Le mythe des esclaves bâtisseurs de pyramides prend un nouveau coup – « les monuments n’ont pas été bâtis par des esclaves »
21 juin 2015
Le mythe des esclaves bâtisseurs de pyramides prend un nouveau coup – « les monuments n’ont pas été bâtis par des esclaves »
19/06/2015
Le Caire, AP, Lundi 11 janvier 2010 – L’Egypte a exposé lundi une série de tombes datant de plus de 4.000 ans et appartenant semble-t-il à des ouvriers engagés pour la construction des pyramides de Gizeh, contrairement au mythe populaire qui veut que ces monuments aient été bâtis par des esclaves.
Ces sépultures en briques de boue séchée, d’une profondeur d’environ 2,75m, contenaient une douzaine de squelettes parfaitement conservés par le sable sec du désert, à coté desquels étaient disposés des récipients ayant contenu de la bière et du pain destinés à la vie des morts dans l’au-delà.
Les tombes ont été mises au jour la semaine dernière à l’arrière des pyramides, au-delà d’un site funéraire découvert dans les années 1990 et datant de la IVe dynastie (2575 à 2467 avant Jésus-Christ), l’époque de la construction de ces monuments en lisière du site actuel du Caire.
L’historien grec Hérodote d’Halicarnasse, qui vivait au Ve siècle av. JC, avait décrit les bâtisseurs des pyramides comme des esclaves, donnant naissance selon les égyptologues au mythe populaire, perpétué notamment par les studios de cinéma d’Hollywood. Mais les dernières découvertes étaient encore un peu plus la thèse moderne des pharaons payant des ouvriers pour construire les pyramides, a souligné lundi le chef des Antiquités égyptiennes, Zahi Hawass.
Pour le Pr Amihai Mazar de l’Institut d’archéologie de l’université hébraïque de Jérusalem, le Premier ministre israélien Menahem Beguin a lui-même alimenté le mythe lors d’une visite en Egypte en 1977, en affirmant que des esclaves juifs avaient bâti les pyramides, « alors que les juifs n’existaient pas à l’époque ».
Dorothy Resig, de la « Revue d’archéologie biblique », à Washington, estime que l’erreur pourrait venir de l’Exode, dans l’Ancien testament, où il est écrit que les Egyptiens réduisirent en esclavage « les enfants d’Israël » et qu’ils participèrent à des constructions pour Pharaon. « Si les Hébreux ont construit quelque chose, c’est la ville de Ramsès mentionnée dans l’Exode », conclut Dorothy Resig.
Les « Egyptologues sérieux » quant à eux savent depuis longtemps que les pyramides n’ont pas été bâties par des esclaves et que plusieurs siècles séparent la construction des pyramides de l’histoire des Juifs en Egypte, souligne Dieter Wildung, ancien directeur du Musée égyptien de Berlin. « Le monde ne pouvait tout simplement pas croire qu’on avait construit les pyramides sans avoir recours à l’oppression et au travail forcé, mais grâce à la loyauté envers les pharaons », explique-t-il.
Selon Zahi Hawass, les ouvriers des pyramides étaient issus de familles pauvres du nord et du sud de l’Egypte et étaient respectés pour leur travail, au point que ceux qui sont morts sur le chantier ont été enterrés près des monuments sacrés de leurs pharaons. « Ils n’auraient jamais été enterrés avec autant d’honneurs s’ils avaient été des esclaves », affirme-t-il.
Les tombes ne contenaient ni or ni autres objets de valeur, ce qui les a protégées des pillages, et les corps n’étaient pas momifiées. Les squelettes ont été retrouvés en position foetale, la tête dirigée vers l’Ouest et les pieds vers l’Est, selon la tradition dans l’Egypte ancienne.
Les indices recueillis suggèrent que ces hommes consommaient régulièrement de la viande et travaillaient par périodes de trois mois, a précisé M. Hawass. Ils ont mangé au moins 21 boeufs et 23 moutons fournis par des fermes des environs. Il a fallu plus de 30 ans à 10.000 ouvriers pour bâtir une pyramide, estime-t-il, soit dix fois moins que les effectifs mentionnés par Hérodote après son voyage en Egypte vers 450 av. JC.
Si ces ouvriers n’étaient pas des esclaves, il n’en reste pas moins qu’ils exécutaient des travaux de force, souligne Adel Okasha, qui a supervisé les fouilles. Les squelettes montrent notamment qu’ils souffraient d’arthrite. « Leurs os nous racontent comme ils travaillaient dur. »
C’étaient des hommes libres, des citoyens ordinaires, confirme Dieter Wildung, « mais ils avaient une vie courte et l’étude des squelettes nous montre qu’ils étaient en mauvaise santé, très probablement parce qu’ils travaillaient si dur ». AP
Par Katarina Kratovac, Associated Press (AP)