LE CHAOS : La nouvelle stratégie US
29 septembre 2018
France-Irak Actualité : actualités sur l’Irak, le Proche-Orient, du Golfe à l’Atlantique
Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak, au Proche-Orient, du Golfe à l’Atlantique. Traduction d’articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne, enquêtes et informations exclusives.
Publié par Gilles Munier sur 29 Septembre 2018
Catégories : #Tunisie, #Irak, #Syrie, #Iran, #Trump, #Macron
Léo Strauss, théoricien du Chaos et maître à penser des néo-cons américains
Par Maître Mohamed Ammar (revue de presse : Tunisie numérique – 28/9/18)*
Depuis la première guerre contre l’Irak, les États-Unis ont fait comprendre au monde arabe que les richesses de son sous-sol sont la propriété exclusive de l’Amérique. Les Etats-Unis n’acceptent dans ces contrées aucun empiétement ni défi idéologique prolongé à ce qu’ils considéraient comme la « liberté ». Edward W. Said, dans ‘’CULTURE ET IMPERIALISME’’, a démontré que le jumelage de la puissance et de la légitimité, l’une valant dans le monde de la domination directe, l’autre dans la sphère culturelle, est une caractéristique de l’hégémonie impériale classique. En rapport à l’impérialisme européen, les américains ont usé de l’autorité culturelle. Anthony Smith, dans ‘’The Geopolitics of Information’’ insiste sur « la menace à l’indépendance que représente la nouvelle électronique en cette fin de XXè siècle qui pourrait se révéler supérieure à celle du colonialisme lui-même. Le résultat pourrait être un immense chaos, une exacerbation des contradictions sociales actuelles au sein des sociétés en développement ». On se rappelle le rôle joué par les médias américains dans la justification de la guerre contre l’Irak par la diabolisation de Saddam Hussein, un chef arabe qui a osé défier l’empire.
Au début du XXIè siècle, ces mêmes médias ont commencé à évoquer “la théorie du Chaos” élaborée par Léo Strauss, philosophe politique américain. Il s’est entouré d’une bande de jeunes élèves qui ont tous intégrés le Pentagone et constitué une secte qui inspira sa stratégie. Cette doctrine stratégique se résume ainsi : le plus simple pour piller les ressources naturelles d’un pays, sur une longue période, ce n’est pas de l’occuper, mais de détruire l’Etat. Dés lors la stratégie de Washington avec l’OTAN est de détruire les Etats par tous les moyens en prétendant instaurer des ’’démocraties parlementaires’’.
Cette théorie a été enrichie par Barnett, philosophe juif américain, qui estime qu’il faut se méfier des démocraties occidentales après l’échec de la République de Weimar et la Shoah. Il prétend que le seul moyen de se protéger d’un nouveau nazisme est d’instaurer sa propre dictature mondiale. De ce fait, il faut détruire certains Etats puis les reconstruire selon de nouvelles lois. Les idées lumineuses du philosophe ont été mises en exécution contre le Liban en 2006. L’échec israélien était retentissant. Cette théorie enrichie sera désormais conduite contre des régions. Le capitalisme mondial en implosion amène l’empire yankee à prévoir l’instauration du chaos en Europe.
Les “printemps arabes” dans le chaos
Conçu par le MI 6 en souvenir de la “révolte arabe de 1916” et des exploits de Lawrence d’Arabie, les printemps ont été inscrits dans la même stratégie US. La Tunisie est devenue ingérable puisque les américains ont imposé les frères musulmans au pouvoir. Le peuple a cru en la “démocratie” vantée par ses laquais car il ignorait que l’islam politique refuse le principe même de la démocratie – le droit pour la société de construire son avenir par la liberté qu’elle se donne de légiférer. En outre ils s’adaptent aisément aux exigences de l’ordre libéral mondialisé et servent l’impérialisme chaque fois que ce dernier estime utile d’intervenir brutalement, s’il le faut. La sauvagerie attribuées aux peuples qui sont les premières victimes de l’islam politique permet d’alimenter « l’islamophobie ». D’ailleurs ce n’est pas un hasard si le G7 ne condamne que le Hezbollah au Liban et le Hamas en Palestine qui s’attaquent à ses projets ! Le chaos a atteint une intensité telle que seuls les frères musulmans n’ont pas perçus.
La Tunisie, malgré ses acquis réalisés par l’Etat de l’indépendance, ne sortira pas du chaos de sitôt. Le cas de son voisin, détruit par l’OTAN, semble devoir demeurer éternellement dans le chaos. La Libye a été détruite parce que les américains veulent la maintenir dans cette situation, donc exploitable à merveille. Cette situation chaotique peut se révéler bénéfique si les dirigeants algériens ne prennent pas conscience du danger qui pèse sur leur pays. L’Egypte a été sauvé par son armée et se trouve en position d’échapper au chaos.
La Syrie est le seul pays dont le pouvoir n’a pas été transféré aux frères musulmans. Le président, son armée et son peuple ont – appuyé par la Russie, l’Iran et le Hezbollah- pu sauver leur pays du chaos même si les frères musulmans ont fait régner le chaos à Idleb. Les événements attestent l’efficience de cette “théorie”. Les pouvoirs publics se chamaillent pour des raisons de concurrence pour le pouvoir entre l’héritier de son père président et un jeune VRP Premier ministre sorti frais de l’administration de l’ambassade US. Une institution imposée par le “printemps” pour réaliser la justice transitionnelle dont la fin a été proclamée par la Chambre des députés du peuple mais maintenue par notre jeune Premier ministre.
