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22 novembre 2024

LE COMBAT DES REVOLUTIONNAIRES FRANÇAIS POUR L’ABOLITION DE L’ESCLAVAGE


# LUCMICHEL. NET/ LE COMBAT DES REVOLUTIONNAIRES FRANÇAIS POUR L’ABOLITION DE L’ESCLAVAGE

 

KH pour Lucmichel.net/

Avec PCN-SPO/ 2015 05 11/

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« Robespierre, dans cette séance, a développé l’âme des Français, combien il était grand, au milieu de ces préjugistes et de ces vendeurs d’hommes qui ont parlé avant et après lui ! »

– L’abbé Claude Fauchet en mai 1791.

 

« Robespierre symbolisa tout au contraire la défense du droit naturel dans toute son étendue, aussi bien à la Constituante en 1791 qu’à la Convention : en avril 1793 il inséra la dénonciation de l’esclavage dans son projet populaire d’économie politique »

– Jean-Daniel Piquet (Robespierre et la liberté des noirs en l’an II).

 

« … vous nous alléguez sans cesse les droits de l’homme et vous y avez cru si peu vous-mêmes que vous avez décrété constitutionnellement l’esclavage. L’intérêt suprême de la nation et des Colonies est que vous demeuriez libres, et que vous ne renversiez pas de vos propres mains les bases de la liberté. Périssent les Colonies, s’il doit vous en coûter votre bonheur, votre gloire, votre liberté ! Je le répète : périssent les Colonies, si les colons veulent, par les menaces, nous forcer à décréter ce qui convient le plus à leurs intérêts ! »

– Robespierre (13 mai 1791).

 

Pour comprendre pourquoi Luc MICHEL ce dimanche sur AFRIQUE MEDIA, à l’occasion de la JOURNEE DES ABOLITIONS DE L’ESCLAVAGE, saluait « le grand, l’immense Robespierre » …

 

# DISCOURS DU GRAND ROBESPIERRE CONTRE L’ESCLAVAGE (13 MAI 1791)

 

Membre de la société des « Amis des Noirs » (une section du Parti jacobin), Robespierre était déjà intervenu dès 1790 contre l’esclavage (*), et dès 1789 pour l’égalité des Juifs (**). Le 13 mai 1791, Robespierre à la Convention se dresse contre l’esclavage. « La voix de Robespierre sauve l’honneur de la Révolution française dans cette affaire » :

 

« Dès le moment où dans un de vos décrets, vous aurez prononcé le mot esclaves, vous aurez prononcé et votre propre déshonneur et le renversement de votre Constitution.

Je me plains au nom de l’Assemblée elle-même, de ce que, non content d’obtenir d’elle tout ce qu’on désire, on veut encore la forcer à l’accorder d’une manière déshonorante pour elle et qui démente tous ses principes.

Si je pouvais soupçonner que, parmi les adversaires des hommes de couleurs, il se trouvât, quelque ennemi secret de la liberté et de la Constitution, je croirais que l’on a cherché à se ménager un moyen d’attaquer toujours avec succès vos décrets pour affaiblir vos principes, afin qu’on puisse vous dire un jour, quand il s’agira de l’intérêt direct de la métropole : vous nous alléguez sans cesse la Déclaration des droits de l’homme, les principes de la liberté, et vous y avez si peu cru vous – mêmes que vous avez décrété constitutionnellement l’esclavage. L’intérêt suprême de la nation et des colonies est que vous demeuriez libres et que vous ne renversiez pas de vos propres mains les bases de la liberté. Périssent les colonies, s’il doit vous en coûter votre bonheur, votre gloire, votre liberté. Je le répète : périssent les colonies et les colons veulent, par des menaces, nous forcer à décréter ce qui convient le plus à leurs intérêts. Je déclare au nom de l’Assemblée, au nom de ceux des membres de cette Assemblée qui ne veulent pas renverser la Constitution, au nom de la nation entière qui veut être libre, que nous ne sacrifierons aux députés des colonies, ni la nation, ni la colonies, ni l’humanité entière. […] On vous parle de l’initiative : est-ce donc un sénat aristocratique de colons que nous avons à consulter ? est-ce un cabinet ministériel ami de l’esclavage ? non c’est l’intérêt suprême de la nation, celui des représentants d’un peuple dont la toute puissance n’est que l’opinion et les principes.

[…] Dès le moment où dans un de vos décrets, vous aurez prononcé le mot esclaves, vous aurez prononcé et votre propre déshonneur et le renversement de votre Constitution. Je me plains au nom de l’Assemblée elle-même, de ce que, non content d’obtenir d’elle tout ce qu’on désire, on veut encore la forcer à l’accorder d’une manière déshonorante pour elle et qui démente tous ses principes. Si je pouvais soupçonner que, parmi les adversaires des hommes de couleurs, il se trouvât, quelque ennemi secret de la liberté et de la Constitution, je croirais que l’on a cherché à se ménager un moyen d’attaquer toujours avec succès vos décrets pour affaiblir vos principes, afin qu’on puisse vous dire un jour, quand il s’agira de l’intérêt direct de la métropole : vous nous alléguez sans cesse la Déclaration des droits de l’homme, les principes de la liberté, et vous y avez si peu cru vous-mêmes que vous avez décrété constitutionnellement l’esclavage. L’intérêt suprême de la nation et des colonies est que vous demeuriez libres et que vous ne renversiez pas de vos propres mains les bases de la liberté.

Périssent les colonies, s’il doit vous en coûter votre bonheur, votre gloire, votre liberté. Je le répète : périssent les colonies et les colons s’ils veulent, par des menaces, nous forcer à décréter ce qui convient le plus à leurs intérêts.

