Au moins quatre réservoirs de brut ont pris feu dans le nord de la Libye, conséquence de combats meurtriers entre des gardes des installations pétrolières et le groupe État islamique (EI), a indiqué mercredi la Compagnie nationale du pétrole (NOC). Ces affrontements ont eu lieu lundi et mardi. Au même moment, l’ONU s’efforce de mettre en place un gouvernement d’union nationale dans ce pays en proie au chaos où deux autorités rivales – l’une basée dans l’Est et reconnue par la communauté internationale, l’autre siégeant dans la capitale Tripoli – se disputent le pouvoir. L’émissaire de l’ONU, Martin Kobler, a de nouveau souligné la nécessité pour le Parlement libyen légitime, basé dans l’Est, d’approuver rapidement la formation de ce gouvernement, avertissant que tout retard profiterait au groupe extrémiste EI, qui contrôle déjà la ville de Syrte (450 kilomètres à l’est de Tripoli).
Selon un communiqué de la NOC (entité dépendant des autorités de l’Est) daté de mercredi, quatre réservoirs ont pris feu lundi en raison des combats autour du terminal d’al-Sedra, le plus grand site de stockage de pétrole en Libye, et celui de Ras Lanouf, situés à l’est de Syrte. Un responsable de la direction de la sécurité de la Syrte Oil Company a indiqué pour sa part à l’AFP que quatre réservoirs étaient en feu mercredi à al-Sedra. « Nous avons perdu dix de nos hommes depuis le début de l’attaque » de l’EI lundi visant les terminaux, a indiqué à l’AFP un porte-parole des gardes des installations pétrolières posté à al-Sedra, Ali al-Hassi. Cité par l’agence de presse proche des autorités de l’Est, le porte-parole de la NOC Mohamad al-Manfi a fait état mercredi en fin de journée d’un « retour au calme après deux jours d’affrontements dans la région du Croissant pétrolier », qui regroupe les terminaux d’al-Sedra, de Ras Lanouf et de Brega.
« Ennemi commun »
Les gardes des installations pétrolières ont reçu un appui aérien de la part des forces stationnées dans la base de Misrata, selon un responsable de l’armée de l’air de cette base située à 200 kilomètres à l’est de Tripoli. Cette base est contrôlée par Fajr Libya, une coalition de milices qui s’est emparée de Tripoli à l’été 2014 et y a installé un gouvernement, concurrent de celui exilé dans l’Est qui a ses propres forces armées. Un accord politique a été signé sous l’égide de l’ONU le 17 décembre au Maroc entre des membres des deux Parlements rivaux et représentants de la société civile libyenne. Prévoyant la formation d’un gouvernement d’entente nationale basé à Tripoli, il doit être entériné avant le 17 janvier par le Parlement. L’attaque de l’EI « doit rappeler à tous les Libyens la nécessité de mettre immédiatement en application l’accord politique et de former le gouvernement d’union nationale », a indiqué Martin Kobler dans un communiqué dans la nuit.
Le diplomate allemand a averti que « chaque jour qui passe sans que l’accord soit entériné est un jour de gagné pour l’EI ». Le chef de la NOC dépendant des autorités de Tripoli, Mustafa Sanalla, a condamné les attaques de l’EI, disant espérer que les violences « pourront faire réaliser aux leaders politiques de tous bords l’ampleur de la menace ». « Je les encourage de façon urgente à mettre de côté leurs différences. Nous avons besoin de nous unir contre cet ennemi commun, pas demain ou la semaine prochaine, mais maintenant », a-t-il dit dans un communiqué. La Libye dispose des réserves pétrolières les plus importantes d’Afrique, estimées à 48 milliards de barils. Sa production était estimée à 1,6 million b/j en 2011 mais a chuté d’un tiers depuis.
(06-01-2016 – Avec les agences de presse)
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