La chute du prix du pétrole a aggravé le phénomène de la pauvreté en Algérie. Le dernier rapport de la Banque mondiale, qui a annoncé récemment 9 millions de pauvres contre 8 millions en 2014, est inquiétant, surtout lorsqu’il précise que parmi ces pauvres qui vivent en dessous du seuil de la pauvreté20 % dépensent moins de 4 dollars par jour.
Ces chiffres dénotent que la pauvreté a fortement augmenté en Algérie avec 1 932 000 familles recensées en 2015, contre 1 628 000 en 2014, soit une hausse de près de 304 000 familles, précisent les auteurs du rapport, en ajoutant que plus d’un tiers du budget annuel des ménages algériens est consacré à l’alimentation, soit 44%, suivie du loyer et charges, 20%.
Les propos rassurants du gouvernement quant à la protection des couches sociales défavorisées ne contribuent en rien dans la réduction de la pauvreté dans les faits. Pendant que le fichier national pour le recensement des pauvres tarde à voir le jour, les mesures d’austéritésont déjà effectives et resserrent l’étau sur les classes à faibles revenus et même sur celles qui n’ont aucun revenu.
Le pire est encore à venir en 2016 : des augmentations drastiques ont été décidées par l’Etat pour augmenter ses recettes fiscales tout en réduisant ses dépenses, dont la hausse des prix des produits énergétiques, de la vignette automobile et autres, et l’importation de produits bon marché pas forcément de bonne qualité, même lorsqu’il s‘agit de produits vitaux tels que les médicaments remplacés largement par le générique sous prétexte de réduire la facture des importations.
A cela s’ajoute la cherté des produits alimentaires.Face à cette pauvreté galopante, notamment dans les zones éloignées du pays, il n’y a pas eu d’étude exécutive officielle malgré les promesses du ministère de la Solidarité.
Il faut souligner qu’il n’y a pas eu d’études exhaustives sur le nombre des pauvres, mis à part celle avancée parla Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) qui avait avancé un chiffre de 10 millions d’Algériens vivant sous le seuil de la pauvreté.
La ligue avait alerté les pouvoirs publics sur la dégradation vertigineuse du pouvoir d’achat des Algériens et la détérioration continue de leurs conditions de vie.
Dansson rapport publié en 2014,elle avait déploré l’absence d’une politique économique gouvernementale pour contenir le dysfonctionnement du système commercial qui génère un climat inflationniste, tout en notant que parmi les principales causes de la faiblesse du pouvoir d’achat il y a le salaire national minimum garanti (SNMG) fixé à 18 000 DA , en décalage avec la cherté de la vie.
« Les dernières augmentations salariales n’ont pas contribué à améliorer le pouvoir d’achat des fonctionnaires car la question des salaires n’a pas été traitée d’une manière étudiée et légale, en ce sens qu’il n’y a pas eu de mécanisme de régulation d’évolution des prix des produits, notamment ceux de large consommation sur la base du taux d’inflation », avait noté la ligue, en proposant en revanche l’institution d’un salaire minimum mieux adapté aux réalités locales, ou du moins la mise en place d’un « mécanisme durable et opérationnel pour maîtriser les prix de produits de large consommation ».