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22 décembre 2024

Déclaration de solidarité des Noirs avec la Palestine


Palestine

Déclaration de solidarité des Noirs avec la Palestine
Été 2015

AURDIP

Mercredi 19 août 2015

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Plus de 1,000 militants, artistes, universitaires, étudiants et organisations noir(e)s ont signé la déclaration de solidarité des Noirs avec la Palestine, et notamment : Angela Davis | Cornel West | Mumia Abu-Jamal | Talib Kweli | The Dream Defenders | Malcolm X Grassroots Movement | Organization for Black Struggle – St. Louis

L’année écoulée a été une période de développement intensif pour la solidarité entre Noirs et Palestiniens. S’élevant de la terreur dirigée contre nous tous – depuis les nombreuses agressions contre la vie des Noirs jusqu’à la guerre brutale d’Israël contre Gaza et son asphyxie de la Cisjordanie –, nous avons observé l’émergence d’une détermination consolidée et d’un combat commun entre nos mouvements. Les Palestiniens sur Twitter furent parmi les premiers à fournir un soutien international aux manifestants de Ferguson, pendant que les Palestiniens à St. Louis apportaient leur soutien sur le terrain. Une délégation d’étudiants palestiniens est venue rencontrer les organisateurs noirs à St. Louis, Atlanta, Detroit entre autres en novembre, quelques mois avant que les Dream Defenders (Défenseurs du rêve) n’emmènent des représentants de Black Lives Matter (mouvement contre la violence policière anti-noir), de Ferguson, et d’autres groupes pour la justice raciale, en Palestine. Tout au long de l’année, les Palestiniens nous ont adressé de multiples lettres de solidarité tout au long des manifestations à Ferguson, New York et Baltimore. Nous offrons cette déclaration pour que se poursuive l’échange entre nos mouvements :

« Au premier anniversaire du massacre de Gaza de 2014, à la 48e année de l’occupation israélienne, à la 67e année de la Nakba toujours en cours des Palestiniens (le mot arabe pour la purification ethnique par Israël) – et au quatrième siècle de l’oppression des Noirs dans les États-Unis d’aujourd’hui -, nous, militants, artistes, universitaires, auteurs, et prisonniers politiques noirs soussignés offrons cette lettre d’une solidarité réaffirmée avec la lutte et l’engagement palestiniens pour la libération de la terre et du peuple de Palestine.

« Nous ne pouvons ni pardonner ni oublier la violence de l’été dernier. Nous restons indignés devant la brutalité à laquelle Israël s’est livré avec son siège, par terre, mer et air, lors de la plus récente des trois offensives militaires lancées contre Gaza en six ans. Nous restons écœurés par le ciblage par Israël des maisons, des écoles, des abris des Nations-Unies, des mosquées, des ambulances et des hôpitaux. Nous restons déchirés et révoltés par le nombre d’enfants qu’Israël a tués dans une opération qu’il a qualifié de « défensive ». Nous rejetons le rôle de victime que se donne Israël. Quiconque jette un regard franc sur les destructions des vies et des biens à Gaza peut voir qu’Israël a commis un carnage à sens unique. Avec 100 000 personnes toujours sans abri à Gaza, les effets du massacre continuent de dévaster Gaza aujourd’hui, et ils se poursuivront des années encore.

« L’injustice et la cruauté d’Israël à l’égard des Palestiniens ne se limitent pas à Gaza et ne concernent pas un groupe palestinien particulier. L’oppression des Palestiniens s’étend à travers tous les territoires occupés, à l’intérieur des frontières de 1948 d’Israël, et dans les pays voisins. Les Forces d’occupation israéliennes continuent de tuer des manifestants – dont des enfants -, elles continuent leurs raids en pleine nuit contre les civils, d’enfermer des centaines de personnes en détention illimitée, de démolir les maisons tout en agrandissant les colonies illégales pour juifs exclusivement. Les politiciens israéliens, comme Benjamin Netanyahu, exhortent contre les citoyens palestiniens à l’intérieur des frontières reconnues d’Israël, où plus de 50 lois discriminent les non-juifs.

« Notre soutien s’étend à ceux qui vivent sous l’occupation et sous le siège, aux citoyens palestiniens d’Israël, et aux cinq millions de réfugiés palestiniens exilés en Jordanie, au Liban, en Syrie et en Palestine. Le droit au retour des réfugiés dans leur pays d’origine dans ce qui est Israël aujourd’hui est l’aspect le plus important de la justice pour les Palestiniens.

