On croit toujours que c’est notre dernière mise en ligne
Et puis…
Lettre de Julian Assange au roi Charles III
Julian Assange – Information Clearing House – 6.5.2023
Traduction : c.l. pour L.G.O.
À l’occasion du couronnement de mon seigneur, j’ai pensé qu’il était opportun de vous inviter à commémorer cet événement capital en visitant votre propre royaume au sein d’un royaume : la prison de Belmarsh de Sa Majesté.
Vous vous souviendrez sans doute des sages paroles d’un célèbre dramaturge : « La miséricorde n’est pas rigide. Elle tombe comme une douce pluie du ciel sur ceux qui la reçoivent ».
Ah, que penserait ce barde du bilan de la miséricorde à l’aube de votre règne historique ? Après tout, on peut prendre la mesure réelle d’une société d’après la façon dont elle traite ses prisonniers, et votre royaume a certainement excellé dans ce domaine.
La prison Belmarsh de Votre Majesté est située à l’adresse prestigieuse de One Western Way, à Londres, à tout juste la distance d’une petite chasse au renard du Old Royal Naval College de Greenwich. Quel plaisir ce doit être de voir un établissement aussi renommé porter votre nom !
C’est ici que sont détenus 687 de vos loyaux sujets, ce qui conforte le Royaume-Uni dans son statut de nation possédant la plus forte population carcérale d’Europe occidentale. Comme s’en est récemment félicité votre noble gouvernement, votre royaume connaît actuellement « la plus grande augmentation de places de prison depuis plus d’un siècle », avec des projections ambitieuses montrant un accroissement de la population carcérale de 82.000 à 106.000 personnes dans les quatre années qui viennent. Tout un héritage, en effet.
En tant que prisonnier politique, détenu selon le bon plaisir de Votre Majesté au nom d’un souverain étranger embarrassé, je suis honoré de résider entre les murs de cette institution de classe mondiale. En vérité, votre royaume ne connaît pas de frontières.
Au cours de votre visite, vous aurez l’occasion de vous délecter des délices culinaires préparés pour vos loyaux sujets avec un généreux budget de deux livres par jour. Vous savourerez les têtes de thon mixées et les omniprésentes formes reconstituées prétendument à base de poulet. Ne vous inquiétez pas, car contrairement à d’autres institutions de moindre importance comme Alcatraz ou San Quentin, il n’y a pas de repas pris en commun dans un réfectoire. À Belmarsh, les prisonniers dînent seuls dans leur cellule, ce qui leur assure une intimité maximale avec leur repas.
Au-delà des plaisirs gustatifs, je peux vous assurer que Belmarsh offre de nombreuses possibilités d’éducation à vos sujets. Comme il est dit dans « Proverbes 22:6 » : « Formez un enfant à la voie qu’il doit suivre, et quand il sera grand, il ne s’en détournera pas. » Vous observerez les files d’attente qui piétinent au guichet des médicaments, où les détenus rassemblent leurs ordonnances, non pas pour un usage quotidien, mais pour l’expérience d’un « Big Day Out » qui élargit l’horizon : en une seule fois.
Vous aurez également l’occasion de rendre hommage à mon défunt ami Manoel Santos, un homosexuel menacé d’expulsion vers le Brésil de Bolsonaro, qui s’est suicidé à huit mètres à peine de ma cellule à l’aide d’une corde grossière fabriquée avec ses draps de lit. Son exquise voix de ténor est réduite au silence pour toujours.
Si vous vous aventurez dans les profondeurs de Belmarsh, vous trouverez l’endroit le plus isolé de ses murs : le service de santé ou « Hellcare », comme l’appellent affectueusement ses habitants. Ici, vous serez émerveillé par des règles sensées conçues pour la sécurité de tous, comme l’interdiction des échecs, alors que le jeu de dames, beaucoup moins dangereux, est autorisé.
