La communauté internationale, hormis les Etats-Unis, est unanime pour dire que la reconnaissance de Jérusalem en tant que capitale d’Israël ne serait pas un bon signal si on veut relancer les pourparlers de paix dans la région. Le statut de Jérusalem en est l’une des questions centrales et doit, selon les experts en diplomatie, faire l’objet d’un accord entre les deux parties dans les négociations pour éviter au maximum d’exacerber les tensions.
Qu’en est-il du processus de paix ?
Les Palestiniens vont en outre voir l’annonce de Trump comme la fin de leurs espoirs de voir un jour Jérusalem-Est devenir la capitale d’un futur Etat palestinien indépendant. Les efforts diplomatiques n’auront finalement pas aidé à se rapprocher d’un Etat qu’ils considèrent comme le leur. « Par ces décisions déplorables, les Etats-Unis sapent délibérément tous les efforts de paix et proclament qu’ils abandonnent le rôle de sponsor du processus de paix qu’ils ont joué au cours des dernières décennies », a affirmé le président palestinien Mahmoud Abbas.
Côté israélien, on accueille à bras ouverts la nouvelle. Depuis l’annexion de Jérusalem-Est à la suite de la guerre de Six Jours de 1967, Israël revendique la ville comme étant sa capitale « éternelle et indivisible ». Ce qui n’est pas reconnu par la communauté internationale. Mais avec la reconnaissance des Etats-Unis, les politiciens israéliens pourraient voir de moins en moins d’intérêts à négocier avec les Palestiniens. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a notamment salué comme un « jour historique » la décision de Donald Trump. Il a cependant assuré que cette décision ne changerait rien en ce qui concerne les lieux saints des trois grandes religions monothéistes à Jérusalem, affirmant l’engagement israélien à maintenir le « statu quo ».
Quels sont les risques pour la stabilité de la région ?
L’annonce de Donald Trump va fragiliser une région qui est déjà instable. « Prendre une telle décision met le monde, et spécialement la région, dans un cercle de feu », a déclaré le président turc Erdogan. La Turquie a laissé entendre qu’elle pourrait rompre ses liens diplomatiques avec Israël si le projet se concrétisait, précise The Guardian. Les pays arabes qui bordent Israël (Egypte, Jordanie, Liban, Syrie…) ont également condamné cette décision. De même que l’Arabie saoudite, important allié des Etats-Unis dans la région, pour qui il s’agit « d’un recul dans les efforts en faveur du processus de paix et d’une violation de la position américaine historiquement neutre sur Jérusalem ». Les Saoudiens espèrent que l’administration américaine va revenir sur sa décision.
Et la ville de Jérusalem et ses habitants ?
En 2015, les Palestiniens représentaient 37% de la population de la ville, soit environ 850.000 habitants, dit The Guardian. Beaucoup vivent dans des maisons et des quartiers surpeuplés, incapables d’obtenir un permis pour construire ou agrandir. Les trois quart vivent sous le seuil de pauvreté et 25% dans des quartiers coupés du reste de la ville par la barrière de séparation. Il est difficile de croire que leur situation puisse s’améliorer après la déclaration de Trump. Nir Barkat, le maire de la ville, a par ailleurs averti que les personnes qui feraient preuve de violence « paieraient un lourd tribut ».
Qu’en pense l’Europe ?
La plupart des pays d’Europe occidentale se disent inquiets par la reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale d’Israël. Reste à savoir si l’Union européenne décidera de prendre des mesures conséquentes, comme l’interdiction stricte d’importations venant de Cisjordanie ou le refus de traiter avec des entreprises israéliennes opérant dans les territoires occupés, ce qui permettrait de se démarquer de façon nette de la position des Etats-Unis.