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30 avril 2024

L’Europe est gouvernée par la peur L’UE, presse grecque 2010-2015


Publié par Saoudi Abdelaziz

L'UE, presse grecque 2010-2015

L’UE, presse grecque 2010-2015

Les commentaires vont bon train sur les réseaux sociaux européensaprès l’affirmation faites hier dans le Financial Times par Donald Dusk, successeur de Herman van Rompuy à la présidence du Conseil européen et artisan de première ligne de l’« accord » de dimanche dernier imposé à la Grèce. Dusk prévient : « La confrontation acharnée autour de la Grèce a donné un regain d’énergie aux groupes radicaux de gauche et de droite, créant une atmosphère pré-révolutionnaire que l’Europe n’avait pas connue depuis 1968 ». (Greece: Donald Tusk warns of extremist political contagion). Gageons que pour compléter la panoplie des apocalypses promises, on continuera de nous annoncer par ci par là, de semaine en semaine, des projets terroristes « déjoués ». L’amplification médiatique des peurs est l’instrument principal de la gouvernance européenne, car Il s’agit de dévier vers d’autres cibles les colères contre l’austérité ravageuse imposée aux peuples du « vieux continent, austérité de plus en plus perçue comme véritablement irrationnelle.

Union Européenne – Non à la barbarie coloniale,

Par Roberto Boulant, 18 juillet 2015

Oh ! nous savons bien que ceux qui vivent sous l’Union Européenne, les esclaves de S.M. le roi Marché ne sont pas moins cruellement torturés. Nous savons bien qu’en Grèce, en Espagne, de toutes les colonies, à quelque peuple qu’elles appartiennent, montent les mêmes plaintes, les mêmes hurlements de douleur vers le ciel sourd. Nous savons, hélas ! cette vieille et terrible histoire. Voilà quarante ans que les prêtres de la Religion Féroce se disputent entre eux l’extermination des états-sociaux européens. C’est ce que l’on appelle la civilisation moderne.

Les Banques systémiques, les transnationales mafieuses ne communiquent avec des citoyens ravalés au statut de consommateurs que pour les asservir et les endetter. Les peuples que nous appelons encore libres ne les connaissent plus que par leurs crimes. Il nous importe, à nous Européens, de dénoncer avant tout les crimes commis en notre nom ; il y va de notre honneur.

À notre tour, et sans nous lasser, nous dénoncerons les exactions et les crimes commis par la Troïka. Nous les dénoncerons avec l’aide de ceux des Européens sincères – et il y en a, et leur nombre est grand – qui, sous un climat perfide, dans la solitude mauvaise, se sont gardés de la mélancolie, de la fureur, des perversions mentales, des terreurs et des hallucinations homicides, et ont su demeurer justes et modérés.

Impérieusement et sans nous lasser, nous réclamerons la répression des crimes et la reforme d’un régime qui les a favorisés ou permis.

Impérieusement et sans nous lasser, nous demanderons pour les peuples de ce nouvel empire colonial le respect des droits de l’homme. Nous demanderons justice au nom de l’humanité que l’on n’outrage pas en vain ; au nom de l’idée européenne dont on sert mal les intérêts par cette barbarie coloniale.

Source: Paul Jorion blog

Résister par tous les moyens

Par Panagiotis Grigoriou, 17 juillet 2015

La fin du jeu c’est pour bientôt. Plus exactement, nous arrivons au bout d’une partie, changement de niveau. En Grèce, cette montée de niveau dans le jeu prétotalitaire du logiciel européiste ne fait guère de toute. Athènes, devient Guernica de ce si piètre siècle d’après et d’emblée, ville jadis bombardée par les avions de la Légion Condor allemande nazie en 1937. En 2015, la bancocratie et la dite “monnaie européenne”, sont les armes de destruction massive aux mains des élites ordolibérales, celles de l’Allemagne d’abord pour ce qui nous concerne.

Le traitement infligé à la Grèce tient de l’avant-goût de ce qui se produira en Italie, en Espagne, ou en France. Nous avons ici, certainement cinq ans d’avance sur l’avenir de l’Europe, le vrai… Futuroscope est plutôt visitable… à Athènes.

Cependant maintenant on sait. La guerre sera longue et elle sera sans pitié. Des nations se révolteront et des populations périront. Nos lignes (Maginot) politiques, héritées de l’époque démocratique, toutes ces histoires bien drôles à dormir debout… avant de mourir, entre “gauche” et même “droite”, et qui ne remettent pas en cause le totalitarisme européiste sont en ce moment-même obsolètes.

