Tarik Hassan Financement saoudien d’«Al-Qaïda»: la Maison Blanche divulguera-t-elle les preuves ? La Maison Blanche est soumise à de fortes pressions pour divulguer un rapport prouvant que la majeure partie du financement des attaques terroristes du 11 septembre 2001 provient de membres de la famille royale saoudienne. Le fait d’avoir caché ces informations est responsable de la propagation du terrorisme dans le monde d’aujourd’hui, du renforcement d’«Al-Qaïda», et de l’apparition de la monstrueuse émanation de cette organisation, «Daech». C’est le Times britannique qui a fait ces révélations dans son édition du vendredi 5 juin. Citant Bob Graham, qui présidait la Commission d’enquête du Sénat américain à l’époque des attentats du 11 septembre, le journal écrit que les investigations ont prouvé que le principal financement des terroristes qui ont commis les attentats du 11 septembre 2001 -dont 15 ressortissants saoudiens- provient de membres de la famille royale des Saoud. Le Times ajoute que l’administration de l’ancien président George W. Bush, dont la famille a des liens anciens avec la dynastie des Saoud, aurait censuré, il y a 13 ans, 28 pages du rapport d’enquête incriminant les membres de la famille royale saoudienne. Les pressions exercées actuellement par les familles des victimes des attentats, des associations et des acteurs de la société civile, appuyés par des élus américains, visent à contraindre la Maison Blanche à rendre public ces 28 pages intitulées Eléments, discussion et récit concernant certains sujets sensibles de sécurité nationale. Les informations censurées contiendraient les preuves de l’implication directe de l’Arabie saoudite dans les attentats du 11 septembre. Cette partie de l’enquête montre que le consulat saoudien à Los Angeles, l’ambassade du royaume wahhabite à Washington, de riches saoudiens installés en Floride et des membres de la famille royale ont facilité l’entrée des terroristes sur le territoire américain, les ont aidés logistiquement et les ont financés. Le rapport d’enquête, y compris les 28 pages censurées par l’administration Bush pour des «raisons de sécurité nationale», est précieusement gardé dans une pièce sécurisée de la Chambre des Représentants. L’ancien sénateur républicain Bob Graham, qui participe activement à la campagne pour la divulgation de l’intégralité du rapport, avait déjà affirmé à plusieurs reprises par le passé que l’enquête a prouvé que «plusieurs des 19 kamikazes ont reçu le soutien financier de plusieurs entités saoudiennes, y compris du gouvernement». Les aveux de Zaccaria Moussaoui Les propos de M. Graham avaient été confirmés par le Français Zaccaria Moussaoui, considéré comme le 20ème kamikaze, qui purge une peine de prison à perpétuité aux Etats-Unis depuis 2006. L’année dernière, le terroriste avait demandé à témoigner dans le cadre d’un procès qui oppose l’Arabie saoudite à des familles de victimes des attentats du 11 septembre. Lors de sa déposition, en février dernier, cet ancien membre d’«Al-Qaïda» a avoué avoir participé à des réunions avec Salmane Ben Abdel Aziz, alors qu’il n’était pas encore roi mais prince héritier, et d’autres membres de la famille royale saoudienne. Lors de sa déposition, Zaccaria Moussaoui a également indiqué qu’il faisait office de messager pour Oussama ben Laden, transmettant notamment des messages personnels à des princes et dignitaires religieux saoudiens. Il a précisé avoir rencontré un responsable du département des Affaires islamiques de l’ambassade saoudienne à Washington, lors d’une visite de ce dernier à Kandahar, en Afghanistan. Il a également évoqué avoir étudié la possibilité d’abattre l’avion présidentiel américain Air Force one. M. Moussaoui a également révélé avoir dirigé en 1998 et 1999 un groupe de responsables d’«Al-Qaïda» en Afghanistan pour créer une base de données rassemblant les noms des bailleurs de fonds de l’organisation terroriste. Parmi les noms figurant dans cette base, il dit se souvenir de ceux du prince Turki al-Fayçal, alors chef des renseignements saoudiens, du prince Bandar ben Sultan, qui fut ambassadeur saoudien à Washington, puis chef des SR, et du prince Walid ben Talal, richissime homme d’affaires. Bob Graham affirme, pour sa part, que le fait de n’avoir pas dit la vérité «au peuple américain» sur les attentats du 11 septembre a été perçu par les Saoudiens comme un message selon lequel «quoi qu’ils fassent, il y aurait impunité». «Ils ont donc continué à soutenir « Al-Qaïda », puis plus récemment dans l’appui économique et idéologique à l’ »État islamique», dit-il. Des Libanais protègent «Al-Qaïda» Ces informations montrent la pertinence des propos du secrétaire général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, qui a déclaré, vendredi 5 juin, que «l’Arabie saoudite, les Etats-Unis et le Pakistan sont à l’origine de la création d’Al-Qaïda, dont Daech et une émanation (…), alors que ceux qui la combattent avec sérieux et détermination -l’Iran, la Syrie et le Hezbollah- sont injustement accusés d’avoir créé cette organisation». Les révélations de Bob Graham via le Times britannique et les propos de sayed Nasrallah nous permettent de mieux comprendre l’attitude des alliés de l’Arabie saoudite au Liban. Le Courant du futur -et avec lui le chef des Forces libanaises Samir Geagea- se sont affolés après la décision de la Résistance au Liban d’anéantir le Front al-Nosra -la branche syrienne d’«Al-Qaïda»- qui occupe 400 kilomètres carrés du territoire libanais dans le jurd de Ersal (Est du Liban). Ils ont lancé une campagne médiatique d’intimidation, menacé d’une fitna entre sunnites et chiites et accusé le Hezbollah de se substituer à l’armée libanaise dans la défense des frontières nationales. Mais dans le même temps, ils ont bloqué, au gouvernement, toute décision ordonnant à cette armée de libérer le jurd de Ersal. Il est clair que les alliés de l’Arabie saoudite au Liban sont les protecteurs d’«Al-Qaïda», à qui ils assurent une couverture pour qu’elle continue à menacer le Liban. A leurs yeux, la présence des groupes terroristes dans les zones frontalières du Liban sert à créer un équilibre avec le Hezbollah. Peu importe si ces groupes terroristes représentent une menace existentielle pour le Liban, l’important est qu’ils gênent le Hezbollah. En adoptant cette position, ils exécutent à la lettre les instructions de leur sponsor régional, l’Arabie saoudite, géniteur et financier du terrorisme. Mais la Résistance a pris sa décision: si l’armée libanaise n’est pas autorisée à accomplir sa mission, la Résistance fera la sienne, qui est de protéger le territoire national. Sur le terrain, les combattants du Hezbollah avancent tous les jours davantage. Dans peu de temps, le jurd de Ersal reviendra dans le giron de l’Etat libanais, les habitants de Ersal pourront retourner dans leurs champs et leurs carrières, et les terroristes d’«Al-Qaïda» seront anéantis… n’en déplaise aux donneurs de leçons souverainistes et patriotiques.
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