisé ses relations avec l’occupant sous diverses formes et qui abrite une base militaire américaine), qui soutiennent et ont soutenu le pouvoir des Frères Musulmans, ne contribue certainement pas à faire le saut nécessaire pour se rallier au camp de la résistance.
Car ouvrir à Hamas les portes des Etats-Unis et des pays européens en contrepartie de l’abandon de son objectif stratégique n’est pas soutenir la résistance, ou bien agiter une proposition d’accord pour un cessez-le-feu sous la garantie américaine et européenne (d’ailleurs immédiatement rejeté par Mohammad Dayf, dirigeant des Brigades d’al-Qassam) pour contrer toute garantie de l’Egypte de Sissi, signifie tout simplement creuser les alignements déjà présents entre deux axes : l’Arabie Saoudite, les Emirats et l’Egypte, d’une part et le Qatar et la Turquie d’autre part, pour ne citer que les principaux acteurs. Si l’un des axes a été franchement hostile à la résistance, l’autre axe a soutenu une partie de la résistance dans le but de la faire plier vers un règlement « juste » parrainé par les Etats-Unis et l’Union européenne. Ces alignements ont certainement nui à la résistance palestinienne dans son ensemble et sont loin de lui assurer une couverture arabo-islamique nécessaire pour toute victoire aussi bien politique que militaire.
Il est certainement vrai que le pouvoir égyptien actuel n’est pas l’allié de la résistance, mais il reste un acteur clé nécessaire à la Palestine, sur les plans stratégique et géographique, tout comme l’est le pouvoir jordanien, qui affiche d’ailleurs une hostilité encore plus grande à toute idée de résistance : des formations palestiniennes y sont interdites même de passage, comme c’est le cas pour tout membre du Mouvement du Jihad islamique (parmi les dirigeants des formations palestiniennes, seul Abu ‘Imad Rifaï a été interdit, par deux fois, de se rendre en Jordanie pour assister à une réunion dans le cadre de la reconstruction de l’OLP).
La Palestine est-elle la boussole des formations politiques arabo-musulmanes ? Il peut être injuste de poser la question, mais les pratiques des uns et des autres soulèvent de nombreuses questions. Si les partis nationalistes arabes n’ont jamais nié leur adhésion à la volonté de libérer laPalestine, toute entière, « du fleuve à la mer », seuls certains d’entre eux ont poursuivi dans la pratique leur militantisme en sa faveur.
Mais pour certains mouvements et partis islamistes, l’intérêt pour laPalestine ne s’est manifesté qu’avec la naissance du Hamas ou même la victoire du Hamas aux élections législatives de l’Autorité palestinienne en 2006, y compris au sein de certaines formations des Frères Musulmans, considérant que le Hamas est leur branche en Palestine. Selon cette vision, le conflit avec l’entité sioniste serait comparable, plus ou moins, avec tout conflit existant contre un régime arabe, quel qu’il soit. La Palestine occupée et arrachée à la nation ne serait pas la boussole de leur lutte, puisque l’entité coloniale est jugée de la même manière que les régimes répressifs et non comme une entité coloniale de peuplement qu’il faudrait extirper de la région, ce qui d’ailleurs fait croire à certains que les récentes agressions sionistessont uniquement dirigées contre le Hamas, et que le conflit entre ce dernier et l’Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas serait de même nature.
D’où l’importance de la position de la république islamique d’Iran, depuis que son fondateur et regretté père spirituel, l’Imam Khomeyni, a déclaré laPalestine et al-Quds la boussole des peuples musulmans, ce qui signifie que les conflits entre les musulmans peuvent être réglés par des accords et des ententes, mais non pas celui qui existe entre les peuples musulmans et l’entité sioniste. Cette attitude est non seulement « religieuse » dans le sens étroit du terme (lutte contre « al-istikbar »), mais civilisationnelle, historique, géographique et géostratégique. L’entité sioniste est le « mal absolu » et les Etats-Unis, « le grand Satan ». Au-delà des slogans qui font rire certains, l’imam Khomeyni a tracé la position de la nation contre l’ennemi sioniste et son protecteur, l’impérialisme américain. Ni les Etats-Unis, ni l’Europe, ni l’ONU ne peuvent aider à « régler le conflit », au contraire. Concernant laPalestine, l’Iran ne négocie pas et refuse de le faire dans le cadre des négociations sur le nucléaire, ce qui a fait dire à certains que l’Iran ne se préoccupe pas de la Palestine, souhaitant le voir participer au règlement du conflit en tant que puissance régionale(!).