J’ai rencontré Anna récemment, par le biais d’un ami, une connaissance lointaine, je n’avais pas échangé avec elle depuis plus d’un an. Elle habite dans les quartiers aisés au Nord de l’agglomération d’Athènes, elle est cadre dans une entreprise grecque ; Anna, est surtout cadre déjà historique au parti de la Nouvelle Démocratie. Changement de discours, changement de mentalité:
Maintenant j’ai compris. L’Europe, l’Allemagne, préparent notre exécution ; elles organisent l’asservissement de la Grèce. Dans les entreprises, les cadres, voire les patrons comprennent désormais que ce mémorandum punitif, vise à les affaiblir davantage, à briser définitivement ce qui reste du tissu économique de notre pays. Les masques tombent. Le personnel politique ; tout le personnel politique est très… léger, insuffisant et menteur devant la gravité de la situation. Les nôtres, Samaras et consort le sont autant. Ils devraient dire la vérité aux Grecs, et surtout, élaborer et préparer un Plan-B, une véritable voie alternative au cas où, pour ainsi sortir de la zone euro, voire, de l’UE. Tsípras a déjà avoué son impréparation, et à la Nouvelle démocratie ils font encore… les cons. Je ne supporte plus de perdre ma patrie, et cela, n’est pas un truc de droite ni de gauche.” Mentalités mutantes !

(…) Les coups tombent, la société observe et encaisse médusée, sauf que le bouillonnement monte. Passé, présent… futur. Comme par hasard, un énorme incendie vient de se déclarer… dans la nuit au sud du Péloponnèse, le vent est… naturellement violent et ce n’est pas la première fois qu’en Grèce, les incendies des forêts deviennent fréquentes et dévastatrices durant la période estivale, lorsque par exemple, un gouvernement doit être davantage “aménagé” d’après les intérêts des oligarchies internes comme externes. Deux autres incendies, ravagent en ce moment les montagnes autour d’Athènes, histoire du temps présent immanquablement brûlante. Nous sommes en guerre.

La Grèce au milieu du gué. Pour l’historien Pétros Pizánias, “la question est simple: dans cette bataille politique contre l’Allemagne, nous avons clairement perdu. Et c’était certainement une erreur du gouvernement: choisir la méthode très douce, presque naïve lors des négociations. Il a évité d’avoir un plan de sauvetage alternatif, pis encore, le gouvernement grec à autant évité de rendre chaque coup encaissé. Et cela jusqu’à se laisser surprendre par le fait que les citoyens l’ont dépassé en résistance et en détermination lors du référendum.

Tout au long des négociations, il a prévalu cet impressionnant européanisme naïf de la Gauche. Comme si, ils avaient oublié que l’Europe a été construite à partir de guerres religieuses et bien d’autres guerres, à partir de la colonisation de la moitié de la planète, à partir les deux guerres mondiales, la répression des révolutions anticoloniales. Elle a donné naissance certes, au siècle des Lumières, sauf que notre ennemi numéro un aujourd’hui, l’Allemagne, a engendré le nazisme, lequel avait été rejoint par 80% des Allemands et dont l’esprit n’est pas encore mort dans ce pays.

Cependant, nous devons maintenant gérer notre lourde défaite. Et si le gouvernement se met alors à muter en quelque chose d’autre, cela afin de bénéficier des voix de l’opposition, il se serait fatalement offert à Merkel et aux faucons néolibéraux, sans pour autant solliciter notre avis à nous tous, citoyens qui continuons pourtant à le soutenir.

Et si même, SYRIZA cédant à la panique, se décide à ‘purger’ les membres de la Plateforme de Gauche, ces derniers auront ainsi réalisé leur retraite dans… le monastère de la pureté, dans pareil cas, les uns comme les autres, aurons livré SYRIZA à Schäuble et à ses faucons. Ces erreurs sont strictement interdites chers députés, chers ministres et chers chefs du parti, rien que parce qu’elles seront payées par nous tous, citoyens qui vous soutiennent.

Qu’avons-nous à affronter après cette défaite? Un mémorandum, lequel arrive après la pause de six mois, confirmant de nouveau la perte de notre souveraineté politique, un plan financier presque totalement inapplicable politiquement et socialement, un avenir absent, et encore en retour, quant à l’aide au développement et au problème de la dette, rien d’autre que les fausses perles et les miroirs tendus… aux indigènes par le colonisateur.

