Après l’attentat de Sousse, l’armée algérienne au chevet de la Tunisie
Par Louise Dimitrakis – Publié le 30 Juin, 2015
Après l’attentat de Sousse, l’armée algérienne au chevet de la Tunisie
international – Par Louise Dimitrakis – Publié le 30 Juin, 2015
Préoccupée par l’instabilité sécuritaire en Tunisie, l’Algérie voisine a lancé un véritable plan de guerre. Au programme : renforcer la sécurité aux frontières et traquer les complices de Daech au sein des services tunisiens.
Lorsque la Tunisie est attaquée, c’est l’Algérie qui panique. C’est, désormais, cet adage qui résume toute la politique algérienne dans la région du Maghreb. Un adage que tout le monde prononce en ce moment à Alger notamment dans les hautes sphères où les conciliabules s’activent pour traiter le «cas tunisien».
Déploiement militaire
Un cas qui fait vraiment peur aux autorités Algériennes. L’extraordinaire attaque de Sousse où 39 personnes ont été exécutées sauvagement sur une plage a troublé le jeu de cartes d’Alger. «Les autorités militaires ont été vraiment surprises et choquées par la facilité déconcertante avec laquelle un jeune étudiant a pu commettre un tel carnage», confie d’emblée une source militaire algérienne qui nous certifie qu’au lendemain de cet attentat terroriste, une secrète réunion a regroupé plusieurs généraux-majors en présence de leur chef hiérarchique Ahmed Gaïd Salah de l’armée à Algérienne à Ain Naadja, dans la banlieue d’Alger, où se trouve le commandement des forces terrestres de l’armée algérienne.
« C’est un lieu plus sûr, à l’abri d’une quelconque fuite ou d’une tentative d’espionnage», relate notre source selon laquelle de nombreux chefs militaires algériens ont proposé à Gaïd Salah d’adopter une nouvelle feuille de route car la situation a dégénéré dangereusement en Tunisie. Lors de cette réunion, les deux Généraux Noureddine Haddad, chef d’Etat-Major de la 1ère région militaire, et Khelifa Ghaouar, chef d’Etat-Major de la 5ème région militaire, ont dressé un tableau noir de l’incapacité de la Tunisie à lutter toute seule contre la menace de Daech, rapportent nos informations. «Ces deux hauts gradés très influents et qui bénéficient de la confiance de Bouteflika ont suggéré de passer à l’action et de renforcer le déploiement militaire à nos frontières. Ils ont même appelé à faire des exercices en cas d’attaques contre des cibles algériennes. Gaïd Salah a acquiescé», nous expliquent plusieurs militaires algériennes qui nous explicitent le contexte dans lequel a été prise la décision de déployer 12 000 soldats algériens des différentes unités de l’armée nationale et populaire (ANP). Ces militaires algériens se sont positionnés au niveau de la Wilaya de Annaba, jusqu’aux limites sud de la frontière commune aux trois pays, dans la Wilaya de Oued Souf.
Leur mission est simple : se préparer à traquer les éventuels éléments de Daech. Mais pas que car ils devront contrôler le flux des voyageurs tunisiens qui vont transiter par la frontière tunisienne. «Oui, l’armée algérienne sait très bien que Daech finira tôt ou tard à se rapprocher de ses frontières. Jusque-là, Gaïd Salah et ses généraux ont cru que le danger viendra des frontières libyennes. Mais, aujourd’hui, ils découvrent que la frontière tunisienne est encore plus fragile», détaille un ancien colonel à la retraite qui a gardé de très bonne relations dans l’establishment militaire algérien.
Défaillances des renseignements tunisiens
Comment est-ce possible ? «Les services de sécurité tunisiens ne rassurent pas les Algériens», explique notre source. Preuve en est, 24 heures après l’attaque de Sousse, le général Bachir Tartag, le très bien informé et influent général du DRS devenu depuis 2014 conseiller à la Présidence sous l’égide de Bouteflika, rédige un rapport sur les défaillances des services de sécurité tunisiens sont pointés du doigt. Dans ce rapport, «le scénario de la tuerie perpétrée uniquement par un seul étudiant est très contesté. Un seul jeune homme n’aurait jamais pu réussir à assassiner en quelques minutes 39 personnes à l’aide d’une Kalachnikov», nous révèlent des sources proches de Tartag, l’ex numéro 2 du DRS.
Ce dernier soupçonne tout simplement une complicité au sein des services de sécurité tunisiens. Le conseiller de Bouteflika craint la constitution d’un noyau fort de Daech au sein de l’appareil sécuritaire tunisien.
Pour vérifier cette menace, Tartag a proposé que le DRS multiplie les missions de renseignement pour identifier les relais de Daech au sein des services tunisiens. Une note a été pondue dans ce sens et adressée au chef du patron de la Direction de la Documentation et de la Sécurité Extérieure (DDSE), le général Mohamed Bouzit dit Yacef. Les informations recueillies par les services algériens seront, par la suite, utilisés pour les transmettre aux décideurs tunisiens afin qu’ils puissent prendre les bonnes décisions.
Entre un Gaïd Salah qui veut verrouiller la frontière tunisienne et un Bachir Tartag qui soupçonne une infiltration terroriste au sein des services de sécurité tunisiens, Alger a développé ses derniers jours une véritable paranoïa. Une paranoïa qui ne l’a pas empêché de lancer un plan de guerre.
Publié par Louise Dimitrakis
Biographie en cours de rédaction …
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