Parce que la libération de la Palestine est le devoir de tous les peuples arabo-musulmans, et que leur unité est nécessaire pour ce but, ils doivent rejeter toutes les tentatives impérialo-sionistes de leur désigner comme ennemis des acteurs régionaux connus pour leur antisionisme profond et radical et qui ont fait leur preuve en combattant les sionistes, en remportant des victoires contre eux et en soutenant la résistance palestinienne jusqu’à présent, dans les actes et non dans les discours, et qui refusent de normaliser toute relation avec l’ennemi. Comme ils doivent par contre se tourner contre toutes les tentatives de normalisation des relations avec l’occupant sioniste, dans les domaines les plus divers, normalisation qui menace déjà le tissu social et politique de nombreuses sociétés, par le biais des relations entretenues avec des structures européennes ou américaines.
La mobilisation populaire arabo-musulmane pour la libération de la Palestineexige de nombreux sacrifices comme elle réclame un approfondissement de la réflexion et de l’étude, pour essayer de comprendre justement comment lesionisme et ses alliés impérialistes, Etats-Unis, Union européenne et autres, tentent non seulement de nous diviser et de créer des entités territoriales servant leurs intérêts, mais nous empêchent de concevoir la Palestinefaisant partie de notre nation arabo-musulmane, toute la Palestine, du fleuve Al-Urdun à la Méditerranée, et qu’il est de notre devoir de la libérer.
—————————— —————————— —————————— —–
Gaza – 24 septembre 2014
Le deuxième niveau de l’occupation
Par Nicola Nasser
http://www.ism-france.org/
Nicola Nasser est un journaliste arabe éminent basé à Birzeit, en Cisjordanie, dans les territoires palestiniens occupés par Israël (nassernicola@ymail.com).
Le 12 octobre, le Caire doit accueillir une conférence, organisée et présidée par l’Egypte et la Norvège, des bailleurs de fonds internationaux et arabes pour la reconstruction de Gaza. Tel est leur but déclaré. Mais les raisons que les donateurs ont invoquées pour ne pas tenir leurs promesses précédentes, faites à Paris en 2007 et à Charm el-Cheikh en 2009, existent toujours. Cela signifie que les donateurs qui vont participé à la prochaine conférence au Caire prendront probablement les mêmes engagements que ceux qu’ils ont pris lors des deux conférences précédentes et qu’ensuite, à nouveau, ils ne les tiendront pas.
Pendant ce temps, le peuple palestinien sous blocus à Gaza restera en souffrance, attendant la prochaine agression que l’occupation israélienne déchaînera sur eux, pour soi-disant éliminer les causes que les donateurs invoquent pour recycler leurs engagements pour la reconstruction de Gaza, dont il est peu probable qu’elle ait lieu dans un futur proche.
Le respect des anciens/nouveaux engagements des donateurs est toujours subordonné, d’un point de vue politique, à l’imposition du statu quo enCisjordanie et à Gaza. Cela implique la coordination sécuritaire avec la puissance occupante, la poursuite et l’élimination de toutes les formes de résistance à l’occupation, autant dire que toutes les activités de reconstruction sont soumises à l’approbation du régime sécuritaire israélien, et bien plus encore.
Même si ces conditions étaient remplies, les bailleurs de fonds ne tiendraient leurs promesses que si l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) restait partie prenante des négociations comme unique stratégie, et des accords qui ont conduit à la création de l’Autorité palestinienne (AP).
Tout indique que l’OLP et l’AP sont les fers de lance de la bataille pour imposer les conditions des donateurs pour leur propre compte. Sous la rubrique de la « légitimité, du « projet national » et de « l’autorité centrale unique » qui « détient seule le pouvoir de prendre les décisions de guerre ou de paix », l’OLP et l’AP ont démontré qu’elles sont prêtes à se soumettre aux conditions politiques des donateurs.
