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22 décembre 2024

SCISSION AU SEIN DE BOKO HARAM ? Mystère au sujet du chef du groupe islamiste


SCISSION AU SEIN DE BOKO HARAM ? Mystère au sujet du chef du groupe islamiste

Alors que Boko Haram a perpétré un nouvel attentat meurtrier, un mystère entoure le dirigeant de l’organisation terroriste.

Abubakar Shekau a brisé un silence de six mois, prenant en défaut ceux qui prétendaient que Boko Haram était «décapité». Le groupe islamiste n’est toutefois pas à l’abri d’une mutinerie.

Près de 150 personnes sont mortes dans une attaque menée par Boko Haram jeudi passé dans le nord-est du Nigeria, ont indiqué des habitants. La nouvelle n’a été connue que mardi à cause de la destruction des réseaux téléphoniques dans les environs du village par les insurgés.

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Un responsable du gouvernement local a confirmé cette attaque, en faisant état de son côté d’un bilan d’environ 50 morts. Ces nouvelles violences meurtrières surviennent alors qu’un mystère entoure la direction du groupe terroriste.

Dans un enregistrement audio diffusé dimanche -après six mois de silence- Abubakar Shekau a démenti avoir été tué ou remplacé, comme l’avait affirmé quelques jours plus tôt le président tchadien. A N’Djamena, Idriss Deby Itno avait déclaré que Boko Haram n’était plus dirigé par Shekau, mais par un certain «Mahamat Daoud», «qui veut négocier avec le gouvernement nigérian».

Pour Ryan Cummings, analyste à la branche sud-africaine de Red24, les propos de Deby ne sont «pas sans fondement». Selon lui, Boko Haram pourrait être un mouvement qui chapeaute des factions disparates et d’éventuelles rivalités internes «ne constitueraient pas une nouveauté pour la secte».

Plus de 15’000 morts

Les violences commises par Boko Haram dans le nord-est du Nigeria et leur répression par les forces de l’ordre ont fait plus de 15’000 morts depuis six ans. Mais les récentes attaques menées par les combattants islamistes au Niger, au Tchad et au Cameroun voisins ont poussé ces derniers à réagir militairement.

En mars, Abubakar Shekau a prêté allégeance au groupe Etat islamique (EI). Il a alors rebaptisé son organisation «Province Ouest-Africaine de l’Etat islamique» ou «ISWAP» son acronyme en anglais.

Un ancien militaire

L’expert nigérian en sécurité Fulan Nasrullah est un des plus réputés pour ses analyses sur Boko Haram. Selon lui, Mahamat Daoud serait en fait Muhammad Daud, un Arabe de l’ethnie showa originaire de l’Etat de Borno où est née l’insurrection en 2009.

Ancien militaire de 38 ans, Muhammad Daud fut un des protégés du fondateur de Boko Haram. Sur son blog abrité par le site londonien de la Société royale africaine, Fulan Nasrullah affirme que Daud est en désaccord avec le soulèvement de 2009 et qu’il est «l’un des principaux opposants au serment d’allégeance à l’Etat islamique».

Selon lui, Daud a quitté ISWAP avec plusieurs centaines de combattants. Parmi eux, figurent plusieurs commandants défavorables au groupe EI et à «l’extrême brutalité» de Shekau.

«Un apostat»

Il y a deux mois, ils ont repris l’ancien nom de Boko Haram, le «Groupe sunnite pour la prédication et le djihad». Ils ont «fait de Shekau un rebelle à l’enseignement de Muhammud Yusuf, un apostat, un déviant et un religieux hypocrite», écrit M. Nasrullah.

Toujours selon l’analyste, Daud aurait approché le gouvernement nigérian pour former une alliance afin d’éradiquer la branche franchisée EI de Shekau et gagner en retour un Etat autonome régi par la charia dans le nord-est.

«Lutte de pouvoir»

Une telle proposition pourrait séduire Abuja, car Daud détient des secrets cruciaux sur le financement de Boko Haram, son organisation interne. Il posséderait même des informations permettant de traquer et éliminer Shekau.

Andrew Noakes, qui coordonne le Réseau nigérian des analystes de la Sécurité met en garde contre les déclarations de Deby, lequel s’est déjà fourvoyé sur des informations liées à Boko Haram.

«Si cela est arrivé (comme le dit Deby, Ndlr.), alors cela pourrait dire un certain nombre de choses. Selon Deby, cela pourrait vouloir dire qu’il existe des négociations avec le gouvernement. Mais cela pourrait aussi vouloir dire que le groupe se referme sur lui-même alors que s’y joue une lutte de pouvoir.»

(ats)

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