Les Etats-Unis : cow boys barbares et aristocratiques
28 juin 2015
Les Etats-Unis : cow boys barbares et aristocratiques
L’actualité d’outre-Atlantique donne une drôle d’image des Etats-Unis, entre le scandale des écoutes, les 190 milliards de dollars d’amendes infligées aux banques, l’armement des élèves et des professeurs dans les universités du Texas et les candidatures aux élections présidentielles.
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Règne de l’arbitraire et de la barbarie
Dans la mythologie de l’Oncle Sam et de ses valeurs, le respect du droit est fondamental. Mais sa position de superpuissance a souvent fait oublier ses principes à Washington. Il y a les guerres arbitraires, qui foulaient au pied le droit international, en Irak, et qui n’ont laissé qu’un sanglant désordre. On peut aussi voir une chose similaire dans les 190 milliards de dollars d’amendes infligées aux banques depuis quelques années. Avant la crise de 2008, la justice étasunienne s’intéressait si peu à la finance qu’il est difficile de ne pas voir dans ces transactions une forme de racket, comme même The Economist avait fini par le dénoncer au sujet de l’amende contre BNP Paribas il y a un an.
Et le pays semble de plus en plus céder à une forme de barbarie, comme avec l’autorisation du port d’armes dans les universités du Texas. Parce que des fous surarmés, grâce au droit imprescriptible à avoir une arme, font des massacres dans les établissements scolaires, le Texas a jugé bon de permettre aux étudiants et aux professeurs de ses universités de venir armés pour pouvoir répliquer ! Bienvenue dans une société où l’Etat, abandonnant la sécurité de ses citoyens, leur offre comme issue une course à l’armement dont il est pourtant difficile de ne pas conclure qu’elle explique un taux d’homicide digne de la Palestine, 4 fois supérieur à l’Europe et 3 fois supérieur à l’Afrique du Nord.
Bienvenue au Moyen Age
Un autre mythe fondateur de la société étasunienne est le « rêve étasunien », selon lequel tout le monde pourrait y réussir, pour peu qu’ils s’en donnent les moyens. Mais si cela est sans doute vraie pour ceux qui sont véritablement exceptionnels, dans la réalité, comme même The Economist le dénonce, les Etats-Unis se transforment de plus en plus en une société aristocratique, entre ascenseur social en panne et incapacité pour la grande majorité des classes populaires et moyennes de progresser, aussi doués et travailleurs soient-ils. Quel meilleur exemple que les élections présidentielles de 2016, où Hillary Clinton, femme de président, pourrait affronter Jeb Bush, fils et frère de président ?
Voici un pays où le capital politique s’hérite de plus en plus, comme si une noblesse d’Etat se reformait. A croire que dans une dizaine ou une vingtaine d’années Chelsea Clinton affrontera le fils de Jeb Bush ! Difficile de ne pas y voir le signe d’un système profondément malade. Et l’envolée extravagante du coût des études supérieures les rend de plus en plus inaccessibles aux élèves méritant des classes populaires et moyennes, qui se voient passés devant par des enfants aux parents argentés, qu’ils travaillent ou pas. Si on peut comprendre que les parents cherchent à assurer l’avenir de leurs enfants, les dérives actuels finissent par être contreproductives en ne récompensant plus le mérite.
Voilà pourquoi, même si l’on pense qu’il n’est pas si suprenant que les Etats-Unis espionnent nos dirigeants, il faut réagir aux écoutes, qui ne sont pas un détail, comme le soutient Joseph Macé-Scaron, qui propose de quitter l’OTAN, « cette forfaiture qui prend progressivement la place de l’ONU (…) en méprisant les droits les plus élémentaires des nations et en propageant le désastre et le chaos ».