Lettre Ouverte à Mr GUY MARTIN GRIMAUD
26 juin 2015
PAR LES PACIFISTES DE TUNIS |
26 JUIN 2015
Lettre Ouverte à Mr GUY MARTIN GRIMAUD
[si’ l’un d’entre vous connaît son adresse « email » et peut l’en informer, ce sera parfait]
Nous sommes très touchés par votre sincérité. Cependant, comme les Sept Dormants du Coran, et malgré le prix (y compris financier) que vous y avez mis, vous semblez vous réveiller un peu tard.
Versez donc désormais le montant de votre cotisation à l’Association des Amis de l’Immonde Diplomatique aux mendiants Rom et vous verrez que votre cœur d’amant blessé sera soudain plus léger.
Car qu’espérez ou qu’espériez-vous: un « changement de ligne éditoriale » ?
Sachez que comme avec la question palestinienne, le nouveau type de guerres auxquelles le monde a assisté depuis la Nakba du 14 janvier 2011 (initiée par la menée impérialiste de 48 Etats associés à la plupart des médias dits « alternatifs » contre la Jamahiriya Libyenne) a au moins eu un avantage. Ces guerres, désormais, servent en effet de discriminant permettant d’identifier immédiatement les valets de l’impérialisme, même cachés sous les habits et masques de l’altermondialisme.
On peut mesurer l’effet d’opium du peuple d’un tel instrument du Système (qui ne vaut pas mieux qu’un autre titre comme Libération) quand on lit dans votre lettre: « Depuis déjà longtemps la rédaction du Monde Diplomatique disposant des exemples de l’Iraq, de l’Afghanistan, de la Libye, des pays de la Corne de l’Afrique mais aussi du démantèlement de la Yougoslavie, aurait pu mettre en évidence, en débat sur la place publique, la catastrophe humanitaire qui se produirait inexorablement si l’État syrien venait à être détruit. »
A notre avis, vous perdez votre temps et gaspiller votre encre. IGNACIO RAMONET avait jugé la guerre de l’OTAN contre la Libye « désirable » en plagiant pour son public de soudainement-décervelés le tissu d’insanités diffamatoires élaborés par RENE NABA dans son « Portrait total ». Le chef du journal avait clairement qualifié BACHAR AL-ASSAD de « tyranneau » (par comparaison au « Grand Tyran »).
ALAIN GRESH n’échappe pas à la règle, lui qui demandait en 2011 de manière porcnographique (nous employons cette épithète à la manière de DIEUDONNE): « Faut-il intervenir militairement en Libye? ». Car pour qui se prenait donc cet individu sinon pour un conseiller officieux du Quai d’Orsay? BERNARD LEVY eut au moins le mérite d’annoncer clairement la couleur, y compris sur le terrain en Libye devant un parterre de révolutionnaires de l’OTAN : « La liberté finit toujours par vaincre contre la tyrannie ! ».
Oubliez, nous vous en supplions, les restes de « respectabilité » que vous attribuez encore à ces criminels non repentis. Vous n’avez même pas besoin de conclure votre Litani de regrets en leur adressant des « salutations distinguées ».