L’ironie est qu’Israël n’a jamais respecté les conditions qu’il a contraint les donateurs d’imposer, pas seulement pour procéder à la reconstruction deGaza mais aussi sur l’AP en général. Israël n’a jamais renoncé à la violence. Il ne cesse de faire la guerre et déchaîne ses instruments de terrorisme d’Etat contre les Palestiniens sous occupation. Il a de manière flagrante et à maintes reprises violé tous les accords signés avec l’OLP. Il n’a même pas rendu la pareille lorsque l’OLP l’a reconnu, pas plus qu’il n’a officiellement reconnu le droit des Palestiniens à établir leur Etat.
Actuellement, les autorités d’occupation menacent de dissoudre le gouvernement de réconciliation nationale s’il n’affirme pas sa pleine autorité sur Gaza. Mohammed Mustafa, vice premier ministre de l’AP, a transmis le message, à savoir qu’il n’y aurait pas de reconstruction tant que ce gouvernement n’assoirait pas pleinement son contrôle sur Gaza.
Cependant, tout indique également que la résistance restera à Gaza et que ses capacités de résistance aux conditions que les donateurs veulent imposer – sur elle et sur Gaza – augmentent.
La seule lecture possible de tout ce qui précède (et d’autres faits) est que, dans de telles conditions et circonstances, la reconstruction de Gaza sera différée jusqu’à nouvel ordre, et que le report de la reconstruction et le fait de la lier à un processus de clonage de Gaza sur le modèle de la Cisjordanieest en fait une stratégie qui ouvre la voie à une nouvelle invasion de Gaza.
Le fait est que les besoins de reconstruction à Gaza s’accumulent en raison de cette stratégie. La destruction de Gaza n’a pas commencé avec la réponse aux actions contre cette stratégie en 2007. La reconstruction de l’aéroport et du port de mer de Gaza, par exemple, est en suspens depuis que l’occupation a détruit ces installations en 2002. Le retard de reconstruction de tout ce qu’Israël a détruit en 2008-2009 et 2012 continue aussi de s’accumuler.
Un rapport récent du Conseil économique palestinien pour le développement et la reconstruction (Palestinian Economic Council for Development and Reconstruction – PECDAR) estime que la reconstruction de ce qui a été détruit pendant la dernière attaque israélienne sur Gaza coûtera environ 8 milliards de dollars. Le rapport précise que ce processus prendrait cinq ans si l’autorité d’occupation levait « totalement » l’embargo sur Gaza, ce qui n’est pas près de se produire.
De toute évidence, la reconstruction de Gaza nécessite une nouvelle stratégie palestinienne, qui fixe la limite entre les subventions des donateurs et leurs conditions politiques, et qui refuse une fois pour toutes tout engagement palestinien à ces conditions dégradantes qui, comme l’ont prouvé les années écoulées depuis qu’a commencé le soi-disant « processus de paix », ont apporté plus de destruction que de construction, ont servi de principal incubateur des divisions palestiniennes et n’ont même pas apporté le moindre avantage à la nation.
En même temps, tout nouveau gouvernement qui émergera d’un partenariat national doit adopter la résistance contre l’occupation. Le gouvernement de réconciliation nationale actuel, avec son mandat de six mois et ses principales tâches de préparation des élections présidentielles et législatives est, par définition, un gouvernement intérimaire et n’est pas qualifié pour assumer de lourdes charges à long terme comme la reconstruction de Gazaet l’obtention de la fin du blocus.
Ces deux tâches sont des objectifs humanitaires et nationaux supérieurs à n’importe quel différend politique ou partisan. Pourtant, la détermination de la présidence palestinienne à se rallier aux conditions des bailleurs de fonds, qui ne font aucune distinction entre les besoins humanitaires et les fins politiques, est une stratégie qui ne fait pas de distinction entre les besoins nationaux et les intérêts partisans. C’est une stratégie qui prolonge la catastrophe humanitaire à Gaza.
Malheureusement, la nécessité de séparer la politique – partisane ou autre – de la question humanitaire ne semble pas être à l’ordre du jour des donateurs étrangers et arabes, ni à celui du président palestinien Mahmoud Abbas, en dépit d’un courrier qu’il a envoyé au Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon le 30 juillet, dans laquelle il déclarait que Gaza était une « zone de catastrophe » en proie à une « crise humanitaire dangereuse. »
Cette « crise humanitaire dangereuse » est le produit des formes de châtiment collectif qui ont été infligées à la population de Gaza avant la scission palestinienne et qui s’est aggravée par la suite.
