Haytham Manna, un des chefs de file de l’opposition démocratique syrienne, a mis en cause l’aptitude du royaume saoudien à faire preuve d’objectivité et de clairvoyance dans la sélection d’une délégation de l’opposition syrienne dans d’éventuelles négociations de paix, faisant valoir que l’Arabie saoudite,«partie prenante au conflit de Syrie, n’a pas renoncé à l’option militaire pour le règlement du conflit».
Dans une déclaration au site www.madaniya.info, M. Manna, président du mouvement QAMH (Valeurs, Citoyenneté, Droits) et un des fondateurs du Congrès de l’opposition démocratique du Caire, a fait valoir que:
1 – L’Arabie saoudite est partie prenante au conflit de Syrie. Elle n’a pas renoncé à l’option militaire pour le règlement du conflit.
2 – La délégation de l’opposition syrienne sélectionnée par l’Arabie saoudite pour mener les négociations avec le gouvernement de Damas comprend un groupe militaire mixte constitué de Syriens et de combattants étrangers proche de l’idéologie d’Al Qaida, avec laquelle il participe d’ailleurs à des opérations conjointes, alors que le Conseil de Sécurité de l’ONU réclame le retrait des combattants étrangers hors de Syrie, nonobstant la participation de ce groupe militaire à des opérations conjointes avec les groupements qualifiés de terroristes.
3 -Des partis démocratiques syriens ainsi que l’UNION DEMOCRATIQUE SYRIENNE ont été exclus de la sélection en raison d’un veto américain, alors que les Américains fournissent armes et expertises à ce dernier parti.
4 – La liste saoudienne est explosive et faible en mesure de transformer la conférence en champ de mines.
5- La conférence sur la Syrie ne se tient pas sur le modèle de Taëf, en 1989, (portant règlement du conflit libanais sous l’égide des Saoudiens), ni sur le modèle de Doha, 2007, portant règlement du conflit entre le Hezbollah et ses adversaires libanais partisans de l’ancien premier ministre Rafic Hariri, ni sur le modèle d’Istanbul, portant structuration de l’opposition syrienne islamo-atlantiste.
Ci joint l’intégralité de la déclaration dont l’adaptation en version française a été réalisée par la rédaction de madaniya.info
«Vu l’ampleur du drame syrien, tant en ce qui concerne le pays que ses concitoyens, et le rôle minoré d’une voix authentiquement syrienne dans la recherche d’un règlement politique du conflit, -minorisation résultant des interférences externes-, nous nous sommes mis à distance des médias, autant se faire se peut, œuvrant en silence avec un groupe de patriotes démocrates en vue de tenir une conférence de l’opposition syrienne en vue de promouvoir un règlement politique. Ce groupement est plus connu sous la dénomination du «Congrès du Caire».
Nous avons considéré la première conférence de Vienne comme un mécanisme permettant de réactiver un règlement politique. En conséquence, nous avons œuvré dans la mesure de nos possibilités pour faire en sorte que Vienne II soit davantage en conformité avec la proclamation de Genève, jetant les bases d’un règlement politique en Syrie.
Nous avons pris contact avec des pays amis en vue d’établir une passerelle entre Genève et Vienne. Nous pouvons dire que la Conférence Vienne II était plus équilibrée et plus proche de Vienne I.
Nous avons considéré que Vienne II comme une maison bâtie sur des os, susceptible d’être couverte de marbre, avec de fenêtres brisées et une porte arrachée de tous les éléments qui la rendent inhabitables.
La conférence de Vienne a chargé l’Arabie saoudite d’organiser une conférence de l’opposition syrienne à Riyad afin de sélectionner la délégation chargée de négocier au nom de l’opposition. Une mission extrêmement difficile car le rôle d’organisateur-arbitre nécessite beaucoup de sagesse, d’objectivité et d’aptitude à saisir la pleine mesure des divers facteurs déterminants.
A propos du Royaume saoudien
L’Arabie saoudite est partie prenante au conflit. Elle est représentée au sein de l’opposition par des amis et des alliés ainsi que par des personnes avec lesquelles elle n’était pas en contact auparavant. Sa position est connue. Elle n’a pas renoncé à l’option militaire.
Lors de nos entretiens avec les frères saoudiens nous avions clairement dit que nous étions extrêmement engagés dans la réussite de la conférence car venant dans le prolongement de développements devant déboucher sur des négociations. De telles négociations sont attendues par l’écrasante majorité de la population syrienne. Le succès de la conférence implique que soient réunis divers facteurs.
Nos interlocuteurs saoudiens ont veillé à nous tranquilliser, témoignant du souci d’éviter les embûches qui pourraient entraver la tenue des pourparlers.
