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22 novembre 2024

Abdessalem Larif: La Turquie et Nous!


ITRI :  INSTITUT TUNISIEN DES RELATIONS INTERNATIONALES

Abdessalem Larif: La Turquie et Nous!

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La Turquie et nous.

Par: Maître Abdessalem Larif

Tunis: 25/05/2015
Dans le jeu stratégique auquel les grandes et moins grandes puissances se livrent au moyen et proche orient, la fermeture sans ménagement de la porte de la Communauté Économique Européenne devant une Turquie ayant trépigné et salivé tout son soul a certainement déterminé celle-ci a essayer d’en ouvrir une autre dans une direction géographiquement opposée et, cette fois, par effraction.

La Turquie et nous.

Par: Maître Abdessalem Larif

Tunis: 25/05/2015
Dans le jeu stratégique auquel les grandes et moins grandes puissances se livrent au moyen et proche orient, la fermeture sans ménagement de la porte de la Communauté Économique Européenne devant une Turquie ayant trépigné et salivé tout son soul a certainement déterminé celle-ci a essayer d’en ouvrir une autre dans une direction géographiquement opposée et, cette fois, par effraction.
L’entreprise ne devait pas lui sembler trop ardue si l’on considère les divisions endémiques des régimes de pays arabes mal fagotés dans des frontières territoriales absurdes ou tout au moins discutables conjuguées à des querelles d’un autre âge entre des potentats anxieux et accrochés aux pendillons de leurs protecteurs ou en quête de nouveaux maîtres.
On sentait déjà, à travers l’implication inhabituelle d’un état allié d’Israël dans le traitement éminemment démonstratif du blocus de la Bande de Gaza, se déployer une approche sentimentale du terrain qui, il est vrai, n’avait pas déplu à des masses populaires en légitime ébullition mais que les vides subits créés par les épisodes télescopés du printemps arabe ont tôt fait de transformer en coups de faucille autrement plus décisifs et consistants au regard d’une nation connue tout au long d’une histoire mouvementée pour une certaine brutalité de manières.
La suite, on la connaît; sous nos yeux horrifiés, les successeurs du machiavélique et non moins sanguinaire Abdelhamid II auxquels il a suffi de souffler sur la braise laissée par les GI en Irak pour enflammer la région, ne se cachent plus aujourd’hui d’apporter un soutien effectif et varié aux hordes impies qui y sèment terreur et désolation.
Ils devront cependant se rendre compte que leur projet hégémonique est voué à l’échec, à cela deux raisons principales: La première de ces raisons tient à l’improvisation à laquelle la Turquie, mue, à l’entame du processus, vers de nouveaux horizons économiques dans un esprit d’entente avec ses voisins s’est trouvée, comme par pis aller, acculée à s’insérer prestement dans les vides étatiques évoqués plus haut et qui se sont présentés à elle comme des opportunités soudaines et vraisemblablement fugaces dans un contexte concurrentiel aux allures de bousculade, ce qui réfute tout rapport à une quelconque stratégie.
Quant aux outils confessionnels ayant cours sur la scène politique arabe, ils ne peuvent, pour expliquer le maintien au pouvoir du parti religieux Justice et Développement et l’accès de Monsieur Erdogan à la magistrature suprême, qu’avoir servi à convaincre l’armée turque de l’indispensable adéquation qui les désignait comme les seuls à pouvoir réaliser un rêve de grandeur au demeurant partagé par celle-ci.
La deuxième raison s’appuie sur l’inéluctabilité d’un conflit majeur et probablement armé dictée d’ores et déjà par deux nécessités intransgressibles et d’un rare antagonisme, pour la Syrie et l’Irak, même momentanément démembrés, de s’unir de nouveau sous la pression de la soif et du désastre écologique grandissant que la construction en Turquie de barrages géants sur l’Euphrate et le Tigre leur font subir et, pour cette dernière celle de consacrer les eaux ainsi retenues au développement de l’Anatolie du sud est, ultime moyen espère-t-elle de garder ses kurdes à l’écart des tentations nationalistes centrifuges.
Il y a aussi le poids de l’histoire qui nous a rarement réservé le beau rôle dans nos rapports au défunt empire et dont le dernier nous vaut une rancune particulière marquée par le souvenir amer de la désertion en pleine grande guerre des officiers arabes des armées ottomanes et leur retournement contre elles à la poursuite d’un mirage aux couleurs de l’Union Jack.
Telle me semble être à grands traits, lapidaires parfois, la nature des relations qu’au delà de la proximité géographique et de l’Islam, nous devrons garder présente à l’esprit pour éviter de nous laisser circonvenir encore par des manœuvres diplomatiques ou des protestations d’amitié insincères.
Abdessalem Larif.

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