Tout consentement palestinien à continuer d’adhérer aux conditions politiques des donateurs, qui sont responsables de la perpétuation de la punition collective, est une forme de complicité palestinienne dans cette punition subie par les habitants de Gaza. Il est temps que tous les leaders palestiniens s’exonèrent de toutes les accusations de complicité dans cette punition.
Les châtiments collectifs qui ont visé et continuent de viser Gaza ne sont pas acceptables, même au prétexte de punir le Hamas. Selon les conventions de Genève et devant le droit pénal international, ils constituent un crime de guerre infligé à la population civile de Gaza, que le droit international humanitaire protège, du moins en théorie.
Insister pour que la reconstruction de Gaza soit liée au rétablissement de la « pleine » autorité de la présidence palestinienne et de l’AP sur Gaza, et aux conditions politiques des bailleurs qui, de fait, sont les conditions de la puissance occupante, est simplement une autre façon de dire que la reconstruction de Gaza va être liée à l’application du programme partisan du Fatah sur Gaza.
Cela signifie également que les civils de Gaza vont être collectivement punis pour les différends partisans que le Fatah a avec le Hamas, auquel cas il devient très difficile d’éviter de pointer la complicité palestinienne dans la punition collective de la population de Gaza, et plus difficile encore de défendre toute contribution à la perpétration de ce crime de guerre.
Tant que la situation actuelle persiste, la reconstruction de Gaza restera indéfiniment en suspens, et le fardeau de la reconstruction ne fera que croître. Finalement, la population de Gaza n’aura pas d’autre choix que de chercher le salut par d’autres moyens qu’elle peut seule contrôler. La présidence et son parti doivent décider de se libérer une fois pour toutes de leur dépendance financière et politique vis-à-vis des donateurs et du « processus de paix » stérile qui n’a jusqu’ici apporté que la mort, la destruction et la division.
Il n’est pas trop tard pour opter pour une alternative nationale, pour sauver la population de Gaza, l’unité nationale, la résistance et l’autonomie de prise de décisions.
Cette alternative consiste à poursuivre la mise en œuvre du processus de réconciliation nationale, activer le cadre de commandement unifié de l’OLP, convenir d’une nouvelle stratégie palestinienne basée sur les principes de partenariat et de résistance, et créer un nouveau gouvernement d’unité nationale engagé dans cette stratégie et qualifié pour assumer ces tâches énormes que sont la reconstruction de Gaza et la levée du blocus.
Tout ce qui précède ne requiert qu’une introspection honnête, la priorité de la conscience nationale et le libre arbitre politique.
Cliquez ici pour visiter le site, avec vue panoramique sur la destruction et la dévastation infligée par le tyran de la région.
Source : Al Ahram
Traduction : MR pour ISM
—————————— —————————— —————————— —–
Comment et pourquoi les États-Unis ont créé l’État islamique…
Capitaine Martin
La progression spectaculaire et jusque-là incoercible de l’État islamique a de nouveau placé l’Irak sous le feu des projecteurs. Si les médias sont prolixes pour décrire les atrocités du prétendu califat, ils le sont beaucoup moins lorsqu’il s’agit de dire quelle est son origine et qui sont exactement ceux qui s’en réclament.
L’État islamique ne surgit pourtant pas de nulle part. Il est le fruit de la politique impérialiste étasunienne au Moyen-Orient dont les racines remontent au chaos irakien post-Saddam Hussein et au récent conflit syrien. Pour bien comprendre son rôle exact, il convient d’analyser brièvement la politique américaine dans le monde arabe dans les trente dernières années. L’islamisme a été au cours de cette période l’allié objectif de l’Oncle Sam au Moyen-Orient. Il est aujourd’hui le prétexte qui permet aux États-Unis d’intervenir dans les pays arabes, soit pour défendre les « bons musulmans » dans leur quête de liberté, soit pour combattre les « mauvais » qui menacent la sécurité de la planète.
Lire la suite : http://humeursdemarisse.
