In Impact24 le 28.02.2016 18:00
Par Mohamed Bouhamidi
Les menaces sibyllines prononcées à l’endroit de notre pays par Sarkozy à Tunis, avaient du sens.
Les silences de ses hôtes tunisiens et des autorités de ce pays, aussi. Le premier jouait son retour présidentiel. Les autres leur retour dans le giron atlantiste, seule espérance de réanimation de leur économie et d’évitement de nouvelles révoltes.
La prédiction devait affirmer ses capacités de prévision visionnaire et, donc, de dirigeant indispensable.
Même en dehors du pouvoir, Sarkozy a les relations pour connaître les analyses, les prédictions et les projections des appareils de la diplomatie française et des services secrets. Il connaît mieux que quiconque le réseautage de notre administration, le poids et la répartition des amis de la France dans les différents appareils et, par-dessus tout, l’influence hégémonique de appareils français sur les deux secteurs-clés de la culture et de l’information.
Nous savions comme lui que le traitement de l’Algérie était une question d’occasion et de circonstances favorables, pas de décision.
La précédente s’est perdue en décembre 2010/février 2011, quand il a cru récupérer le pays en gros et en détail. Et liquider par la grâce de ses successeurs gagnés à la politique d’Infitah et d’alignement sur la religion du libéralisme économique, l’idée de développement national indépendant de Boumediene.
A défaut d’avoir le pays entier, Juppé, Sarkozy, Hollande, Fabius tentèrent avec succès de l’avoir par morceaux en matière de commerce, d’avantages économiques, d’alignement diplomatique, de soumission culturelle, de réécriture mémorielle, d’encadrement et de manipulation médiatiques. Tout en échouant à l’entraîner dans le trou noir des aventures guerrières au Mali et en Libye.
Mais ils ont pu inscrire, entre temps, à leur actif ou à leur profit, la dégénérescence du berbérisme en kabylisme, la progression du MAK et des idées autonomistes en Kabylie, la crise ethno-religieuse de Ghardaïa, la reprise des conflits touaregs-brabiches sur la frontière algéro-malienne, le développement exponentiel d’une contrebande d’armes impunies à l’est du pays, l’impossibilité du pouvoir de contrôler l’économie informelle et, surtout, de gagner le minimum de légitimité qui l’autoriserait à prendre des mesures d’autorité.
Et l’échec fatidique du gouvernement à maîtriser les flux financiers et la valeur du dinar qui le met en situation de soutien à l’importation par le différentiel entre la valeur administrée de l’euro et sa valeur réelle sur le marché.
Mais le trou noir créé par Sarkozy et alimenté par Hollande est toujours actif à nos frontières, renforcé par les transferts de troupes fraîches de Daesh de la Syrie vers la Libye.
Souvenez-vous de la rage, du dépit, de la fureur qui s’est emparé des médias d’ici et de là-bas devant la « médiocrité » de notre peuple qui s’est placé en dehors des vents de l’histoire.
La crise des prix du pétrole vient d’offrir une occasion nouvelle et inespérée de faire entrer en coalescence tous les facteurs de crise internes et externes, sur l’exploitation des colères populaires prévisibles mais engendrées par les politiques d’alignement sur les conseils de ces mêmes contempteurs qui renvoient les responsabilités sur leurs disciples.
Le dossier du Figaro sur l’Algérie est le signe d’une mise en place d’un dispositif d’alerte sur les possibilités de la crise. Il a rempli sa première fonction : la crise à venir est du fait de ce pouvoir et de nos tares génétiques. Pas de l’ordre injuste du monde que nous vivons.
Et d’aligner les griefs possibles et imaginables qu’on peut lui adresser. Avec, cerise sur le gâteau, l’oracle de Sensal, l’autre idole néocoloniale, qui presse l’Occident qui désigne notre terre comme source de la future menace djihadiste, qu’il faut conjurer à temps. La parole ne peut être plus vraie puisqu’elle vient de «chez nous».
La parole de Javier Solana, plus sérieuse et plus significative, montre peut-être le début d’un débat sur le traitement le meilleur d’une crise d’effondrement de l’Etat en Algérie.
M. B.
source : http://www.impact24.info/de-sarkozy-figaro-lacte-de-guerre-preventif/