Je déclare au nom de l’Assemblée, au nom de ceux des membres de cette Assemblée qui ne veulent pas renverser la Constitution, au nom de la nation entière qui veut être libre, que nous ne sacrifierons aux députés des colonies, ni la nation, ni les colonies, ni l’humanité entière … »

 

1789- 1848 : DE ROBESPIERRE A SCHOELCHER , LE JUSTE COMBAT CONTRE L’ESCLAVAGE ET POUR LA CITOYENNETE DES NOIRS

 

Un an plus tard, l’aile révolutionnaire du Parti Jacobin – l’ancêtre des partis révolutionnaires modernes, de Blanqui et Mazzini à Lenine et à notre PCN -, alliée au mouvement prolétarien sectionnaire parisien (Première Commune de Paris), prenait le pouvoir avec Robespierre. Et abolissait l’esclavage le 4 février 1794 !

 

Lorsque le 4 février 1794, la Convention abolit l’esclavage, c’est une première dans l’histoire mondiale. Les idées abolitionnistes issues du SIECLE DES LUMIERES sont largement reprises par les révolutionnaires. Et dès 1789, par l’intermédiaire de la « Société des amis des Noirs », trois revendications sont portées à l’Assemblée : l’égalité des blancs et des hommes de couleur libres , l’interdiction de la traite négrière et l’abolition progressive de l’esclavage colonial. Les débats de l’Assemblée constituante traversent les divisions politiques et bientôt deux camps s’affrontent celui des propriétaires coloniaux et les partisans de l’universalisme des droits. Ce qui fait dire à Robespierre au cours du débat« Périssent les colonies s’il doit vous en coûter votre honneur ».

L’Assemblée constituante vote finalement l’égalité par décret le 15 mai 1791, puis l’abolition de l’esclavage (en France continentale) le 28 septembre 1791. « Mais l’universalisme des idées portées par la révolution ne saurait s’arrêter aux frontières de la France métropolitaine. Car la question de l’esclavage en France concerne principalement les colonies et notamment St Domingue ».

C’est ce principe que consacre l’abolition de 1794. Lors de la séance du vote d’abolition, un député jacobin – Levasseur de la Sarthe – s’insurge contre l’esclavage: « Vous venez d’entendre un de nos collègues dire qu’il y a encore des esclaves dans nos colonies. Il est temps de nous élever à la hauteur des principes de la liberté et de l’égalité. On aurait beau dire que nous ne reconnaissons pas d’esclaves en France, n’est-il pas vrai que les hommes de couleur sont esclaves dans nos colonies ? Proclamons la liberté des hommes de couleur. »

 

Après Thermidor (coup d’état de la bourgeoisie jacobine), puis Napoléon c’est la régression. Napoléon Bonaparte s’empresse de restituer dans leurs droits tous ces vils négriers.

Avril 1848 Heureusement, par un décret daté du 27 avril 1848, Victor Schoelcher, député de la Martinique et de la Guadeloupe, sous-secrétaire d’Etat à la Marine, met un terme définitif à cette pratique qu’avait tant combattu Maximilien Robespierre. Désormais, selon l’article 7 du décret d’abolition immédiate de l’esclavage : « nulle terre française ne peut plus porter d’esclaves », en précisant « le sol de France affranchit l’esclave qui le touche ».

 

PCN-SPO / KH

 

(*) Mars 1790 la Révolution a une dizaine de mois d’existence. Dans son élan, elle a brisé l’absolutisme royal, elle a créé une Nation, divisée en départements et l’a pourvu de sa désormais célèbre cocarde tricolore. Elle a déjà aboli les privilèges, rédigé la « Déclaration des Droits de l Homme et du Citoyen », nationalisé les biens du Clergé et même, émis une nouvelle monnaie. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il demeure cependant un point noir. Tellement « noir » qu’il concerne la pratique de l’esclavage des Noirs dans les colonies. En ce 8 mars 1790, l’Assemblée Constituante vient en effet d’adopter un décret qui maintient l’esclavage. Sans débat, l’Assemblée vient donc de suivre les recommandations des colons blancs, des Noirs affranchis et des mulâtres, tous favorables à l’esclavage. Et puis, les pétitions des villes maritimes, qui profitent de la traite, ont elles aussi pesé dans cette sinistre décision. Toutefois, sur son banc, un député s’insurge : « Les Droits de l’Homme sont encore bafoués ! » Ce député intrépide et pugnace s’appelle Maximilien Robespierre.

 

(**) Intervention à l’Assemblée constituante sur le droit de vote des Juifs (23 décembre 1789) : « On vous a dit sur les Juifs des choses infiniment exagérées et souvent contraires à l’histoire. Comment peut-on leur opposer les persécutions dont ils ont été les victimes chez différents peuples ? Ce sont au contraire des crimes nationaux que nous devons expier, en leur rendant les droits imprescriptibles de l’homme dont aucune puissance humaine ne pouvait les dépouiller. On leur impute encore des vices, des préjugés, l’esprit de secte et d’intérêt les exagèrent. Mais à qui pouvons-nous les imputer si ce n’est à nos propres injustices ? Après les avoir exclus de tous les honneurs, même des droits à l’estime publique, nous ne leur avons laissé que les objets de spéculation lucrative. Rendons-les au bonheur, à la patrie, à la vertu, en leur rendant la dignité d’hommes et de citoyens ; songeons qu’il ne peut jamais être politique, quoiqu’on puisse dire, de condamner à l’avilissement et à l’oppression, une multitude d’hommes qui vivent au milieu de nous. »

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