—————————— —————————— —————————— —–
Comment Israël « forme » des journalistes étrangers
Vinciane Jacquet, Orient XXI, vendredi 19 septembre 2014
Du 30 août au 4 septembre s’est déroulée à Tel-Aviv une formation tous frais payés par le gouvernement israélien pour « apprendre à parler d’un conflit de manière neutre et professionnelle ». Au programme, des conférences sur le terrorisme et les sujets militaires et politiques, un « tour stratégique » de Jérusalem et des zones de conflit, et des rencontres et échanges avec des leaders politiques, des universitaires et des journalistes israéliens. Trente journalistes du monde entier, triés sur le volet, y ont participé.
« Les conflits sont partout. Notre vrai défi est d’en parler » : c’est sous ce slogan attrayant qu’une formation de cinq jours tous frais payés à Tel-Aviv, le Media In Conflicts Seminar (MICS), est proposée à de jeunes journalistes du monde entier pour les inviter à adopter une vision plus « objective » des agissements d’Israël. Une action de la hasbara [1] très discrètement financée par le gouvernement de Benyamin Nétanyahou.
Les sauveurs de la Palestine
« Je préfère que la Palestine devienne terre d’Israël, plutôt que de la voir tomber aux mains du Hamas », les organisateurs du séminaire « médias en conflit » préviennent que l’interview est « off ». Ce Palestinien ne donnera pas son nom. Il craint pour sa vie. Il explique que si « certaines personnes » venaient à apprendre ce qu’il pense, il serait menacé de mort. Il travaille dans le bâtiment, « avec des Arabes et des juifs, et tout va bien », assure-t-il. Selon lui, cette situation et les morts qui s’accumulent depuis des années sont la faute du Hamas qui utilise les gens de Gaza comme boucliers humains. La résonance avec le discours entretenu par l’armée israélienne laisse perplexe.
Parmi les seize intervenants du MICS, trois sont des Palestiniens, et les trois soutiennent la politique d’Israël. Là est toute l’étendue de l’« impartialité » proposée par la formation. Le message est asséné tous les jours : Israël nous sauvera tous. Barak Raz est un ancien porte-parole de l’armée israélienne et un ancien chef d’opérations militaires. Il est présenté dans le séminaire comme « un fier sioniste qui aime à l’occasion partager ses pensées et ses impressions sur la situation en Israël et dans le monde ». Il assure que « Mahmoud Abbas et le Fatah savent très bien que seul Israël peut maintenir l’ordre et la sécurité en Cisjordanie. C’est pour cette raison qu’ils nous laissent intervenir ». La perspective israélienne est défensive et protectrice, et leur armée est une « force de défense » [2]. Miri Eisin, colonel à la retraite et aujourd’hui professeure de géopolitique, explique qu’Israël a besoin de diffuser ce message car les médias étrangers, en choisissant de ne montrer qu’une face du conflit, désignent les Israéliens comme les envahisseurs. « Si vous choisissez, sur une photographie, de montrer des soldats et des chars, vous choisissez de montrer l’occupation. Vous émettez donc l’hypothèse qu’il y a de la violence à cause de cette occupation. En revanche, si vous choisissez de montrer les bombes du Hamas, vous montrez la violence et supposez que l’occupation est nécessaire pour combattre cette violence. Malheureusement, les médias occidentaux ont décidé de montrer seulement l’occupation ».
Pourtant Israël est là pour Gaza. Sharon Banyan, ancien officier de l’armée qui a démissionné en octobre 2013 a toujours d’étroites relations avec le corps militaire et aime mettre en avant les efforts qui sont faits pour soutenir les Palestiniens. « Nous leur avons laissé la plus belle partie de la côte », dit-elle. « Nous leur avons permis de construire des hôtels de luxe en bord de plage, et vous pourrez les voir si vous y allez ». Elle insiste ensuite sur la façon dont le Hamas détruit tous ces efforts et transforme la vie des habitants en cauchemar : « La centrale d’Ashkelon fournit à Gaza toute l’électricité dont elle a besoin. Et pourtant les combattants du Hamas en ont fait une cible légitime et ont essayé d’y envoyer des missiles plusieurs fois ». Schlomi Fogel est un homme d’affaires influent qui affirme qu’Israël assure également son soutien à l’ensemble des pays arabes grâce à des relations commerciales qui représentent plus de cinq milliards de dollars. « En tant que journalistes, vous devez faire attention à ce qui se passe sous la table », conseille-t-il.