Au cœur de Hellcare se trouve l’endroit le plus glorieux de tout Belmarsh, voire de tout le Royaume-Uni : la sublime Suite « Fin de Vie » de Belmarsh. Si vous écoutez attentivement, vous entendrez peut-être même les cris des prisonniers : « Frère, je vais mourir ici », ce qui témoigne de la qualité de la vie et de la mort dans votre prison.
Mais ne craignez rien, car il y a aussi de la beauté entre ces murs. Enchantez-vous des pittoresques corbeaux qui nichent dans les barbelés « fil de rasoir » et des centaines de rats affamés qui ont élu domicile à Belmarsh. Et si vous venez au printemps, vous aurez même des chances d’apercevoir les canetons pondus par des colverts égarés dans l’enceinte de la prison. Mais ne tardez pas trop, car les rats voraces leur assurent une vie éphémère.
Je vous implore, Roi Charles, de visiter la prison de Belmarsh de Sa Majesté, car c’est un honneur digne d’un roi. Alors que vous entamez votre règne, souvenez-vous des mots de la Bible du roi Jacques : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Matthieu 5:7). Et que la miséricorde soit la lumière qui guide votre royaume, à l’intérieur et à l’extérieur des murs de Belmarsh.
Votre tout dévoué sujet,
Julian Assange
Crépuscule des dieux ou Maskirovka ?
[ La maskirovka (en russe : маскировка, littéralement : camouflage) est un terme qui désigne l’art de la désinformation militaire. ]
Pepe Escobar – Information Clearing House– 6.5.2023
Source d’origine : « SCF«
Traduction : c.l. pour L.G.O.
La double attaque de drone – une provocation néoconservatrice anglo-saxonne –a offert à Moscou le cadeau idéal : un casus belli incontestable.
Evgueni Prigojine, le patron de la société militaire privée Wagner, n’hésite jamais à jouer en outre le rôle de communicateur, de trolleur et de spécialiste en propagande psychologique.
Il n’est donc pas étonnant que son récent missile rhétorique – ici, en russe, sur War Gonzo – ait suscité quelques froncements de sourcils.
Dans le feu de l’action et à la veille de l’incessamment mythifiée « contre-offensive ukrainienne » – qui pourra ou non se produire sous une myriade de formes suicidaires – Prigojine s’est livré à une destruction en règle du ministère de la Défense (MoD), du ministre Choigou en personne et de toute la bureaucratie du Kremlin en général.
Ces révélations fracassantes ont fait des vagues parmi les experts russes, mais pas parmi les anglophones, qui ne semblent pas avoir saisi l’énormité de la situation, comme me l’ont dit des initiés russes qui ont analysé l’ensemble de l’interview en détail. En voici une exception notable, qui se concentre sur les points clés de l’interview.
Prigojine flirte avec quelques absurdités proposées sans preuve. Exemple : la Russie n’a pas gagné les deux guerres de Tchétchénie. Poutine a versé un pot-de-vin au père de Kadyrov pour emballer l’affaire. Ou encore l’affirmation selon laquelle le SMO (Opération Spéciale) a prouvé que l’armée russe est essentiellement inorganisée, non entraînée, indisciplinée et démoralisée ; il n’y a pas de véritable leadership ; et le ministère de la Défense n’arrête pas de mentir à propos de ce qui se passe sur le champ de bataille, de même d’ailleurs que sur les manœuvres de Wagner.
Prigojine est catégorique : c’est Wagner qui a lancé une opération pour stabiliser le front, alors que l’armée russe battait en retraite dans le plus complet chaos à la suite d’une contre-attaque ukrainienne.
Son principal argument est que la Russie a tout ce qu’il faut pour gagner, rapidement et de manière décisive, mais que « les dirigeants » éloignent délibérément les ressources des acteurs qui en ont besoin (vraisemblablement, Wagner).
Et cela est lié au succès de Bakhmut/Artemyovsk : l’ensemble du plan a été conçu par Wagner et le « général Armageddon » Surovikine.