En bref, ce mémorandum III aux exigences extrémistes qui le rendent impraticable, c’est le résultat de la vulgarité du gouvernement allemand et de certains gouvernements des pays Baltes et d’autres, de l’opportunisme du Président Hollande lorsqu’il a fait usage de la question grecque pour prétendre qu’il existe politiquement au-delà de Merkel, et de la lâcheté de tous les autres (dont du gouvernement chypriote).

Les négociateurs, issus du gouvernement grec, ont fait apparaître au grand jour, les facettes de la crise politique latente au sein de la zone euro. Cette dernière va sûrement s’aggraver, parce que justement, suite à la victoire barbare de l’Allemagne contre nous, ses exigences seront étendues à d’autres pays, et cela avec arrogance.

Je pense que nous assistons finalement à présent, au début du déclin de la domination allemande en Europe, processus à la durée historique cependant inconnue. Ce qui est certain, tient de l’aggravation des contradictions politiques bien singulières entre les États membres”.
C’est à travers ces contradictions que nous trouverons pour autant notre chemin. Et quant au gouvernement grec, après avoir rangé sa défaite dans le temporaire, il doit exploiter si possible cette crise naissante au sein de la zone euro, cependant avec fermeté et constance, et non pas comme en ce moment, à la manière d’un garçon sympathique. Ou, pour faire court, la lutte continue” ; “Quotidien des Rédacteurs” du 16 juillet. (…)

Source: greekcrisis

 

Frédéric Lordon conclut ainsi son analyse du 18 juillet intitulée « La gauche et l’euro : liquider, reconstruire »

Ce n’est pas nous qui devons compter sur Podemos,
c’est Podemos qui doit compter sur nous !

Voilà donc le drame actuel des gauches européennes. Du fin fond de la déveine où elles se trouvent, Syriza et Podemos leur ont été de puissantes raisons d’espérer, l’aliment d’un désir de croire à un possible renouveau au travers du continent — et comment ne pas le comprendre, avouons-le : comment ne pas avoir soi-même éprouvé la tentation de se laisser gagner par ce sentiment. Les stratégies politiques « de l’espoir », cependant, font fausse route quand elles prennent le parti de tout accorder à leurs affects et plus rien à la raison analytique si elle risque de venir les contredire. Malheureusement, et si douloureuse la chose soit-elle parfois, on gagne rarement à ne pas regarder les situations en face. Une vraie stratégie politique, reconnaissable à ce qu’elle fait aussi bien la part de la lucidité que celle de l’espoir, devrait tenir et l’indiscutable énergie politique que, pour toutes leurs failles, ces mouvements ont fait naître, et la claire conscience des impasses où ils s’engagent, et ce faisant nous engagent, lorsqu’ils refusent à ce point de poser la question de l’euro — dont il ne faut pas se lasser de répéter qu’elle est le verrou radical de notre temps.

S’il doit être autre chose qu’un nouveau motif de dépression, le naufrage de Tsipras doit être intellectuellement rentabilisé, et nous aider, pour enfin faire mouvement, à passer une bonne fois la paille de fer. C’est-à-dire, en l’occurrence, à d’ores et déjà « passer dans les comptes » les pertes Podemos telles qu’on peut raisonnablement les anticiper. Sauf si… Sauf si, au lieu de compter sur la défectuosité Podemos pour réanimer (défectueusement) les gauches européennes, on compte plutôt sur les gauches européennes pour réorienter Podemos — et pourquoi pas Syriza s’il en reste quelque chose (ce qu’on espère le plus au monde, faut-il le dire). Cette réorientation, où la gauche en Europe engage son sort en la possibilité d’échapper enfin à l’inanité, se joue entièrement sur la ligne de la rupture avec l’euro et ses institutions, une fois intégré — il est vraiment temps… – qu’un autre euro n’est pas possible.

Lucidité pour tout le monde

Il est bien certain que la désynchronisation des conjonctures politiques voue le plus probablement cette rupture à prendre les formes du retour à des monnaies nationales — dont trois décennies de fordisme (comme d’ailleurs la situation présente des quelques 180 nations qui n’ont pas l’immense bonheur d’appartenir à l’eurozone) devraient normalement convaincre tout esprit ayant résisté à la croyance européiste qu’elles ne sont pas la guerre.

