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23 novembre 2024

Brésil : les bolsonazis sèment la mort et la terreur


Actualité

Smaïl Hadj Ali

Dimanche 14 octobre 2018

Publié sur Investig’action

Dans un précédent article, « Le Brésil sur la voie du fascisme ? [1] », nous avions qualifié Bolsonaro de psychopathe et de chef de gang de brutes fascistes, qui ne connaît ni remords, ni retenue, attise la haine et les frustrations, exalte les instincts les plus obscurs, et d’insondables pulsions mortifères chez ses partisans depuis de nombreuses années. Ces constantes, qui n’avaient point besoin d’être confirmées, tant le personnage et ses troupes s’identifient et se projettent en elles, ont franchi une nouvelle étape dans la journée et au soir du premier tour.

Dans cette phase d’accélération de l’histoire et de bifurcation vers les pires régressions, il ne se passe pas un jour, depuis le 7 octobre, sans que les bolsonaristes, émules des Sections d’assaut nazies [2] , intimident, injurient, agressent, tabassent, menacent de viols, poignardent, blessent et tuent.

Ils portent la terreur et la mort comme la nuée l’orage

À travers ces pratiques fascistes, ils instaurent un climat de peur et sèment la terreur afin d’empêcher toute velléité d’expression libre et démocratique le 28 octobre, indépendamment du rôle essentiel, sur le moyen et le long terme, de ces pratiques et méthodes dans le dressage et le contrôle de la population, dans l’intérêt bien compris des classes exploiteuses.

À cet effet, il y a lieu de penser que Bolsonaro, si par malheur il sort vainqueur au second tour, n’hésitera pas à institutionnaliser et fédérer ces groupes et individus dans des milices terroristes semblables, peu ou prou, à celles des S.A nazis[3], dans un pays où les appareils répressifs d’État maillent fortement l’espace public national.

Sans prétendre à l’exhaustivité, les premières recensions, effectuées par les médias progressistes et démocratiques, indiquent qu’entre dimanche 7 et mercredi 10 octobre, plus de 70 agressions physiques ont été commises par les nervis fascistes sur l’ensemble du territoire brésilien.

Au moment où sont rédigées ces lignes, ces agressions, ces violences physiques se répartissent ainsi : 14 dans le sud, 32 dans le sudeste, 18 dans le nordeste, 3 dans le centroeste et 3 dans le nord du pays.

Les quelques cas que nous avons relevés ici ont valeur d’exemple et sont significatifs du climat de haine et de terreur qu’ils veulent imposer à tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans leur projet liberticide, ou le rejettent.

Le soir des résultats le compositeur et maître de la capoeira Romualdo Rosario Costa, dit Moa do Catendè   a été assassiné par un bolsonariste suite à une vive discussion dans une buvette de la périphérie de Salvador de Bahia. L’assassin est sorti du bar, pour revenir avec un couteau et porter 12 coups fatals à l’artiste bahianais.

La veille, l’ex chanteuse transgenre du groupe Furaçao 2000, Julyana Barbosa a été attaquée à Rio à coups de barre de fer par un groupe de bolsonaristes hurlant « les gens-poubelles doivent mourir ».

D’autres cas de violences extrêmes ont été rapportés par les médias progressistes et démocratiques.

Ainsi, dans la nuit du dimanche 7 au lundi 8 octobre, à Porto Alegre, cité fondatrice du Forum Social Mondial en 2001, une jeune femme de 20 ans a été violemment agressée par trois bolsonaristes pour avoir apposé un autocollant # Ele Não, –Pas lui-, aux couleurs de la bannière LGBT sur son sac à dos. Non contents de la rouer de coups, ces brutes ont gravé une croix gammée sur son ventre avec un couteau.

Tout aussi violente et abjecte fut la réaction du chef de la police locale qui déclara, à la BBC News Brazil, avoir dit à la jeune femme que la croix gammée était un signe boudhiste [4] qui prône la paix et l’amour, et qu’elle pouvait vérifier cela sur Internet.

En accord et en phase avec les discours injonctifs sordides de leur chef de gang, qui affirma haineux en 2013, « Il y a trop d’homosexuels. Je suis homophobe et fier de l’être », les hordes fascistes s’en prennent ouvertement et violemment, dans les espaces publics aux homosexuels, et ce partout dans le pays.

C’est ce qui s’est produit dernièrement dans le métro de Sao Paulo où des groupes de supporters fanatisés du Palmeiras, un club de football de première division paulista, ont vociféré en boucle un hymne homophobe : « Fais attention à toi salope, Bolsonaro va tuer les PD ». Les supporters de l’Atletico Minas Gerais, en firent de même dans leur stade à Belo Horizonte. Comment à cet effet, ne pas songer  à l’impact des déclarations récentes scandaleuses et irresponsables du Pape contre les homosexuels.

Autres faits et actes de violence. Dans la nuit du lundi 8 au mardi 9, à Curitiba, la ville où est enfermé le prisonnier politique Lula, un étudiant de l’université fédérale de Parana portant une casquette sur laquelle était inscrit le sigle MST -Mouvement des sans-terre- a été agressé à coups de bouteilles sur le crâne par un groupe de bolsonaristes.  La meute formée de dix nervis, hurlait « Ici nous sommes des Bolsonaro », puis s’est déchainée en vandalisant La maison de l’étudiant de l’université.