« Tuez-moi, ça vaudrait mieux que de mentir »
Prigojine est sûr de savoir où se trouvent tous les approvisionnements militaires nécessaires pour combattre pendant encore six mois. Wagner a besoin d’au moins 80.000 obus par jour. La raison pour laquelle il ne les reçoit pas relève du « sabotage politique ».
À cause de la bureaucratie russe – du ministère de la Défense au FSB, personne n’est épargné – l’armée russe « a été transformée de la deuxième meilleure armée du monde en l’une des pires : la Russie n’est même pas fichue de s’occuper de l’Ukraine. Les défenses de la Russie ne tiendront pas si les soldats ne sont pas approvisionnés ».
Prigojine déclare dans l’interview, de manière inquiétante, que Wagner pourrait devoir battre en retraite s’il n’est pas ravitaillé. Il prévoyait la contre-offensive ukrainienne comme inévitable, fixant un éventuel 9 mai – jour de la Victoire – comme point de départ.
Ce mercredi, il a doublé la mise : la contre-offensive a déjà commencé, à Artyomovsk, avec « des effectifs et des munitions illimités » et elle menace de submerger ses troupes sous-approvisionnées.
Prigojine vante avec fierté les informations de Wagner ; ses taupes et ses satellites lui disent que les forces de Kiev seraient même capables d’atteindre les frontières russes. Il réfute aussi, farouchement, l’accusation de « cinquième colonne » : soulignant la nécessité de couper court à la propagande d’État, il déclare que « le peuple russe doit savoir parce qu’il devra payer tout ça de son sang. Les bureaucrates se contenteront de foutre le camp à l’Ouest. Ce sont eux qui ont peur de la vérité ».
On peut considérer que cette citation vaut de l’or : « Je n’ai pas le droit de mentir aux gens qui devront vivre dans ce pays à l’avenir. Tuez-moi si vous voulez, ça vaudrait mieux que de mentir. Moi, je refuse de mentir. La Russie est au bord de la catastrophe. Si nous ne resserrons pas immédiatement ces boulons mal serrés, l’avion explosera en vol ».
Et il avance également un argument géoéconomique valable : pourquoi la Russie continue-t-elle à vendre du pétrole à l’Occident par l’intermédiaire de l’Inde ? Selon lui, il s’agit d’« une trahison. Les élites russes mènent des négociations secrètes avec les élites occidentales ». Il s’agit là d’un argument-clé d’Igor Strelkov.
Le « Club des Patriotes en colère »
Il n’y a pas de doute : si Prigojine dit la vérité, il s’agit – littéralement – d’une affaire de taille nucléaire. Soit Prigojine sait tout ce que presque tout le monde ignore, soit il s’agit d’une maskirovka spectaculaire.
Pourtant, les faits observés sur le terrain depuis février 2002 semblent confirmer sa principale accusation : l’armée russe ne peut pas se battre correctement, à cause d’une bande de bureaucrates complètement corrompus du ministère de la Défense – et cela va jusqu’à Choïgou – qui ne pensent qu’à s’enrichir.
Ce n’est pas tout : dans un environnement bureaucratique rigide, les commandants de la ligne de front n’ont aucune autonomie pour prendre des décisions et s’adapter rapidement, et doivent attendre des ordres qui viennent de loin. C’est à cause de tout cela que la contre-offensive de Kiev a une chance d’imposer des bouleversements spectaculaires.
Prigojine n’est certainement pas le seul parmi les patriotes russes à faire part de son analyse. En fait, elle ne contient rien de nouveau : il a juste davantage mis le paquet cette fois. Strelkov dit exactement la même chose depuis le début de la guerre. Tout cela a même convergé en une vidéo explosive, diffusée le 19 avril dernier par un « Club des Patriotes en colère »,
Nous nous retrouvons donc avec un groupe assez petit mais au verbe haut et aux références patriotiques irréprochables, qui tire une sonnette d’alarme : la Russie risque de perdre complètement cette guerre par procuration, si des changements spectaculaires n’interviennent pas immédiatement.
Ou, une fois encore, il pourrait s’agir d’une brillante maskirovka, c’est-à-dire d’une désorientation volontaire de l’ennemi.