Image: Hier sur Russia Today, ANATOLI YGORINE, éminent orientaliste en poste à Tripoli entre 1974 et 1980, auteur d’un livre mal connu en russe intitulé « Gaddafi méconnu », démontrait que la Jamahiriya Libyenne avait été l’un des meilleurs soutiens (y compris financiers) de l’Union Soviétique. LEONID BREJNEV avait même reconnu que les acquis socialistes en Libye dépassaient parfois ceux de l’URSS. GADDAFI avait fait traduire en arabe les classiques du marxisme dont il s’inspira pour l’élaboration du Livre Vert (par exemple, l’organisation des Comités Révolutionnaires, des Congrès Populaires de base et leur distribution). YGORINE signala que non seulement GADDAFI lisait avec attention tous les ouvrages et les discutait mais qu’il avait aussi embarrassé un peu l’Ambassade soviétique en demandant à ses fonctionnaires des traductions d’ouvrages non orthodoxes (Trotsky, Bakhounine)…
traitement de l’affaire syrienne par Le Monde Diplomatique
Guy MARTIN Grimaud, le 20 juin 2015
83310 Grimaud
FRANCELettre ouverte à Monsieur le Directeur de la Rédaction LE MONDE DIPLOMATIQUEObjet : traitement de l’affaire syrienne
par Le Monde DiplomatiqueMonsieur le Directeur,J’ai reçu il y a quelques jours ma convocation à l’assemblée générale des Amis du Monde Diplomatique qui se tiendra le 27 juin 2015, et je souhaite expliquer à la rédaction du journal pourquoi je ne m’y rendrai pas.Depuis mars 2011 en effet, j’attends vainement d’un journal dont c’est la raison d’être un dossier de fond, une analyse objective, historique, sociologique, géostratégique, d’une affaire internationale qui constitue sans doute le problème diplomatique le plus important de ces dernières années – puisqu’il a vu, entre autres, les flottes américaine et russe à deux doigts de s’affronter directement en Méditerranée, et la manifestation la plus démonstrative de la situation géostratégique internationale en ce début de XXIème siècle.Le Monde Diplomatique a plusieurs fois, depuis 2011, expliqué comment les Etats Unis d’Amérique agissent sur la scène internationale. Comment ce pays, corrompu par les intérêts militaro-pétroliers ou de l’agro-alimentaire, fomente depuis des années une nouvelle forme de coups d’Etat « populaires ». Ce mois de juin, Le Monde Diplomatique révèle encore les agissements de « La main noire de Washington de Santiago à Caracas ». En août 2014, Maurice Lemoine expliquait comment est advenue « En Amérique latine, l’ère des coups d’Etat en douce » ; comment de faux policiers, de faux manifestants tirent dans une foule pour déclencher une émeute sanglante et déstabiliser un Etat indocile.Mais pour l’indocile Syrie, en mars 2011, la dérive sanglante des manifestations aurait été « normale » ? La question n’a pas même été posée par Le Monde Diplomatique. Alors que Le Canard-Enchaîné publie régulièrement depuis quatre ans des informations mettant en évidence le jeu des vassaux américains sous la scène syrienne, au premier rang desquels le Qatar, Le Monde Diplomatique est resté étrangement taisant. Il est vrai que, quelques mois à peine après le début de ce qui présente les caractéristiques d’un « coup d’Etat en douce » en Syrie (coup d’Etat qui aurait pu se dérouler en Bolivie, en Equateur ou au Venezuela), Le Monde Diplomatique accueillait, en septembre 2011, tout un supplément publi-rédactionnel sur « La diversification au Qatar ». Est-ce que cette manne publicitaire était bienvenue étant donné son origine et à ce moment-là ? Il ne me semble pas, en tout cas, avoir lu par la suite un développement sur la peine de prison à vie infligée le 29 novembre 2011 par le régime qatari à un écrivain, Ibn al-Dhib, pour un simple poème. Pas un mot sur les sources de financement des extrémistes que combattent les soldats français au Mali…
Ni sur la tentative de manipulation relative à l’usage d’armes chimiques par l’armée nationale syrienne, démasquée par la procureure Carla Del Ponte, ni sur le prétendu bombardement du camp palestinien de Lattakié par des canonnières syriennes. Pas un mot sur les prétendues manifestations de masse anti Bachar et les chiffres fantaisistes qui ont été publiés à ce sujet – par Le Monde notamment, d’ailleurs.On pouvait attendre du Monde Diplomatique qu’il resitue cette affaire syrienne dans le cadre de la géostratégie internationale, sur une cartographie des grandes voies de transit depuis les grands gisements pétroliers et gaziers de l’Asie centrale et du Proche-Orient, ou sur la feuille de route affichée par les Etats Unis d’Amérique pour le Proche et le Moyen Orient.On aurait pu trouver dans le Monde Diplomatique un dossier replaçant l’affaire syrienne actuelle dans l’histoire de cette région du monde depuis deux siècles. Les émeutes de Damas de 1860 auraient pu y être rappelées, et le rôle qu’y joua l’Emir Abd-el-Kader – qui lui valut la Légion d’Honneur et le nom d’une rue à Paris. Cette mise en perspective historique eût été une façon d’aborder dans Le Monde Diplomatique l’histoire de la Syrie au XXème siècle, les conditions que l’Occident a ménagées à ce pays pour que s’y épanouisse la démocratie…
