Jeune Afrique a publié dans son dernier numéro une enquête où elle a « plongé dans la nébuleuse Ennahdha ». Illustré des photos, entre autres, du président du mouvement Rached Ghannouchi, l’article écrit par Dahmani, spécialiste de la Tunisie, a disséqué les tensions internes quisecouent le mouvement et son auteur est revenu sur le dernier congrès de mai 2016 qui a vu la montée des contestations de la gestion du parti et la querelle toujours présente entre « faucons et modérés, jeunes loups et vieille garde, « Tunisiens » et « exilés ». Car, « contrairement aux apparences, de nombreuses lignes de fracture traversent le parti islamiste Ennahdha ». Elle a évoqué « la crainte de devoir rendre des comptes sur le départ de Tunisiens pour le jihad en Syrie, ainsi que sur des dossiers de corruption »
« Beaucoup l’ont compris : hors Ennahdha et l’approbation du cheikh, point de salut. Certains, comme Samir Dilou et Ajmi Lourimi, qui avaient été mis en avant en 2012 pour leur progressisme, ont disparu des écrans radars.
Ceux qui ont osé quitter le parti en ont fait les frais, comme Hamadi Jebali et Riadh Chaïbi, qui n’ont jamais retrouvé leur entregent politique. Avec l’islam et une vision sociétale prégnante pour ciments, Ennahdha est incontournable, mais pourrait ne plus être qu’un colosse aux pieds d’argile.
« Les municipales de décembre 2017, la crainte de devoir rendre des comptes sur le départ de Tunisiens pour le jihad en Syrie, ainsi que sur des dossiers de corruption, ont conduit tout le monde à suspendre les règlements de comptes. Tous se rangent derrière Rached Ghannouchi », explique Alaya Allani, qui estime que la mise au ban du Qatar va rebattre les cartes et obliger les islamistes tunisiens, qui ont amplement profité de ses largesses, à faire profil bas avec les pays arabes.
Mais c’est surtout l’électorat tunisien qui se montre intransigeant, imputant à Ennahdha une mauvaise gestion des deniers publics, mais aussi la paralysie du pays à force de pratiquer le consensus. « C’est trop facile de se dégager des responsabilités alors qu’Ennahdha est de fait au pouvoir et conduit le premier groupe parlementaire », tacle Imen Sayed, membre de l’association Voix des femmes.
En janvier 2017, selon un sondage conduit par Sigma Conseil, 59,5 % des Tunisiens ne faisaient pas confiance à Rached Ghannouchi. Pour Ennahdha, qui avait été contrainte à quitter le pouvoir en 2013 mais qui n’en a pas moins continué à participer au gouvernement, une nouvelle étape est en jeu, avec à la clé les municipales, mais aussi les législatives et la présidentielle de 2019.
La victoire est loin d’être acquise puisqu’il lui faudra composer avec ses divergences internes et compter avec le désamour des Tunisiens ».
http://www.jeuneafrique.com/mag/446436/politique/tunisie-plongee-coeur-d…N’oublions pas non plus que les islamistes tunisiens portent une grande responsabilité dans la destruction de la Libye et l’assassinat de Kadhafi
ginette