Si c’est le cas, elle fonctionne à merveille. Les organes de propagande de Kiev ont triomphalement repris les accusations de Strelkov, avec des titres tels que « La Russie au bord de la défaite, Strelkov menace le Kremlin d’un coup d’État ».
Strelkov n’arrête pas lui-même de doubler la mise en répétant que l’État russe ne prend pas cette guerre au sérieux et qu’il envisage de conclure un accord sans vraiment se battre, voire même en cédant des territoires en Ukraine.
Sa preuve : l’armée russe « corrompue » (Prigojine) n’a fait aucun effort sérieux pour préparer l’économie ou l’opinion publique à une offensive en termes d’entraînement et de logistique. Et ce, parce que les élites du Kremlin et de l’armée ne croient pas vraiment à cette guerre, ni ne la veulent ; elles préfèrent revenir au statu quo d’avant-guerre.
Et c’est reparti pour un tour. Maskirovka ? Ou espèce de revanche du ministère de la Défense sur Wagner ? Il est vrai qu’au début de la SMO, l’armée russe n’a pas vraiment réussi à démarrer en trombe et qu’elle a eu réellement besoin de Wagner sur le terrain. Aujourd’hui, la donne a changé et le ministère de la Défense pourrait bien être en train de s’employer à réduire progressivement le rôle de Wagner, ne fût-ce que pour empêcher les hommes de Prigojine de s’approprier tous les feux de la gloire quand la Russie en sera à viser la jugulaire.
Envoyé par drone sur le plancher du Kremlin
Voilà qu’en outre, qu’au beau milieu de cette confrontation incandescente, en pleine nuit, quelques minables drones kamikazes font irruption au-dessus du Kremlin.
Non, il ne s’est pas agi d’une tentative d’assassinat de Poutine, mais plutôt d’un coup de relations publiques à bon marché. À l’heure qu’il est, les services de renseignements russes doivent déjà avoir reconstitué toute l’histoire : les drones ont probablement été lancés de l’intérieur de Moscou ou de sa banlieue, par des cellules d’intervention ukrainiennes en civil, munies de faux papiers d’identité.
Il y aura encore d’autres Psy-Ops de ce type , qui iront des voitures piégées aux lacets de braconniers, en passant par les mines improvisées. La Russie devra élever d’un cran le niveau de sa sécurité intérieure pour la mettre à celui d’une véritable guerre.
Mais qu’en est-il de la « réponse » à – selon la terminologie du Kremlin – une « attaque terroriste » ?
Elena Panini, de Russtrat.ru, propose une évaluation inestimable et non hystérique :
« L’objectif de l’attaque nocturne, à en juger par les images vidéo, n’était pas le Kremlin lui-même, ni même le dôme du palais du Sénat, mais le mât du dôme sur lequel se trouve une copie de l’étendard du président de la Fédération de Russie. Le jeu du symbolisme est déjà une affaire purement britannique. Une sorte de “rappel” de Londres, à la veille du couronnement de Charles III, que le conflit en Ukraine se développe toujours selon le scénario anglo-saxon et dans le cadre qu’il a fixé. »
Alors, oui : ces cabots néonazis de Kiev ne sont effectivement que des outils. Les ordres qui comptent viennent toujours de Washington et de Londres, surtout lorsqu’il s’agit de franchir des lignes rouges.
Panini estime qu’il est temps pour le Kremlin de prendre l’initiative stratégique définitive. Il s’agirait notamment d’élever le SMO au rang de véritable guerre, de déclarer l’Ukraine État terroriste et de mettre en œuvre ce qui fait déjà l’objet de discussions à la Douma : le passage à l’utilisation « d’armes capables d’arrêter et de détruire le régime terroriste de Kiev ».
La double attaque de drones – une provocation néoconservatrice anglo-saxonne – a offert à Moscou le cadeau idéal : un casus belli incontestable.