La lucidité valant pour tout le monde, il serait irresponsable de présenter la sortie de l’euro comme l’entrée immédiate dans la lumière. Quand il s’agit de la Grèce, on peut, on doit même, dire les choses plus carrément encore : la (les ?) première année de cette sortie serait très éprouvante. C’est qu’après cinq années d’austérité ayant méthodiquement détruit la base économique du pays, sans même parler des effets de dislocation produits par la criminelle asphyxie monétaire pilotée par la BCE ces dernières semaines, n’importe laquelle des options de politique économique disponibles, est vouée à commencer par d’immenses difficultés — et certaines de ces options, celles de la Troïka, à y demeurer. Tragique ironie du diktat du 12 juillet : là où la sortie de l’euro se serait immanquablement vu opposer son « échec » au bout de cinq mois (ou même cinq semaines…) — les politiques néolibérales, elles, ont le droit de durer cinq ans, ou même trois décennies sans qu’on n’en tire jamais le bilan —, là où, donc, la sortie de l’euro aurait été aussitôt agonie, c’est la politique d’austérité continuée qui portera la responsabilité du surplus de désastre que l’économie grecque va connaître immanquablement — et ça n’est que justice : c’est bien cette politique-là qui a fait un corps mort de l’économie d’un pays tout entier.

On répète ad nauseam que le peuple grec ne veut pas quitter l’euro et que, dans ces conditions, Tsipras a joué la seule carte qui était à sa disposition. Mais ceci est irrecevable. L’opinion grecque a déjà commencé à se déplacer sur cette question, et comme l’a fait justement remarquer Stathis Kouvelakis * le vrai sens du « non » au référendum du 5 juillet incluait évidemment l’acceptation d’une rupture avec l’eurozone : les partisans du « non » se sont entendu matraquer pendant une semaine que leur vote était synonyme de Grexit, et il est peu douteux que bon nombre d’entre eux aient persisté dans leur intention de vote en y incorporant pleinement cette possibilité, donc en l’assumant comme telle.

Il y a aussi, et surtout, que la politique est un corps-à-corps avec l’opinion. C’est entendre l’opinion et aussi lui parler. Parler à l’opinion, contre ses réticences premières, pour y faire « prendre » l’idée de la sortie de l’euro, de ses difficultés et bien sûr de ses perspectives, c’est ce que Tsipras, en cela cohérent avec lui-même — il n’y croyait pas et ne le voulait pas —, n’a (donc) jamais essayé de faire. Y compris lorsque la force propulsive du « non » lui en apportait la possibilité. Or il était bien des choses à dire pour entraîner l’opinion grecque là où elle commençait d’elle-même à se rendre. Les métaphores valent ce qu’elles valent et il faut se méfier de certaines qui sont parfois scabreuses, mais sans pousser trop loin l’analogie de la domination par les « tanks » et de la domination par les « banks »

il est une idée à laquelle l’opinion grecque, au point où elle en est arrivée, pourrait être sensible : de même qu’en cas d’occupation étrangère, les luttes de libération acceptent bien le supplément de destruction qui vient de se battre sur son sol, et qu’elles l’acceptent car il y va de la reconquête de la liberté, de même le surplus de difficulté qui accompagnerait immanquablement la sortie de l’euro est, dans l’impasse présente, le tribut de la reconstruction politique.

Lexit !

Or c’est peu dire qu’il y a à reconquérir et à reconstruire — par la gauche. La souveraineté, non comme talisman, mais comme condition de possibilité de toute politique progressiste — car répétons-le : la sortie de l’euro n’est jamais qu’une condition nécessaire, et certainement pas suffisante. On peut sortir de l’euro de bien des manières, et par bien des côtés — qui ne se valent pas du tout. Dans une sorte de syndrome d’autoréalisation inconsciente, la gauche européiste semble mettre tous ses efforts à ne laisser ouvert que le côté de la droite extrême, comme pour mieux se donner raison à elle-même et mieux pouvoir dire ensuite que la sortie de l’euro, « c’est le nationalisme ». Si c’est ça, ça n’est pas exactement un service qu’elle se rend, ni à tous ceux qui remettent leurs espoirs en elle. La vérité, c’est que depuis qu’elle a décidé de camper obstinément sur la ligne de l’« autre euro », elle ne rend plus service à grand monde. Comme les pouvoirs de l’analyse sont faibles — il n’y a pas de force intrinsèque des idées vraies, disait Bourdieu —, et que la lucidité du réalisme n’est pas le fort de cette gauche, il aura fallu en arriver aux extrémités du spectacle en vraie grandeur, celui d’une illusion fracassée, d’une impossibilité radicale désormais établie, du rôle spécifique qu’y joue un Etat-membre, enfin de tout un peuple sacrifié, il aura fallu en arriver à ces extrémités, donc, pour que quelques vacillements commencent à se faire connaître. Mais que de temps perdu…(…)

Texte intégral: Les blogs du diplo

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