BAMA, Nigéria – Alors que le Nigéria a tendance à remettre en selle Boko Haram, ses membres ne cessent leurs exactions. Une barbarie sans nom. On a appris que des dizaines de femmes mariées de force à des combattants islamistes ont été massacrées par leurs «époux» avant la reprise par les forces gouvernementales de la ville de Bama, dans le nord-est du Nigeria.
Selon cinq témoins, les islamistes fuyant l’avancée de l’armée qui a annoncé lundi avoir reconquis Bama craignaient d’être tués ou séparés de leurs femmes. Ils les ont tuées pour éviter qu’elles ne se remarient à des non musulmans. «Les terroristes ont dit ne pas vouloir permettre que leurs femmes épousent des infidèles», a déclaré Sharifatu Bakura, 39 ans. Selon cette mère de trois enfants, dont le témoignage a été corroboré par d’autres, les combattants islamistes avaient été prévenus de l’assaut contre Bama, un de leurs fiefs dans l’État de Borno. Les insurgés ont alors décidé de fuir en direction de Gwoza, une localité proche, sans attendre l’arrivée des soldats. Mais avant de fuir, ils ont «tué leurs femmes pour que personne ne puisse se remarier avec elles», a ajouté Mme Bakura. Elle-même a perdu son mari, tué par les islamistes il y a quatre mois, mais elle n’a pas été obligée d’«épouser» un combattant car elle était enceinte.
Boko Haram a forcé des dizaines de femmes de Bama à se «marier» avec des combattants après avoir conquis la ville en septembre 2014. Les témoins, placés sous la protection de militaires cette semaine dans la capitale de l’État de Borno, Maiduguri, ont précisé que le massacre des femmes avait commencé une dizaine de jours avant la reprise de Bama. Les islamistes ont expliqué que «s’ils tuaient leurs femmes, elles resteraient pures jusqu’à ce qu’ils se retrouvent au ciel, où ils seraient réunis», a ajouté un autre témoin, Salma Mahmud.
Un membre d’un groupe d’autodéfense qui a participé à la reprise de Bama, Abba Kassim, a déclaré y avoir vu «des dizaines de cadavres de femmes». D’autres témoins ont cité des chiffres similaires mais il n’était pas possible de vérifier ce bilan dans l’immédiat.
Posted on mar 20, 2015 @ 0:00
Allain Jules