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22 novembre 2024

« Pour libérer la Palestine, décolonisons nos esprits »,


« Pour libérer la Palestine, décolonisons nos esprits »,

par Haidar Eid,, professeur et enseignant à Ghza

L’incapacité – ou la réticence – de l’Autorité Palestinienne basée à Ramallah et de l’administration dirigée par le Hamas à Gaza de fournir un exemple relativement acceptable de gouvernement, donnant la parole aux gens dans les décisions qui les concernent, signifie qu’une introspection sérieuse est nécessaire parmi les dirigeants palestiniens.

L’alternative à la fracture entre le Fatah et le Hamas n’est pas, comme les deux partis le prétendent, de nouvelles élections pour la présidence de l’AP et le Conseil Législatif Palestinien, dans le cadre des désastreux accords d’Oslo.

Au contraire, il nous faut une forme de démocratie à grande échelle, grâce à laquelle tous les réfugiés palestiniens (vivant en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza sous occupation, dans la Palestine de 48 – l’actuel Israël – et dans la Diaspora) décideront de façon collective des objectifs plus généraux.

On doit clairement dire à Israël que la simple demande des Palestiniens est pour une démocratie vraie et multi-partis dans l’ensemble de la Palestine historique, s’appuyant sur la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Les propositions faites par les principaux partis palestiniens jusqu’ici n’ont malheureusement pas été très convaincante pour ceux vivant en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza – un tiers du peuple de Palestine.

Solution raciste

La crise dans Yarmouk, le camp de réfugiés palestinien en Syrie, a exposé combien l’OLP et d’autres organisations qui prétendent parler au nom des Palestiniens, étaient inefficaces, incompétentes et impuissantes et – avant tout – incapables de proposer une vision politique unificatrice autour de laquelle le peuple de Palestine dans sa totalité pourrait rassembler.

Une telle vision serait incompatible avec Oslo et sa logique de la ainsi-nommée « solution de deux états. » Cette logique a amené un état juif sur 78% de la Palestine historique, des colonies exclusivement juives sur plus de 60% de la Cisjordanie et un camp de concentration dans la Bande de Gaza.

Cette solution raciste – camouflée sous les termes de minimum d’accord sur lequel « les deux parties » pourraient convenir, indépendamment des droits de plus de six millions de réfugiés vivant dans la Diaspora et de 1,7 million de Palestiniens vivant en tant que citoyens de troisième classe en Israël – a représenté un défi sérieux au soi-disant programme national palestinien.

Cette solution a créé un bantoustan en Palestine – sur un modèle d’apartheid que les dirigeants des infâmes « patries indépendantes » sud-africaines avec leurs maîtres blancs habitant Pretoria, auraient trouvé « raisonnable et juste » puisqu’il garantirait les identités ethniques et nationales des parties concernées.

Ce qui a été totalement négligé est la nature même d’Israël comme entité coloniale et colonisatrice qui, comme dans le cas de l’apartheid en Afrique du Sud, a colonisé la terre et effacé les droits fondamentaux de la population autochtone. Mais en plus de ses politiques institutionnalisées d’apartheid, Israël a continué à commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité à Gaza, avec la complicité des hypocrites gouvernements occidentaux et des Nations Unies.

Est-ce que Palestiniens ont été abandonnés ?

Les Palestiniens ont-ils perdu l’espoir ? Leur direction les a-t-elle abandonnés depuis 1993, avec la signature des Accords d’Oslo ? Les réfugiés de Yarmouk pensent-ils toujours que l’OLP est leur « représentant unique et légitime ? »

Les Palestiniens à Gaza, après trois attaques israéliennes massives en l’espace de six ans et le siège moyenâgeux actuel, devaient-ils capituler devant Israël et baiser les mains de la soi-disant communauté internationale et de ses organismes d’aide qui n’ont pas reconstruit une seule maison sur les milliers qui ont été détruites par Israël il y a sept mois ?

Est-ce que Palestiniens sont censés continuer à être en pourparlers avec le gouvernement fasciste en Israël, dirigé par Benjamin Netanyahu, sachant très bien que le prochain massacre israélien sera encore bien pire que le précédent ?

Il est temps que la lutte palestinienne de libération nationale adopte la tactique qui a si bien réussi contre les idéologies racistes et coloniales en Amérique du Sud et en Afrique du Sud. Sans intervention sérieuse des nations qui respecte la liberté, de la société civile, des personnes de conscience, et sans la mobilisation de masse à l’intérieur même de l’Afrique du Sud, Nelson Mandela serait mort en prison et l’Afrique du Sud serait probablement toujours un état d’apartheid.

Rendre Israël impuissant

Par Conséquent, la seule voie possible en Palestine, pour en finir avec les atrocités sionistes contre les civils désarmés, se trouve dans le mouvement grandissant pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions (BDS).

Bien qu’ayant une des armées les plus puissantes au monde, tout en étant le premier destinataire de l’aide militaire des États-Unis, Israël se retrouvera impuissant contre la volonté populaire qui aura décidé de boycotter ses produits et ses institutions et organisations racistes.

Aucun gouvernement ne peut forcer ses citoyens à acheter les marchandises israéliennes ou ses artistes à se produire à Tel Aviv. Le mouvement BDS dirigé par les Palestiniens et lancé en 2005, a continué à se développer et s’est de façon imparable accéléré autour du monde.

Les Palestiniens de peuple se sont rendus compte qu’un esprit colonisé ne peut pas et ne libérera pas la Palestine. La décolonisation de l’esprit palestinien doit précéder la décolonisation de la terre.

Et c’est justement pour cette raison que les Accords d’Oslo ont trompé les Palestiniens. Ils ont emprisonné les dirigeants du Fatah et du Hamas derrière la façade de « la fausse indépendance, » « du dialogue, » et de « la coexistence », qui reposent sur la subordination des Palestiniens au maître blanc ashkenazi.

Il est temps aujourd’hui pour le Fatah et le Hamas de se remettre en phase avec le peuple de Palestine qui rejette Oslo et reste immuable dans sa détermination à reconquérir sa terre perdue. Ceux qui souhaitent diriger les Palestiniens doivent représenter et incarner cette détermination..

Ce n’est pas une vision de faiblesse ou de soumission à la table des négociations, mais plutôt l’expression de la volonté d’un peuple qui ne se démobilisera pas jusqu’à récupérer ce qui légitimement lui revient.

C’est cela, la vraie démocratie. »

Haidar Eid est écrivain et professeur de littérature postcoloniale à l’université Al-Aqsa à Gaza, après avoir enseigné dans plusieurs universités à l’étranger. Vétéran dans le mouvement des droits nationaux palestiniens, c’est un commentateur politique indépendant, auteur de nombreux articles sur la situation en Palestine .

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