Des dizaines de personnes nous ont interrogé sur ces facteurs. C’est pour nous l’occasion de rappeler notre point de vue sur les conditions de succès:
1- Prendre en considération la nature et la mission de cette conférence en ce qu’un tel événement constitue un tournant dans une attitude constante de la communauté internationale dans un processus amorcé à Genève, en 2012, qui a repris son souffle à Vienne I et Vienne II et qui devrait se prolonger à New York, à la mi décembre 2015.
La conférence sur la Syrie ne se tient pas sur le modèle de Taëf, en 1989, (portant règlement du conflit libanais sous le parrainage des Saoudiens), ni sur le modèle de Doha, 2007, portant règlement du conflit entre le Hezbollah et ses adversaires libanais partisans de l’ancien premier ministre Rafic Hariri, ni sur le modèle d’Istanbul, portant structuration de l’opposition syrienne islamo-atlantiste, sous le parrainage turc.
Car ceux qui seront présents ne pourront constituer que la moitié de la représentation et devront faire face à une autre moitié qui sera elle aussi présente à Genève. Les éventuels participants auront, préalablement, acquiescé à la proclamation de Genève et ne pourront représenter un courant préconisant l’instauration d’un Émirat islamique ou d’un état théocratique.
2-La mission de la conférence ne saurait, en aucun cas, entraver les efforts internationaux visant à trouver une issue au conflit ou de lui substituer au autre forum. Si les puissances régionales n’ont pas eu le courage de répondre à John Kerry lorsqu’il a évoqué un «État Laïc» pour la Syrie, la conférence n’a pas pour mission de confier aux ennemis de «l’état démocratique et laïc» de répliquer au secrétaire d’état américain.
3-La mission des participants n’est pas de marquer des points pour le compte des divers protagonistes régionaux et internationaux, mais de constituer une délégation de personnalités compétentes en mesure de négocier avec habileté et fermeté pour la défense des revendications du peuple syrien.
4 – Les participants ne sauraient avancer masqués. Ils doivent être représentatifs et disposant d’un poids auprès de l’opinion. Il est impératif que la conférence soit représentative par la qualité des personnalités sélectionnées. L’éviction de personnalités ou de groupes représentatives conduira la conférence vers l’échec.
Le résultat des démarches saoudiennes
1- L’objet de constituer une délégation représentative de l’opposition syrienne composée de personnalités de poids n’a pas été atteint, à en juger par la liste des sélectionnés portée à notre connaissance. Des personnalités patriotiques n’ont pas été conviées, en dépit de nos demandes en ce sens.
En revanche, des parties ayant clairement affiché leur hostilité au processus de Genève et de Vienne I et II ont été conviées, de même que des groupements qui nous ont criminalisé du seul fait que nous avions proclamé notre hostilité à l’option militaire en Syrie. Des parties portant de fortes empreintes turques ont également été conviées, ainsi que des groupements dont les effectifs ont été considérablement exagérés.
2- Un groupe militaire mixte constitué de Syriens et de combattants étrangers proche de l’idéologie d’Al Qaida, dont il participe d’ailleurs à ses opérations, a été sélectionné, alors que le Conseil de Sécurité de l’ONU réclame le retrait des combattants étrangers hors de Syrie, nonobstant sa participation à des opérations conjointes avec les groupements qualifiés de terroristes.
3 -Des partis démocratiques syriens ainsi que l’UNION DEMOCRATIQUE SYIENE ont été exclus de la sélection en raison d’un veto américain, alors que les Américains fournissent armes et expertises à ce dernier parti.
Tous ces éléments n’augurent rien de bon. Certains s’imaginent qu’une telle sélection sert la cause de l’opposition, mais semblent oublier que la liste est explosive et faible en mesure de transformer la conférence en champ de mines.
Ils feignent d’ignorer que la communauté internationale tiendra compte des résultats de la conférence dans la mesure de son succès quand la délégation est représentative et dispose d’un poids.
En cas de succès partiel, la communauté internationale s’autorisera le doit d’amender et de louvoyer. En cas d’échec, elle aura recours au Plan B se substituant à la conférence de Riyad.
Soucieux du succès de la conférence, nous avons décidé de rompre le silence et porter la parole en public, loin des discussions des couloirs et des conversations sur Skype.
Au pouvoir consultatif des démocrates, les gérontocrates opposent leur mépris.
Pour une Syrie démocratique civique civile pour tous ses concitoyens et toutes ses composantes.
Dans l’attente des résultats de la consultation du mouvement QAMH sur notre participation à la conférence de Riyad (8-10 Décembre 2015).
Signé Haytham Manna
Président du Mouvement QAMH
Membre du congrès de l’opposition démocratique syrienne du Caire
A propos du mouvement QAMH