Pendant ce temps, tous les indicateurs économiques sont au rouge. Les institutions économiques internationales nous réprimandent en raison de notre administration pléthorique tout en feignant ne pas savoir que cette pléthore a été réalisée par les frangins introduits grâce aux américains. Ils savent aussi que la situation calamiteuses des Caisses sociales a été mise en œuvre par les laquais.
Cette théorie du chaos enrichie devait s’étendre à d’autres ères géographiques. L’Europe et l’Amérique latine doivent connaître le même sort.
” Baiser l’Europe “
Madame Victoria Nuland, sous secrétaire d’Etat américain, alors qu’elle contrôle secrètement les événements de la place Maidan en Ukraine, affirma que son but était de ” baiser l’Union ” (sic)! Mieux, les américains ont empêché l’étude de la ” théorie du chaos ” par les académies militaires européennes. Ceux qui se sont hasardés à le faire ont été traités de ” conspirationnistes “. Cette posture a été confirmée depuis l’époque de Bush père. Ce dernier chargea un disciple de Léo Strauss, Paul Wolfowitz d’élaborer une stratégie pour l’ère post-soviétique. La ” doctrine Wolfowitz ” prétendait que la suprématie des Etats-Unis sur le reste du monde exige, pour être garantie, de brider l’Union européenne.
Lors de la crise financière de 2008, Christina Rohmer, Présidente du Conseil économique de la Maison Blanche, expliqua que le seul moyen pour renflouer les banques était de fermer les paradis fiscaux des pays tiers, puis de provoquer des troubles en Europe de sorte que les capitaux refluent vers les Etats-Unis. Ce qui se traduit par la position prise par le Président Trump, lors du dernier G7, lorsqu’il condamne l’Allemagne pour les accords d’approvisionnement en gaz de la Russie.
Les migrations en Méditerranée sont manipulées par le milliardaire Soros pour accroître les problèmes en Europe, même si la migration syrienne en Allemagne a été recommandée par le patronat allemand. Il semble même que la majorité de la droite issue des dernières élections en Italie soit appuyée par Trump pour miner l’union de l’intérieur. Les européens atteints de cécité vis à vis du grand frère commencent à prendre conscience des attaques américaines. Ils ont montré leur attachement à l’application de l’accord signé avec l’Iran et parlent de contourner les mesures de rétorsion contre les entreprises européennes qui commercent avec l’Iran.
Est-ce le signe d’un réveil européen ? La domination américaine de l’Europe remonte à sa naissance. J’ai rappelé, dans un article paru dans l’hebdomadaire Réalités du 26/7/2016 que l’Europe répondait à un projet de collaboration des élites économiques et financières de l’après- guerre mondiale parrainée par les Etats-Unis, de manière à associer le capitalisme européen aux besoins du militarisme yankee.
Le Venezuela, en raison de sa richesse pétrolière, a été la cible de la ” théorie du chaos ” “enrichie” par Barnett. Déjà le récipiendaire du Prix Nobel de la paix, Barak Obama, lui a imposé des sanctions. Le président Trump a durci davantage les sanctions. Celles-ci empêchent le Venezuela d’encaisser les dollars provenant de la vente de son pétrole. Washington cherche à interdire au pays d’importer des médicaments et de la nourriture, donc à crée des tensions sociales (appuyées par les Yankees). En outre, les USA veulent acculer l’Etat à ne pas payer sa dette extérieure. Le président Maduro vend son pétrole à la Chine en Yuan. Pour démontrer sa bonne foi, il a annoncé lors de son dernier discours à l’Assemblée Générale de l’ONU, qu’il était prêt à rencontrer les dirigeants américains.
La mise en exécution de cette “théorie” trouve devant elle deux puissances. Cherchant à instaurer des relations étatiques fondées sur le respect des souverainetés de chaque Etat, la Russie et la Chine commencent à réadapter leur position face à l’empire. La guerre commerciale entamée par les USA contre la Chine et les sanctions contre la Russie peuvent constituer une menace rapide contre la suprématie de la monnaie US. En attendant, la situation dans les pays touchés par les “printemps” est devenue chaotique au point de devenir très alarmante.
La situation, en Tunisie, exige des mesures radicales. Une refonte du système électoral et l’adoption d’une nouvelle Constitution s’imposent urgemment. Le Parti Destourien Libre a déjà formulé ses réformes. Mais les dirigeants “inéptocrates” installés par le printemps sionistes ne sont pas aptes à entreprendre une telle réforme. Il faut espérer que nos amis yankees révisent leur attitude. Il faut que nos amis européens saisissent que le grand frère cherche à les “baiser”. Que de ce fait, ils doivent réviser leur position et ne pas nous contraindre à signer L’Aleca malgré la promesse de notre jeune VRP. Les secousses du “chaos” ont ramené la Tunisie un siècle en arrière.
Source : Tunisie numérique