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23 décembre 2024

Pour saluer Houria Bouteldja et son texte hélas dépublié par Mediapart.


Un texte de Houria Bouteldja à propos des injures reçues par Miss Provence après révélation de ses origines israéliennes a été dépublié par Mediapart. Ce fait déplorable illustre l’impossibilité de penser à fond cette situation et de travailler à une paix réelle mais impossible sans justice pour les Palestiniens.

Dans la situation faite aux Palestiniens depuis 1947, le mot « juif », accaparé par les sionistes et leurs propagandistes, obscurcit tout. La création d’Israël a engendré une situation coloniale et dans toute situation coloniale, le colonisé (ou le spolié, ou l’opprimé) hait à juste titre le colon. En Israël, le colon est israélien mais les sionistes et leurs soutiens (le Printemps républicain, typiquement, mais aussi Valeurs actuelles) amalgament à dessein  Israéliens et juifs. Or, si très certainement nombre d’Israéliens sont par ailleurs juifs (ça resterait à vérifier mais faisons comme si), tous les juifs ne sont pas israéliens ni même sionistes. Mais pour se donner une légitimité et pour que des gogos parfois de bonne foi (la culpabilité blanche et spécifiquement européenne relative au génocide s’entend) tombent dans le panneau pro-israélien, les Israéliens accaparent le mot « Juif » pour faire taire toutes les critiques et liquider les Palestiniens en paix.
Ce n’est pas à la question de l’antisémitisme et de son histoire (surtout européenne, du reste, continent de l’extermination) qu’il faut se référer pour penser la situation d’aujourd’hui mais à la question coloniale. Les Algériens détestant les Français ou les Français détestant l’occupant allemand, c’est légitime. Tout le monde en convient, sauf l’extrême droite (sa tendance laïque et républicaine comprise).
Les Palestiniens détestant l’occupant israélien, c’est aussi légitime. Mais comme, ici, le colon utilise le mot « juif » (et partant le piétine – c’est la dimension antisémite du sionisme) pour se désigner et se donner une légitimité, il y a, hélas (hélas car Houria comme moi le déplorons), un « antijuifisme ». Dans les insultes à Miss Provence, il y a de l’antisémitisme (Houria le relève) et de l’antisionisme. Celui-ci est légitime.
C’est en substance ce que dit le texte de Houria. Il n’y a rien de scandaleux. C’est un texte politique lucide et absolument juste dont le dessein, annoncé par l’amour révolutionnaire dont l’auteure a fait un livre, est précisément de dénouer cet obscurcissement dramatique. L’UJFP a bien compris cela. Celles et ceux qui manifestèrent à Ménilmontant en février 2019 aussi.

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P.S : que de cris d’orfraie devant la formule « On n’est pas israélien innocemment » ! Précisons : quand on est citoyen d’une puissance impériale, coloniale et oppressive, on doit se prononcer sur cette politique. C’est valable pour les Israéliens mais aussi pour les Français ou les États-uniens. On ne peut point régner innocemment, disait Saint-Just ; on ne peut profiter, y compris malgré soi, du gain colonial et se taire. Les porteurs de valise français l’avaient bien compris.

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