Toujours à Curitiba, la ville où sévit le juge inquisiteur Moro qui s’est acharné avec une haine zoologique sur Lula, un automobiliste a foncé avec son véhicule sur un jeune journaliste de 26 ans, le blessant grièvement au pied.  Le jeune homme portait un T shirt rouge avec une photo de Lula, et fêtait dans un bar la victoire d’un militant du PDT de Ciro Gomes élu député de l’Assemblée législative de l’État de Parana. Après trois jours de très fortes douleurs et un fort sentiment d’insécurité il se rendit au siège de la Policia Civil, pour déposer plainte et fournir le numéro de la plaque d’immatriculation du véhicule.  Mais une fois dans le bureau du policier-greffier, il rebroussa vite chemin en constatant que l’ordinateur du policier-greffier était recouvert d’autocollants à l’effigie de Bolsonaro.

Des dizaines d’autres journalistes sont aussi la proie de ces hommes de main, dont certains se recrutent dans les fanges du lumpen, du banditisme, mais aussi dans les forces de sécurité, dans un pays où sévissent les tueurs à gages des « ruralistas » – propriétaires fonciers- et, il y a encore peu ,  les Escadrons de la mort, formés de membres de la police.

Dans l’après-midi du 8 octobre à Recife, capitale de l’État du Pernambouc, alors qu’elle sortait d’un bureau de vote, une journaliste du « Jornal do Commercio », a été agressée à coups d’objets contondants au visage et au bras et menacée de viol par deux bolsonaristes criant « Bolsonaro Président ».

Mercredi 10 octobre la journaliste Gabi Coelho, chef éditorialiste de Voz das Comunidades, un média dédié aux favelas de Rio de Janeiro, a été agressée et jetée au sol. L’agresseur lui a arraché son sac à dos sur lequel était collée l’affichette « Ele nâo », en la traitant de « macaque petiste »

Selon l’Association brésilienne du journalisme d’investigation, des groupes politiques tels que le Mouvement pour le Brésil libre, – M.L. B- un regroupement fasciste, créé en 2014 lors des manifestations contre Dilma Rousseff, la vie et les profils des journalistes sont dûment exposés sur les réseaux sociaux. Ces pratiques qui relèvent de la délation ont pour objectif la stigmatisation et la livraison à la vindicte fasciste des journalistes sur la base de leur supposée affinité politique et idéologique.

Selon, l’Association, au-delà du M.B.L, derrière ces agissements crapuleux, qui se produisent depuis plusieurs mois, se trouvent  principalement l’un des fils de Bolsonaro, Eduardo Bolsonaro, député fédéral, la journaliste et députée du parti fasciste, Parti social libéral -P.S.-L , Joice Hasselman, et deux procureurs de la république,  Marcello Rocha Monteiro  de l’État de Rio de Janeiro, et Alton Benedito  de l’Etat de Goias, à quoi il faut s’ajouter, véritable oxymore, l’humoriste fasciste Danilo Gentili.

Ces derniers temps ces pratiques fascistes se sont amplifiées et exacerbées.

L’association rapporte qu’elle a recensé 137 cas d’agression de journalistes depuis le début de l’année 2018[5], qui se répartissent en 62 cas d’agressions physiques, dont 60 ont atteint leurs cibles, et 75 à travers les réseaux numériques, qui ont touché 64 journalistes.

Pour l’association, ces agressions, ces harcèlements et ces menaces ont pour objectif de réduire au silence les journalistes et sont des signes évidents d’un mépris de la démocratie.

« Le droit à l’information, essentiel pour la société dans son ensemble, est compromis lorsque les professionnels de la presse sont empêchés d’exercer librement leurs fonctions”, a déclaré le président de l’Association.

A toutes ces violences, à ces agressions systématiques, à cette terreur, Bolsonaro, qui vient de refuser tout débat pour le second tour face à Haddad, a déclaré : « Je ne peux pas contrôler mes partisans ». En ce sens, il est en accord total avec son projet idéologiquement et politiquement mortel pour les libertés. Toutes les libertés.

 

Notes :

[1] Journal Notre Amérique – Investig’Action du 11 octobre 2018

[2] S.A Nazis, ces sinistres chemises brunes, créées par Hitler en Allemagne nazie entre 1921 et 1945 agressaient physiquement et l’assassinaient systématiquement les opposants politiques.

[3] En février 2018, lors de l’émission CQC de TV Bandeirante, à la question : « Si vous étiez allemand pendant la seconde guerre mondiale, auriez-vous rejoint l’armée nazie ? », il répondit sans hésitation : « Logique, sans aucun problème », et ajouta qu’Hitler était « un grand stratège ».  Notons que son allégeance notoire à l’idéologie nazie n’a jamais posé de problèmes aux milieux sionistes brésiliens qui l’ont invité, en tant que pré-candidat à la Présidence, à discourir au Club Hébraïque de Rio de Janeiro le 03 avril 2017. Durant cette conférence, entre autres monstruosités, il assimila les Afrobrésiliens à des animaux.

[4] Le réseau des bouddhistes progressistes a condamné jeudi 11 octobre, l’assimilation des valeurs bouddhistes par ce chef de police avec la croix gammée symbole du nazisme.

[5] Cette situation ne semble pas inquiéter, outre mesure, Reporters sans frontières, qui sur son site se félicite de la décision des autorités brésiliennes, prise le 18 septembre 2018, d’élargir « le mécanisme de protection des défenseurs des droits de l’homme, aux professionnels des médias. RSF vit probablement sur autre planète médiatique. Notons que RSF,  ce n’est guère étonnant,  se garde bien de se prononcer  sur la brutalisation  quotidienne de la société brésilienne par les médias PIG,- Partido da imprensa Golpista-.Cfr,. Le Brésil sur la voie du fascisme ? In Journal Notre Amérique – Investig’Action, 11 octobre 2018.

 

Source : Journal de Notre Amérique (à paraître)

 

 

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Source : Smaïl Hadj Ali
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