Lorsque Fidel assume sa propre défense, les marionnettes de notre monde ont de quoi rougir
7 décembre 2016
Fidel vient de rendre l’âme en ce 25 novembre 2016. Pour ceux et celles qui ont connu et continuent de connaître cet homme exceptionnel, sa mort physique représente la perte d’un être cher qui aura témoigné, jusqu’à la toute fin, des motifs profonds de ses engagements révolutionnaires. Il n’aura retenu rien pour lui, mais tout pour son peuple et les peuples du monde en lutte pour leur libération des pouvoirs coloniaux et impériaux, en marche, pour transformer en réalité l’avènement d’un monde de justice, de vérité, de solidarité inconditionnelle à l’endroit des plus démunis et sans défense.
Pour les adversaires d’un tel projet qui va au-delà des paroles et qui prend de plus en plus forme dans les pays en quête de liberté et d’indépendance, ce Fidel Castro ne peut être qu’un monstre sanguinaire, sans âme ni conscience, qui se nourrit du sang de son peuple et de ceux du monde. Il suffit de faire le tour des grands titres de nos médias système où le mot journaliste se transforme en agent de propagande pour constater que ce prophète des temps modernes n’est rien de plus qu’un dictateur sanguinaire, un manipulateur qui s’est enrichi au détriment de son peuple. Je vous fais grâce de tous ces titres que nos médias système alignent à la Une de leurs pages principales et que nos journalistes, se considérant toujours comme des spécialistes de l’information, commentent, les larmes aux yeux, sans analyse et sans exemple, ces crimes dont on le rend responsable.
Lorsque je lis ces soi-disant journalistes, aussi sensibles au sang versé d’innocentes victimes, je me demande où ils étaient lorsque les États-Unis et ses alliés faisaient de millions d’innocentes victimes en Irak, en Afghanistan, en Libye et maintenant en Syrie avec l’aide et la collaboration de mercenaires et de terroristes. Où sont-elles ces larmes qui crient au scandale devant autant de crimes ? Que sont devenus ces peuples libérés par les États-Unis et ses alliés dont ils sont si fiers ? Ces peuples ont-ils retrouvé la liberté promise, les systèmes d’éducation et de santé indispensables à leur développement ? Rien de tout cela n’est à l’horizon. C’est la destruction d’États et l’asphyxie de peuples entiers. Ces journalistes système parlent de Fidel comme d’un dictateur sanguinaire, mais il ne leur vient pas à l’esprit de parler de l’Empire comme de l’une des dictatures les plus cruelles que connaît notre monde. L’Empire n’a fait que semer morts et désolation. Tous ces crimes de l’empire n’intéressent pas nos journalistes, pourtant si sensibles aux crimes, non analysés et non circonstanciés, de Fidel.
Il est vrai que Fidel a pris le chemin de la Révolution armée, une fois qu’il a pris conscience que la voie démocratique lui était fermée. Effectivement, quelques mois avant la tenue d’élections auxquelles Fidel allait se présenter comme candidat à la présidence de Cuba, Batista, l’homme de main de Washington, réalise un coup d’État et reporte les élections prévues pour juin 1952, fermant ainsi la porte à la voie démocratique. Ce fut le signal de départ pour ces jeunes amants de la justice et des libertés démocratiques de prendre le chemin de révolution. Nos journalistes système parlent très peu de ce coup d’État de Batista à quelques mois d’élections générales.
Le 26 juillet 1953, alors âgé de 25 ans, Fidel avec ses 150 compagnons, attaquèrent la Caserne de la Moncada. Plusieurs perdirent la vie et plusieurs autres dont lui-même furent fait prisonniers. C’est dans le cadre de ces années de prison qu’il nous faut comprendre cette intervention historique de Fidel, assurant lui-même sa propre défense devant ces juges qui devaient décider si oui ou non il serait libéré. Son discours la mesure de l’homme qu’il était et qu’il a toujours été. Je reproduis ces quelques extraits qui nous révèlent mieux que tout la trempe de l’homme et l’humanité dont il était capable. Il est important que le monde sache et que nos journalistes système en prennent bonne note. Le moment est bien choisi pour en faire le rappel.
« Je vous avertis que tout ne fait que commencer. Si dans vos âmes il y a encore un brin d’amour pour la patrie, pour l’humanité, pour la justice, alors écoutez-moi avec attention. Je sais que vous allez me contraindre au silence pendant de nombreuses années. Je sais que vous ferez tout en votre pouvoir pour cacher la vérité. Je sais que la conspiration contre moi visera à ce que je passe à l’oubli. Mais ma voix ne s’éteindra pas pour autant : elle prend toujours plus de force dans ma poitrine lorsque je me sens seul et elle apporte à mon cœur toute la chaleur que lui nient les âmes lâches.
Lorsque vous jugez un accusé pour vol qualifié, Honorables Juges, vous ne lui demandez pas combien de temps il est sans travail, combien d’enfants il a, quels jours de la semaine il a mangé et ceux où il n’avait rien à manger. Vous ne vous préoccupez pas du tout des conditions sociales de l’environnement dans lequel il vit. Vous les envoyez en prison sans plus de considération. Par contre, vous ne voyez pas les riches qui mettent le feu à leur commerce et à leur boutique pour réclamer des polices d’assurance, même si, dans ces feux, des êtres humains y périssent. Ils ont suffisamment d’argent pour payer des avocats et corrompre les juges. Vous envoyez en prison le malheureux qui vole parce qu’il a faim, mais aucun, des centaines de voleurs qui s’emparent de millions à l’État, ne passera une seule nuit derrière les barreaux. Vous mangez avec eux à la fin de l’année dans quelque lieu aristocratique et ils ont ainsi votre respect.
Je terminerai ma plaidoirie d’une manière peu commune à certains magistrats en ne demandant pas la clémence de ce tribunal. Comment pourrais-je le faire alors que mes compagnons subissent en ce moment une ignominieuse captivité sur l’île des Pins ? Je vous demande simplement la permission d’aller les rejoindre, puisqu’il est normal que des hommes de valeur soient emprisonnés ou assassinés dans une République dirigée par un voleur et un criminel. Condamnez-moi, cela n’a aucune importance. L’histoire m’absoudra. »
(Fidel Ruz Castro)
Qui de nos hommes et femmes politiques auraient ce courage et cette profondeur morale pour assumer de pareils propos en de telles circonstances. Je pense que nous y gagnerons tous et toutes à relire ces propos de ce jeune avocat, devenu révolutionnaire, suite au coup d’État provoqué par Batista. Les droits du peuple et sa libération de l’esclavage, la reprise en main de son destin et la conquête de ses institutions sont des objectifs qui ont inspiré Fidel et inspirent toujours ses compagnons de lutte.
Si tout a été dit et redit contre Fidel, ces quelques mots de son intervention devant la justice de Batista suffisent à démontrer le vide et la mauvaise foi de toute cette propagande anticastriste. Les peuples et les personnes de bonne volonté savent reconnaître l’authenticité et le vrai chez les personnes d’honneur. Fidel en est un exemple qui continuera de vivre dans le cœur et l’esprit de nombreux peuples. N’en déplaise à ses détracteurs.
Oscar Fortin
Le 28 novembre 2016