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22 novembre 2024

Appel pour un boycott académique d’Israël.



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Hier dans Le Soir:
Appel pour un boycott académique d’Israël.
Plus que jamais les élections israéliennes récentes l’ont mis en évidence: il ne faut pas s’attendre à des changements politiques de part l’intérieur d’Israël qui puissent mener à la fin de sa politique de colonisation. Plus que jamais l’occupation de la Cisjordanie et de Jérusalem d’Est ainsi que le blocus du Gaza continueront de battre leur plein. Le Mouvement de Paix ne réussit pas, hélas, à enrayer le climat régnant de racisme public et d’extrémisme politique et religieux.

Les Palestiniens, comptant plus de 4 millions de personnes, sont plus que jamais soumis à une crise économique, morale, psychique et sociale. Emprisonnés et fragmentés par le Mur, ils sont livrés, jour et nuit, à l’arbitraire et la violence de l’occupant. Gaza, d’autre part, éprouvait, il y a neuf mois, une nouvelle guerre cruelle. Plus de deux milles personnes ont été tuées, dont 501 d’enfants, et quelques milles de blessés, s’accompagnant d’une dévastation énorme d’infrastructures. Aussi, le seul espoir que les Palestiniens peuvent entretenir en vue de la restauration de leur liberté et leur dignité humaine, dépend de la pression de l’extérieur à l’encontre de l’État d’Israël. De là que les associations civiles palestiniennes, s’inspirant du mouvement de boycott, jadis, à l’encontre du régime d’Apartheid sud-africain, appellent la communauté mondiale à s’engager dans un vaste et persévérant mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) aussi longtemps que l’État d’Israël refuse de respecter le droit international et les droits humains, ne mettant pas fin à l’ occupation coloniale.

L’appel urgent au boycott ne vise pas seulement l’économie israélienne en général. Il trouve aussi son origine dans les milieux culturels et intellectuels palestiniens, en particulier. Il a comme son animateur le « PACBI », c’est-à-dire la campagne pour le « Boycott académique et culturel contre Israël ». Il est vrai, quelques centaines de professeurs et chercheurs israéliens, malgré l’intimidation et le danger réel de perdre leur emploi, ont condamné publiquement l’occupation. Toutefois, en ce qui concerne les institutions académiques comme telles, ou bien elles observent un silence complice, ou, dans la plupart des cas, elles collaborent de manière étroite avec l’armée, les services de sécurité et/ou l’industrie de l’armement ; maintes d’elles ont soutenu activement la guerre contre le Gaza. En effet, la nature militariste des institutions éducatives et scientifiques israéliennes, constitue un composant intégral du projet colonial et raciste d’Israël, rendant impossible tout changement interne. Ou comme il l’est resumé par l’anthropologue réputé Talal Asad: « Non seulement les universités israéliennes ont manifesté leur approbation des violences des FDI dans Gaza, mais elles ont renforcé leurs liens concrets avec celles-ci. La société israélienne semble être devenue de plus en plus militariste et méprisante à l’égard des Palestiniens sous son contrôle. Ce sont les institutions d’enseignement, culturelles et d’informations qui encouragent le racisme à l’encontre des Palestiniens… ». (AURDIP, le 13 avril 2015, « Pourquoi est-ce que je soutiens le mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions ? »).

D’autre part, les universités palestiniennes, leurs professeurs et leurs étudiants, sont victimes d’une politique discriminatoire et répressive. Il y a une longue histoire de confiscations des archives palestiniennes et de destructions de bâtiments universitaires, de bibliothèques et de centres de recherche; aussi de boycott systématique du droit à l’éducation et à la liberté de recherche ainsi que de la libre échange et des contacts avec l’extérieur. Ici de même il y a eu des protestations de la part d’académiques israéliens : en 2008 quelques quatre cents (sur un total de 9000) ont signé une pétition réclamant le respect pour la liberté académique de leurs confrères palestiniens. Ils y expriment aussi leur « grande inquiétude quant à la détérioration persistante du système d’éducation supérieure dans le West Bank et le Gaza ».

Nous, les soussigné(e)s, académiques et chercheurs belges, nous nous sentons adressé(e)s directement par l’appel à la solidarité de la part des milieux universitaires et intellectuels palestiniens. Aussi, nous avons décidé d’établir une branche belge du PACBI : le « BACBI », c’est-a-dire la « Campagne Belge pour le Boycott Académique et Culturel contre Israël ». Aujourd’hui nous sommes 130, réparti(e)s sur différentes universités belges, francophones et néerlandophones. Nous appelons nos autres collègues à se joindre à nous. Notre appel, il faut le souligner, vise les instituts et pas les académiques et chercheurs individuels. Dans l’avenir prochain nous élargirons et renforcerons notre action, entre autres par un élargissement à un boycott culturel, comme il est demandé par des artistes palestiniens.

Une dernière remarque: le Moyen-Orient, aujourd’hui, est devenu la proie de catastrophes et tragédies humaines indicibles. Alors n’est-il pas légitime, dans ces circonstances, d’ignorer ou de minimaliser les violations israéliennes du droit international et des droits humains ? Nous ne le croyons pas. Le conflit ‘israélo-palestinien’, depuis plus de 60 ans, se trouve à une des sources de la radicalisation anti-occidentale dans les milieux arabes et musulmans, au Moyen-Orient aussi bien qu’en Europe et dans le reste du monde. Sa solution – qui est encore possible aujourd’hui par la voie non-violente – dissipera au moins une des confrontations de longue durée entre « l’Orient » et « l’Occident ».

The steering committee: Prof. Marie-Christine Closon (UCLouvain), Prof. Patrick Deboosere (VUB), Prof. Lieven De Cauter (KULeuven), Em.Prof. Herman De Ley (UGent), Prof. Perrine Humblet (ULB), Prof. Marc Jacquemain (ULiège). Herman De Ley (Ugent)

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