L’existence ancienne dans ce pays d’une société multiculturelle, laïque, et le statut de la femme syrienne jusqu’à ce jour. Le choc qu’a été pour cette société l’orientation du pays vers un système économique néolibéral, et les raisons premières des manifestations, pacifiques, de mars 2011. Et malgré la mise en oeuvre de ce qui apparaît comme un classique des opérations de déstabilisation d’un pays par l’extérieur – avec destructions systématiques des réserves alimentaires, sources d’approvisionnement en eau, énergie, médicaments, les gigantesques manifestations pro Bachar qui ont eu lieu en Syrie, le soutien du parti communiste syrien – dont le meneur a fait de la prison sous Hafez el Assad (le communisme était interdit en Syrie jusqu’il n’y a pas si longtemps), de l’opposition interne, du clergé tant musulman que chrétien, sans compter les innombrables manifestations, toujours pro Bachar, à travers le monde.Pour que l’opinion soit éclairée autrement que par les communiqués de l’OTAN, l’on aurait dû trouver dans Le Monde Diplomatique une explication au fait que l’Etat syrien a pu résister quatre années à la conjugaison des forces attachées à le détruire, et en premier lieu celle d’une prétendue révolution populaire. L’on aurait pu esquisser dans ce journal l’idée que cet État a sauvegardé et encouragé le mode de vie syrien, pays où une multitude de confessions et de philosophies cohabitent depuis des millénaires dans des conditions enviables au regard de ce qui se passe dans la plupart des pays du Proche Orient qui sont les alliés de l’Occident. Une approche par le genre de la société syrienne aurait pu suggérer que cet État laïque permet à une moitié de la population syrienne, les femmes, de vivre en tant que citoyennes à part entière, à égalité avec les hommes. Un bilan de quatre ans de résistance à la montée du chaos aurait pu conduire à constater que l’État syrien est, aujourd’hui, constitué par un Parlement, un chef de l’État, le Président Bachar el Assad, et des représentants régionaux, élus à la suite des réformes constitutionnelles réalisées depuis 2012, un gouvernement d’union nationale, ainsi qu’une armée et une administration qui, si elles n’étaient pas fortement soutenues par la population syrienne, auraient été volatilisées depuis longtemps.Depuis déjà longtemps la rédaction du Monde Diplomatique disposant des exemples de l’Iraq, de l’Afghanistan, de la Libye, des pays de la Corne de l’Afrique mais aussi du démantèlement de la Yougoslavie, aurait pu mettre en évidence, en débat sur la place publique, la catastrophe humanitaire qui se produirait inexorablement si l’État syrien venait à être détruit. Lancer l’alarme à propos des massacres de masse, des crimes contre l’Humanité qui se perpétueraient longtemps dans le chaos qui suivrait : les conditions propices à de tels crimes sont beaucoup plus manifestes aujourd’hui en Syrie que dans les mois qui ont précédé le massacre de Srebrenica en ex-Yougoslavie.Au nom des valeurs universelles que Le Monde Diplomatique défend depuis ses origines, l’on aurait pu entendre sa voix exiger avec force argumentation et insistance :Que cessent immédiatement les manoeuvres visant la destruction de l’Etat syrien,Que soient levées les sanctions qui ne font qu’aggraver les souffrances du peuple syrien,Que soit respectée en Syrie la charte de l’Organisation des Nations Unies qui garantit à tous les peuples le droit de s’autodéterminer à l’abri de toute intervention étrangère.J’espère encore que la rédaction saura pallier cette absence particulièrement décevante et inquiétante. Et que l’affaire syrienne sera enfin traitée avec l’attention dont est capable un journal qui a pour nom Le Monde Diplomatique.Mais d’ici-là, en tant que « lecteur engagé »je ne peux plus être un ami de ce journal-là, car je n’accepte pas ce qu’apparemment il accepte.
Je vous prie de recevoir, Monsieur le Directeur, l’expression de mes salutations distinguées.Signé : Guy Martin