Une « tentative d’assassinat » de Poutine combinée à une tentative de sabotage du défilé du 9 mai, jour de la Victoire ? Selon le mètre-étalon ès conneries, seuls les néoconservateurs sont capables de telles trouvailles. Ainsi, à partir de tout de suite, leur messager, le belliqueux sous-acteur en T-shirt trempé de sueur, et son cercle rapproché d’oligarques, sont des morts qui marchent encore.
Pourtant, tous comptes faits, même cela n’est pas pertinent : Moscou aurait pu déclarer l’Ukraine État terroriste dès l’attaque du pont de Kertch, en octobre 2022. Certes, mais alors l’OTAN aurait survécu.
Le scénario à la Crépuscule des Dieux de Prigojine a peut-être oublié que ce que le Kremlin veut vraiment, c’est frapper le serpent à la tête. Il y a pourtant plus d’un an que Poutine a donné une sérieuse indication à ce sujet :
« … toute ingérence de la part de l’Occident collectif entraînerait “des conséquences telles que vous n’en avez jamais connu dans votre histoire”. »
C’est ce qui explique la panique de l’OTAN. Certains, à Washington, dont le QI est supérieur à la température ambiante, ont peut-être vu clair dans le brouillard : d’où les provocations – y compris la cascade de drones sur le Kremlin – pour forcer Moscou à remballer rapidement le SMO.
Oh, mais non, n’y comptez pas ! Pour Moscou, la situation est excellente : les armes et les finances de l’OTAN ne cessent de sombrer, avalées par un insondable trou noir. Le Kremlin affirme alors nonchalamment que oui, certes, nous répondrons, mais quand nous le jugerons opportun. Et ça, voyez-vous, camarade Prigojine, c’est l’ultime maskirovka.
Le patron de Wagner a déclaré des ambitions politiques (il va se présenter à des élections) et il demande au gouvernement qu’il rêve de renverser de lui fournir toutes les armes qu’il réclame. Il est bête ou il fait semblant ?
C’est drôle, plus ça va, plus on trouve que la trajectoire d’Evgueni Prigojine ressemble à celle de Lev Trotski.
Petit rappel
(Après tout, c’était hier son anniversaire) :
Il disait qu’il n’y avait pas de plus grand danger pour une nation qu’un « militaire heureux ». Il a sauvé la sienne de Lafayette et de Dumouriez. Après sa mort, Bonaparte a prouvé qu’il ne se trompait pas.
Robespierre était fréquemment cité, par ses ennemis et par ses proches, et les citations qu’on pouvait en tirer sur le sujet de l’armée tenaient toujours compte des sensibilités des troupes. Il leur parlait sans l’intermédiaire des officiers avec une franchise et une sympathie qui leur étaient inaccoutumées. Et il répétait à maintes reprises sa conviction que le soldat était, comme le peuple dont il était issu, bon et patriote, digne de la confiance de tous et dévoué à la chose publique. Pour le commun soldat, accoutumé sous l’Ancien Régime à être dénoncé et injurié comme le plus abject des vauriens, ce nouveau discours constituait une véritable révélation.
La dignité que Robespierre attribuait au soldat est étroitement liée à l’idée même d’une garde nationale apte à la défense d’un peuple libre. Il s’exprima dès le début en faveur d’une armée vraiment nationale, armée où tous auraient les mêmes droits et les mêmes obligations, armée, d’ailleurs, qui avait comme mission principale la défense du peuple et de la liberté. Il avait toujours traité avec un certain dédain les revendications du pouvoir exécutif en matière de guerre. Dans l’attribution au seul roi du droit de faire la guerre et la paix, il voyait une atteinte aux droits du peuple. Il le dit très directement dans le débat du 15 mai 1790 où il insista sur le fait qu’il était imprudent de laisser la défense de la Nation entre les mains d’un ministre reflet des désirs de l’exécutif. En avril 1791, quand l’état de guerre fut devenu réalité, il revint sur ce thème avec une vigueur renouvelée.
« L’organisation de la force d’une grande Nation est sans contredit la plus périlleuse opération que puissent faire des législateurs… et si elle n’est pas le plus ferme appui de la liberté, elle est le plus terrible instrument du despotisme ».