Cet enfant qui doit mourir
Les journalistes occidentaux en prennent pour leur grade. Paul Hirschson, porte-parole du ministère israélien des affaires étrangères, assène que « ce qui s’est passé à Gaza n’était pas du journalisme. Des questions élémentaires n’ont pas été posées, ils [les journalistes] savaient qu’ils ne faisaient pas leur travail correctement ». Hirschson fait notamment référence aux enfants de Gaza. « Personne, parmi l’IDF, ne veut tuer des innocents », déclare Arie Sharuz Shalicar, porte-parole auprès de l’Union européenne. « Mais nous y sommes forcés. Quel autre choix avons-nous lorsque nous les voyons courir vers nous avec une ceinture d’explosifs à la taille ? », continue-t-il. Photographies à l’appui, les conférenciers mettent en cause le Hamas et l’utilisation indigne de leurs propres familles comme boucliers humains. Les missiles se trouvent sur la terrasse d’un bâtiment avoisinant une école, un hôpital, un centre des Nations-Unies…
Boaz Ganor, fondateur et directeur de l’Institut international pour le contre-terrorisme, ajoute qu’« il ne connait pas une seule armée au monde qui ait dû faire face à une situation de cette complexité ». Bien triste, mais légitime et inévitable selon tous les porte-paroles de l’armée. Le but de chaque opération militaire israélienne n’est pas d’assassiner les têtes blondes de leurs voisins, mais de protéger les leurs. Banyan, lors de la visite des participants au séminaire à Sderot, insiste : « Lorsque la sirène retentit, vous n’avez qu’une poignée de secondes pour choisir quel enfant vous voulez sauver. Si vous avez trois enfants, jouant à trois endroits différents, vous n’aurez pas le temps d’aller tous les chercher ; c’est une situation insupportable à vivre. » Discours rôdé répété mot pour mot par plusieurs intervenants et saupoudré du témoignage poignant de parents ayant perdu leur fils ou leur fille. Nulle mention des abris anti-missiles construits dans chaque maison de Sderot. Nulle présence des parents palestiniens ayant perdu un ou plusieurs enfants. La compassion et l’empathie deviennent des armes au service de la légitimation de l’action militaire.
La « formation » devient digne des plus grandes campagnes politiques. Les organisateurs se disent étudiants ou anciens étudiants intéressés par les relations internationales. Mais qui paie les cinq jours tous frais payés (à l’exception du billet d’avion pour se rendre à Tel-Aviv), avec bus privé affrété tous les jours et séjour dans un hôtel à 150 dollars par jour ? Sans compter que devant le micro, ce sont pour la plupart des militaires haut-gradés, des porte-paroles ou d’anciens porte-paroles de l’armée qui se relaient.
Ce séminaire dit « professionnel » a en fait débuté en 2009, à l’initiative d’anciens membres de StandWithUs Israel, un groupe anti-palestinien basé aux Etats-Unis et généreusement soutenu par Israël à coups de plusieurs millions de dollars. Le projet est approuvé et reçoit la collaboration financière du ministère de la diplomatie (aujourd’hui englobé dans les services du premier ministre). En2012, un rapport du Molad notait, se référant au MICS, que « le ministère de la diplomatie organise un séminaire annuel […] pour des membres des médias et des journalistes européens en vue de développer des liens plus intimes et personnels qui encouragent une attitude plus positive à l’égard de la politique intérieure et étrangère d’Israël ». Dans un article de 2010, « Conflict Reporting2010 : Lessons from Israel », Howard Hudson, ancien éditeur au Centre européen de journalisme, mentionnait que les diplômes reçus à la fin de la formation portaient le sceau du ministère de la diplomatie. La « cérémonie » de remise des diplômes a toujours lieu, autour d’un buffet-traiteur accompagné de verres de vin rouge et blanc. Mais le sceau du ministère a disparu. Tout comme les communiqués de presse officiels qui approuvaient le programme du MICS. Restent l’ambiance estudiantine et le sentiment formidable d’appartenance à une même communauté, cultivés avec enthousiasme et loyauté par les étudiants d’Herz
…
[Message tronqué] Afficher l’intégralité du message