Par Gilles Munier /
L’Iran et le groupe P5+1 (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne) sont enfin parvenus à un accord. C’est une indubitable victoire pour l’imam Ali Khamenei, guide suprême de la révolution islamique, et pour les négociateurs qu’il cornaquait. Le mélange de fermeté, de souplesse et de pragmatisme a payé face à l’arrogance occidentale et aux menées occultes israéliennes. Laurent Fabius qui jouait le jusqu’au-boutiste a dû ravaler sa morgue.
C’est aussi une victoire diplomatique pour Barack Obama, à 18 mois de la fin de son mandat. Car, n’en déplaise à Israël, au Sénat américain et à l’Arabie, qui tirent à boulets rouges sur le président américain, l’accord signé à Vienne entrera en vigueur 30 jours après son adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU, c’est-à-dire vers la fin de cette année.
Comme l’a dit par avance Wang Li, ministre des Affaires étrangères chinois : « Aucun accord ne peut être parfait » : certes, l’Iran n’a pas obtenu tout ce qu’il demandait, mais les Etats-Unis non plus, et tout le monde devra faire avec, y compris les ennemis de Téhéran.
Reste maintenant son application: la Russie et la Chine vont s’engouffrer dans la brèche, au point qu’il sera difficile au futur président américain, à ses alliés occidentaux et à Israël, de réimposer des sanctions internationales. Cela ne veut pas dire que l’Iran est au bout de ses peines. On peut compter sur la prochaine administration américaine pour trainer des pieds quand il s’agira de lever certaines sanctions, pour mettre en doute les rapports des inspecteurs de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) qui se rendront en Iran, pour menacer à nouveau le pays. A Vienne, une bataille a été brillamment gagnée, mais pas la guerre menée par les Occidentaux et Israël pour renverser un jour le régime.