Par Karine Bechet-Golovko

 

La semaine dernière, l’OTAN a réduit de moitié la représentation de la délégation russe, montrant ainsi qu’une réelle coopération entre le monde Atlantique et la Russie est aussi impossible qu’indésirable, et que seul le rapport de force, devant entraîner la soumission, est envisagé. La Russie a annoncé des mesures en réponse, pour l’instant, elle prend le temps de la réponse. Manifestement, et sans aucune surprise, toutes les périodes ne permettent pas la coopération. Elle se gagne, elle se mérite, elle s’impose. La Russie va-t-elle finir par en prendre acte ?

Le 6 octobre, l’OTAN fait annoncer par Sky News l’expulsion de plusieurs diplomates russes auprès de l’OTAN, sans raisons particulières, même pas pour espionnage comme le précise Stoltenberg, mais en général, en raison de « l’activité agressive » de la Russie.

Il est vrai que la Russie a cette manie dérangeante de rapprocher ses frontières des bases de l’OTAN en Europe …

L’explication et la manière dont la délégation russe va être réduite de moitié, passant de 20 personnes à 10, est autant significative que le fait lui-même de la réduction.

Tout d’abord, faire divulguer l’information par un média et non pas par une déclaration officielle est pour le moins un manque de respect affiché, une tentative de dégrader le destinataire.

Ensuite, le motif montre bien une opposition systémique, irréductible, qui ne permet pas de compromis. C’est la Russie en tant que puissance politique qui dérange l’OTAN. Or, la Russie n’a pas le choix : soit elle est une puissance, soit elle disparaît. Et si les élites dirigeantes russes flirtent (dangereusement) avec la globalisation économique, elles ne sont pas suicidaires.

Enfin, le fait même de réduction montre bien l’échec (du point de vue atlantiste) de la création du partenariat Russie-OTAN en 2002, au début de la présidence Poutine. Il y avait manifestement une volonté d’intégration/désintégration, qui n’a pas fonctionné. Sur le fond, cette expulsion souligne que la coopération, qui exige des relations équilibrées entre les parties, n’est pas possible a priori entre l’OTAN et la Russie. 

L’analyse portée en Europe sur cette question illustre parfaitement, d’ailleurs, cette impasse. En Belgique, l’on estime que l’expulsion des diplomates ne dégradera pas les relations entre la Russie et l’OTAN, déjà mauvaises. Il est vrai qu’à ce jour, la Russie a toujours eu des réponses lentes et d’une proportionnalité tellement rigoureuse, toutes accompagnées d’un discours expliquant qu’elle est « obligée » de « répondre », mais que si la situation change, elle peut revenir sur ces « réponses », un discours qui met surtout en avant son manque de volonté d’assumer ce combat, que certaines élites mènent presque contre leur gré. Cette position n’est évidemment pas interprétée comme un acte de raison, de politique pragmatique, mais comme une faiblesse affichée et permet de ne pas prendre au sérieux les réponses apportées aux actes agressifs du monde Atlantiste. En ce qui concerne concrètement cet épisode, la « réponse » est à ce jour toujours en discussion, les médias font des estimations, mais aucune déclaration officielle n’a encore été adoptée.

Source : Russie politics
http://russiepolitics.blogspot.com/…