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19 décembre 2024

Migrants. « Il faut en finir avec les négociations bateau par bateau 


Plusieurs réfugiés sont secourus par l'équipage de l'Ocean Viking, en Méditerranée, le 12 août 2019.
Plusieurs réfugiés sont secourus par l’équipage de l’Ocean Viking, en Méditerranée, le 12 août 2019. | ANNE CHAON / AFP

 

Alors que 507 réfugiés sont actuellement bloqués en mer à bord de deux navires d’ONG, l’Open Arms et l’Ocean Viking, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a appelé les gouvernements européens à autoriser leur débarquement. Céline Schmitt, porte-parole du programme, s’inquiète de la hausse du nombre de morts en mer et demande la mise en place d’un nouveau mécanisme européen de sauvetage et d’accueil.

Depuis plusieurs jours, 507 réfugiés sont bloqués en mer, à bord de deux navires humanitaires, l’Open Arms et l’Ocean Viking. Ils sont affrétés respectivement par l’ONG espagnole Proactiva et par Médecins sans Frontières (MSF) et SOS Méditerranée.

Pour le Haut-Commissariat des Nations unies pur les réfugiés (HCR), cette situation ne peut plus durer. Céline Schmitt, porte-parole du programme, détaille à Ouest-France les solutions préconisées par l’ONU.

Que se passe-t-il actuellement en Méditerranée ?

Nous avons demandé aux gouvernements européens d’autoriser le débarquement immédiat des 507 passagers qui sont secourus en mer par l’Ocean Viking et par l’Open Arms. Les personnes qui sont sur ces bateaux ont besoin d’assistance humanitaire : elles ont fui la violence, les conflits, les persécutions. Le fait qu’elles soient bloquées en mer ne peut qu’aggraver encore leur traumatisme et leur souffrance.

Que préconise le HCR ?

Pour nous, il est essentiel qu’un mécanisme de débarquement prévisible soit mis en place, pour éviter que les négociations se fassent bateau par bateau. Il faut un partage des responsabilités au sein de l’Europe dans ce sens. Il y a eu des discussions entre les États européens sur ce sujet, il y a quelques semaines à Paris, et ils sont parvenus à un début d’accord sur un tel mécanisme.

Une nouvelle réunion est prévue à Malte début septembre. Maintenant, il faut que se mette rapidement en place ce mécanisme de débarquement. Il faut en finir avec les négociations bateau par bateau, qui causent les blocages en mer.

La recherche et le sauvetage en mer sont également extrêmement importants. Les ONG ne devraient pas être seules à remplir ces missions. Des opérations européennes doivent être mises en place, comme Mare Nostrum il y a quelques années.

Ensuite, il faut prendre la situation d’un point de vue un peu plus large, et trouver des solutions en amont. Nous insistons pour que soient instaurées des voies légales de migration pour les réfugiés, comme celles qui existent déjà pour ceux détenus en Libye.

Il faut également développer un partage de responsabilités avec les pays qui accueillent la plupart des réfugiés, c’est-à-dire les pays directement voisins de ceux en guerre : 85 % des réfugiés dans le monde vivent directement dans les pays voisins de ceux qu’ils ont fuis. Il faut donc les soutenir et renforcer les systèmes d’asiles.

Une telle coopération peut-elle vraiment voir le jour ?

C’est possible, et ça a déjà eu lieu. Il y a eu un mécanisme de relocalisation de réfugiés en Europe il y a 3 ans, mais il a pris fin. Dernièrement, il y a eu un nouveau partage de responsabilités sur la répartition des réfugiés. Il y a donc une solidarité, même si elle ne s’est faite qu’au cas par cas.

Maintenant ce qu’il faut, c’est justement franchir le pas et rendre prévisible ce mécanisme de répartition. Il est important que ce ne soit pas seulement certains Etats, à cause de leur situation géographique, qui accueillent les personnes sauvées en mer.

Quelle est la situation migratoire en 2019 ?

Cette année, un peu plus de 50 000 personnes sont arrivées en Europe, dont 40 000 par la mer. Ce sont des chiffres beaucoup plus bas que les années précédentes, ils sont même plus bas que ceux antérieurs à la crise migratoire de 2015 : en 2014, il y avait plus de 200 000 arrivées en Europe.

Il faut donc remettre la situation actuelle en perspective. Le nombre de personnes qui arrivent par la mer est au plus bas ces dernières années mais le nombre de morts en mer augmente.

Plus de 600 personnes ont perdu la vie en Méditerranée centrale en 2019. Ce chiffre passe à 839 personnes si l’on englobe toute la mer, qui est devenue la route maritime la plus meurtrière au monde pour les réfugiés et les migrants.

Quel est le premier pays d’arrivée des migrants ?

C’est la Grèce qui est désormais le principal pays d’entrée de réfugiés en Europe. Viennent ensuite l’Espagne et l’Italie. La situation est compliquée sur les îles grecques, car les centres accueillent trois fois plus de personnes que ce qu’ils ne peuvent.

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