Le réchauffement climatique aggrave la situation au Moyen-Orient
12 juillet 2016
Publié par Gilles Munier
12 Juillet 2016,
Par Jonathan Marshall (revue de presse : Investig’Action – extrait: Le bourbier irakien – 7/8/16)*
Le changement climatique s’abat sur un Irak déjà dévasté. Comme l’ont mentionné trois experts dans une mise en garde parue dans le magazine Foreign affairs l’an dernier, ‘‘Le bassin composé du Tigre et de l’Euphrate et qui alimente la Syrie et l’Irak, est en train de se tarir à une vitesse considérable. Cette vaste étendue d’eau s’efforce déjà d’approvisionner pas moins de 10 millions de personnes déplacées en raison du conflit. Et les choses pourraient empirer très prochainement : l’Irak atteint un point critique[…]. A Karbala, les paysans sont désespérés et envisagent sérieusement d’abandonner leur terre. A Bagdad, les quartiers les plus pauvres s’en remettent à la Croix Rouge pour l’eau potable’’.
Plus au Sud, les fameux marais irakiens sont en train de s’assécher. Ce qui a été qualifié lors d’un reportage récent réalisé par NBC News de ‘‘catastrophe dans un des marais les plus importants au monde’’ est en train de devenir une urgence humanitaire. En plus d’anéantir la vie d’éleveurs et de pêcheurs, cela a contribué à augmenter la fréquence et l’intensité des tempêtes de sable et de poussière, s’étendant même à l’Iran et au Koweït. De nombreux habitants présentent de sérieux problèmes respiratoires en conséquence.
La course à l’approvisionnement en eau douce aggrave plus encore les conflits de la région. La Turquie, qui se trouve en amont de la Syrie et de l’Irak, a drastiquement réduit l’approvisionnement en eau de ses voisins depuis 1975 pour alimenter sa population urbaine et agricole. Elle s’est lancée dans la construction de nouveaux barrages pour récupérer d’avantage d’eau, et ce en dépit des protestations internationales et même de menaces d’actions militaires de la part de ses voisins.
Pendant ce temps, en Irak, le gouvernement régional kurde a menacé de confisquer l’eau d’irrigation dans sa lutte de pouvoir qui l’oppose à Bagdad. Et ISIS, qui contrôle les principaux barrages du pays, a installé des fermiers dans 4 provinces à risques majoritairement chiites en coupant la source d’eau depuis l’Euphrate.
Les défis politiques, économiques et sociaux liés à la sécheresse, les températures et les maladies qui en découleront s’intensifieront dans la région. Comme l’a récemment souligné un spécialiste du climat de l’Observatoire de la Terre Lamont-Doherty : ‘‘La Méditerranée est l’une des régions unanimement reconnues (par les modèles climatiques) comme une zone de sécheresse en devenir (en raison de l’influence de l’activité humaine sur le changement climatique). »
Le Président Obama l’a souligné en 2014 ‘‘ Si vous regardez l’histoire du monde, chaque fois qu’un peuple est désespéré, ou qu’il manque de nourriture, ou qu’il n’est pas en mesure de gagner sa vie ou de prendre soin de sa famille, alors cela constitue le terreau idéal aux idéologies les plus dangereuses.’’ Les études scientifiques prouvent qu’il a eu raison… (…)…
*Source et texte intégral : Investig’Action
Source originale: Consortium News
Traduit de l’anglais par Mustapha Bahman pour Investig’Action