À son avis, ces dangers devaient être évidents à tous, c’est pourquoi il insistait pour que le caractère de la nouvelle garde nationale soit maintenu et sauvegardé, et que le pouvoir exécutif soit contrôlé et surveillé. Il proposa en particulier, que le roi ne nomme plus les officiers de la garde nationale, que les chefs des troupes de ligne ne soient pas nommés à la nouvelle garde, et que le roi ne dispose pas de l’autorité d’avancer, de récompenser ou de punir les hommes dans ces nouvelles unités.
« Enfin, messieurs, déclara-t-il à l’Assemblée, évitez soigneusement tout ce qui pourrait allumer dans l’âme des citoyens-soldats cet esprit militaire qui isole les soldats des citoyens et qui attache sa gloire et son intérêt personnel à des objets différents qui font la ruine des citoyens » […] « Si ces dangers étaient évités, le soldat deviendrait le modèle de l’homme nouveau que voulait créer la Révolution, l’homme régénéré, produit d’une société d’hommes libres. »
Source : Robespierre. De la Nation artésienne à la République et aux Nations (Actes du colloque – IRHIS)
Qui a suivi, presque à la lettre, les préceptes de Robespierre en matière de force armée ?
Fidel Castro.
C’est aussi le seul des chefs d’État honnis que les USA n’ont jamais réussi à assassiner.
L’icône offerte par Poutine voyage d’une unité à l’autre du groupement tactique Dniepr
Le président a offert une copie identique au quartier général de la Garde nationale de l’Est.
TASS – 6.5.2023
Traduction : c.l. pour L.G.O.
[ © Andrei Rubtsov/TASS ]
RÉGION DE KHERSON, 6 mai. La réplique de l’icône du Sauveur « non peinte à la main » que le président russe Vladimir Poutine a offerte au groupement tactique du Dniepr est transmise d’une unité à l’autre, a déclaré vendredi à TASS l’archiprêtre Vyacheslav, représentant de l’Église orthodoxe russe pour l’interaction avec les forces armées.
Vyacheslav, qui a déclaré accompagner l’icône avec la bénédiction du patriarche Kirill, a accordé une interview à TASS sur le site d’une de ces unités militaires dans la région de Kherson.
« Cette image est l’icône que le commandant en chef a offerte au groupement tactique Dniepr. Le commandement du groupement tactique a décidé de faire une procession pour la transmettre d’une unité à l’autre », a-t-il déclaré. « Nous le remettrons à chaque unité, qu’elle soit sur la ligne de front ou à l’arrière, qu’elle soit grande ou petite, peu importe. »
« Il est évidemment honorable et agréable, pour les gens, de voir cette image, offerte par le président dans leurs abris de tranchées », a déclaré l’archiprêtre.
Le président a offert une autre copie de la même icône au quartier général Est de la Garde nationale. Il a fait ces dons lors de sa visite dans la région de Kherson et dans la République Populaire de Lougansk, à l’occasion des fêtes de Pâques. L’icône originale avait été achetée à une collection privée aux États-Unis et sera remise à la cathédrale principale des forces armées russes, a fait savoir le Kremlin. L’icône d’origine a appartenu à Pyotr Vannovsky, qui fut ministre de la Défense de Russie de 1881 à 1898.
L’icône du Sauveur « non peinte à la main » est une représentation canonique du visage de Jésus-Christ qui, selon la légende, a été miraculeusement imprimé sur un chiffon qu’il utilisait pour s’essuyer le visage. Cette image figurait sur les bannières de l’armée russe et était placée au-dessus des portes des forteresses. Les soldats l’ont toujours considérée comme leur protectrice, tandis que, pour les civils, elle était « le Sauveur et protecteur ».
En somme, c’est une version russe du suaire de Turin.
Ce que d’aucuns appellent « la licorne de Rishi Sunak ».
Pauvre Sunak, qui n’a pas connu les beautés du Raj.
Mis en ligne le 7 mai 2023