Quand, sous Sarkozy, Aéroport de Paris travaillait avec Kadhafi
12 mai 2015
MONDAFRIQUE
Quand, sous Sarkozy, Aéroport de Paris travaillait avec Kadhafi
Un rapport de Tripoli dénonce les surfacturations des travaux de rénovation des aéroports de Tripoli et Benghazi. « Aéroport de Paris » (ADP), chargée des audits, fait pour l’instant profil bas
Dans le chaos libyen actuel, on trouve des journalistes courageux qui continuent de travailler là, comme Michel Cousins, Sami Zaptia et George Grant. Ce dernier, ancien du « Times » de Londres, menacé de mort par les djihadistes, a été contraint de se montrer prudent et travaille le plus souvent depuis la Tunisie. Dans sa livraison du 2 mai, le « Libya Herald » relate les conclusions de la Commission nationale d’audit. C’est-à-dire de terribles révélations sur la corruption au en Libye. Les experts qui ont analysé les comptes, et la réalité des travaux réalisés en différents points du pays, ont choisi de donner en exemple les gigantesques surfacturations dont a fait l’objet la « modernisation » des aéroports de Benghazi, Tripoli et Sebha. Ici cet audit a des échos jusqu’en France puisque c’est la société Aéroport de Paris International (ADPI) qui était chargée des études des remises à niveau qui se voulaient de haute volée.
Pour fixer les idées, le plus simple est de reprendre le communiqué publié par ADPI en 2007, peu après la signature du contrat avec l’Aviation civile libyenne, Nicolas Sarkozy étant à l’Elysée :
Plan de l’aéroport international de Tripoli
« LE CONTEXTE : Le gouvernement libyen a entrepris des études pour moderniser et développer les aéroports de Benghazi (nord-est du pays), Sebha (sud) et Tripoli, études motivées par le développement de l’économie libyenne et de l’accroissement du trafic aérien de passagers. Dans le cadre de son contrat avec la Direction Générale de l’Aviation Civile Libyenne, ADPI a été chargé de réaliser l’intégralité des études de plan de masse pour les trois aéroports (…) ».
LE PROJET : L’étude de plan de masse comporte quatre phases, notamment l’analyse des installations existantes et des orientations stratégiques du développement de l’aéroport, la définition des besoins en termes d’installations pour les scénarios de développement retenus, et enfin une vue d’ensemble de toutes les modifications qui devront être apportées, en cohérence avec le scénario de développement retenu par l’Aviation Civile libyenne. (…)
Le plan de masse a été présenté aux plus hautes autorités libyennes en décembre 2007. Cette présentation a posé les bases permettant à l’Aviation Civile libyenne de diriger le projet de développement. »
Des projets sans « vision »
Voilà donc la merveille industrielle et commerciale, la totale rénovation de trois aéroports n’étant pas un marché banal.
Mais, le 2 mai dernier, dans leur rapport, sur l’ensemble des investissements réalisés sous Kadhafi, que nous disent les experts de la Commission d’audit, propos rapportés par « Libya Herald » :
« Les projets que nous avons étudiés pour l’ensemble du pays sont d’une grande faiblesse. Ils sont pauvres, sans recherche ni vision sans souci des valeurs collectives ou d’un possible développement. »
Citant en exemple les trois aéroports -pour lesquels ADPI a été chargé des études- la Commission ne donne pas en millions ou milliards le montant des capitaux disparus. Elle se contente d’indiquer les différents taux des surfacturations. Ainsi le trop payé a été de 128% pour l’aéroport de Benghazi, de 57% pour celui de Tripoli et 27% dans le cas de Sebha.
Aujourd’hui, pour en savoir un peu plus sur la destination réelle des milliards de la corruption, les experts libyens et étrangers, ceux qui ont conduit cet audit, aimeraient questionner les différents intervenants de ces contrats en or. Dans le lot des sociétés qu’il serait utile d’entendre, on trouve bien sûr la