« La libération palestinienne représente une menace inhérente à l’État sioniste d’Israël, un État colonial qui s’est bâti sur une purification ethnique, sur le vol de la terre, et le déni de l’humanité et de la souveraineté des Palestiniens. Même si nous reconnaissons que la configuration de l’apartheid en Israël/Palestine se distingue de ce qui a eu lieu aux États-Unis et en Afrique du Sud, nous continuons de voir des liens entre la situation des Palestiniens et celle de la population noire.

« L’utilisation généralisée par Israël de la détention et de l’emprisonnement contre les Palestiniens évoque l’incarcération massive des Noirs aux USA, notamment l’emprisonnement politique de nos propres révolutionnaires. Les soldats, policiers et tribunaux justifient la force meurtrière contre nous et nos enfants qui ne constituons aucune menace imminente. Et si les USA et Israël continuent de nous opprimer sans collaborer entre eux, nous avons été témoins que policiers et soldats des deux pays s’entraînent côte à côte.

« Les dirigeants et les médias états-uniens et israéliens criminalisent notre existence, présentent les violences contre nous comme des « incidents isolés », et qualifient notre résistance d’ »illégitime » ou de « terrorisme ». Ces descriptions ne tiennent aucun compte des décennies et des siècles d’une violence anti-palestinienne et anti-noire qui a toujours été au cœur d’Israël et des États-Unis. Nous reconnaissons que le racisme qui caractérise le traitement des Palestiniens par Israël est également dirigé contre d’autres dans la région, incluant l’intolérance, la brutalité policière et la violence contre la population africaine en Israël. Les dirigeants israéliens appellent les demandeurs d’asile venant du Soudan et d’Érythrée des « infiltrés » et ils les gardent en détention dans le désert, pendant que l’État fait stériliser les Israéliennes éthiopiennes à leur insu et sans leur consentement. Ces questions exigent une action unifiée contre le racisme anti-noir, la suprématie blanche et le sionisme.

« Nous savons que la violence d’Israël envers les Palestiniens serait impossible si les États-Unis ne défendaient pas Israël sur la scène mondiale et ne finançaient pas sa violence avec plus de 3 milliards de dollars chaque année. Nous demandons au gouvernement des États-Unis de mettre fin à son aide économique et diplomatique à Israël. Nous approuvons sans réserve l’appel de 2005 de la société civile palestinienne pour le Boycott, Désinvestissement et les Sanctions (BDS) contre Israël, et nous demandons aux Noirs et à leurs institutions et organisations de faire de même. Nous exhortons les gens de conscience à reconnaître le combat pour la libération palestinienne comme une question capitale de notre temps.

« Alors que le mouvement BDS grandit, nous proposons que G4S, la plus grande entreprise privée de sécurité, soit une cible pour une plus ample lutte commune. G4S nuit à des milliers de prisonniers politiques palestiniens détenus en Israël illégalement et à des centaines de jeunes noirs et bronzés dans les prisons privatisées pour mineurs aux États-Unis. L’entreprise tire profit des incarcérations et expulsions hors des États-Unis et de la Palestine, vers le Royaume-Uni, l’Afrique du Sud, et l’Australie. Nous rejetons les notions de « sécurité » qui mettent n’importe lequel de nos groupes en situation d’insécurité, et nous le réaffirmons, personne n’est libre tant que tous, nous ne le serons pas.

« Nous offrons cette déclaration d’abord et avant tout aux Palestiniens, dont la souffrance ne passe pas inaperçue et dont la résistance et la détermination contre le racisme et le colonialisme nous inspirent. C’est aux Palestiniens, ainsi qu’aux gouvernements israélien et états-unien, que nous déclarons notre engagement à œuvrer par des moyens culturels, économiques et politiques pour assurer la libération palestinienne, en même temps que nous œuvrons à notre propre libération. Nous encourageons les militants à utiliser cette déclaration pour faire avancer la solidarité avec la Palestine et nous incitons nos propres personnalités politiques noires à bouger enfin sur cette question. Par la poursuite de ces interactions et échanges transnationaux, nous cherchons à affiner notre pratique de la lutte commune contre le capitalisme, le colonialisme, l’impérialisme, et les différents racismes ancrés dans et autour de nos sociétés.

Ensemble vers la libération »

© 2009-2015 AURDIP
Association des universitaires pour le respect du droit international en Palestine

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