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24 novembre 2024

Le nouveau costume constitutionnel.


Le nouveau costume constitutionnel.

Par Mohamed Bouhamidi.

In Impact24 le 07.02.2016 17:21

Costume ou burnous, la métaphore populaire, à propos des Constitutions innombrables et successives dans notre État, a du sens.

Par extension, les citoyens de base, poussés insensiblement en dehors de la scène politique depuis trente ans, utilisèrent l’expression pour se demander si tel ou tel ou ministre pouvait porter le costume de la fonction.

Pas question de burnous pour cette catégorie. La distinction hiérarchique n’est pas négociable. Nous pouvons imaginer le Président, ou un nouveau marié le jour de ses noces, en burnous ou en costume. C’est bien le signe que la parole populaire, a toujours renvoyé, sur le président, l’allégorie de la noce et de toutes les significations que peut y mettre notre vécu social.

Le sens n’est pas seulement dans l’allégorie de l’entrée en exception prolongée du président.

Il indique d’abord que jusqu’à présent, toutes les Constitutions ont suivi la désignation du président. Ou, ont suivi une situation nouvelle dans le pays, alors que le président était en exercice. Comme pour Chadli après 1988, Bouteflika pour le troisième mandat, etc. Il s’agissait de donner une projection juridique au nouveau rapport de forces induit par l’arrivée de telle ou telle personnalité au sommet du pouvoir.

Et d’introduire les nuances juridiques qui allaient consacrer les virages dans les grandes orientations du pays.

Les tailleurs du pouvoir pouvaient couper le costume ou tisser le burnous à la taille exacte du nouveau maître des lieux ou à la démesure de ses ambitions.

Ce n’est plus le cas.

Le futur président, selon toute vraisemblance, ne sera pas l’actuel magistrat.

Pourtant, tout dans cette nouvelle Constitution, semble avoir été conçu autour de ses exigences, de son exercice sans partage du pouvoir, de son caractère.

Comme se pose, aujourd’hui, la question de savoir si les nouveaux ministres peuvent porter les costumes de leurs fonctions, se posera la question de savoir si le futur président pourra porter les démesures de cette nouvelle Constitution.

Nous sommes, donc, dans une configuration inédite, engendrée, non par un rapport de forces dans le réel, mais par une projection purement juridique, alors que toute la pratique et la tradition politiques de notre pays reposent sur le principe inverse.

Sommes-nous face à une tentative de prévention des conflits en édictant les règles de la succession sans que les conflits engendrent la destruction de la maison commune des factions au pouvoir ?

Cela pourrait signifier que les composantes du pouvoir ne peuvent plus reconduire les apparences de l’unité, à cause de la diversification des intérêts, la sophistication des sources d’enrichissement, les impasses enfantées par l’alignement aveugle sur le modèle économique occidental.

Elles sont alors obligées d’aller vers un «multipartisme» qui devrait, essentiellement, rester «leur multipartisme», d’où la nécessité d’un verrou autoritaire, voire dictatorial.

Ce serait dans un remake inusable, leur démocratie entre elles et la dictature pour tout le reste.

Il manque quelques acteurs, dont le peuple, dans la projection et beaucoup d’incertitudes sur la sagesse des acteurs qui ont fait réécrire la Constitution, en ramenant d’exil quelques doublures qui ont joué les premières scènes de la grande crise algérienne, dégénérée en guerre sanglante et destructrice pour notre pays.

M.B

source : http://www.impact24.info/nouveau-costume-constitutionnel/

Tag(s) : #Algérie politique, #luttes autour du pouvoir
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