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30 avril 2024

L’homme d’affaires et l’ex-femme de Sarkozy font la pluie et le beau temps au Gabon, ainsi que beaucoup de dollars…


 

 

Photo: Voici

 

L’homme d’affaires et l’ex-femme de Sarkozy font la pluie et le beau temps au Gabon, ainsi que beaucoup de dollars…

 

Même Robert Bourgi s’en plaint. Bourgi, le Jacques Foccart des années 1990, l’envoyé permanent de Chirac et de Sarkozy sur le continent noir, est en train de se faire souffler la place très recherchée de confident des potentats… et de businessman en chef au Gabon. L’ancien patron de Publicis Events Worlwide Richard Attias, et sa femme, Cécilia ex- Sarkozy, ont raflé le job. Basés à New York, «ils passent chaque trimestre plusieurs jours dans la capitale gabonaise», rapporte un habitué des grands hôtels de Libreville. L’homme d’affaires marocain — il se présente pompeusement comme un «citoyen du monde» — a par exemple organisé le centenaire de l’arrivée du docteur Schweitzer au Gabon début juillet, dîner de gala et concert à la clé. Il monte également, depuis l’année dernière à Libreville, d’immenses raouts dont il a le secret: le New York Forum Africa.

 

Pourquoi Libreville? Selon son site Internet, le Forum «considère que le plan économique à trois piliers du Gabon, comprenant des initiatives écologiques, des politiques industrielles responsables et le développement des programmes de l’industrie des services» serait «un modèle pour le maintien de la croissance» en Afrique. De la pure langue de bois pour qui veut bien ouvrir les yeux sur l’appropriation des richesses par les dirigeants, la déforestation massive, la pauvreté… En réalité, Attias a raté la première édition d’un forum similaire à New York et s’est replié sur l’Afrique. Il fait donc la com’ d’Ali Bongo et met son influence à son service. «Il s’est implanté dans l’Afrique des dictateurs qui ont besoin de visibilité», explique Michel Ongoundou, ancien journaliste membre de Ça suffit comme ça!, un collectif de la société civile.

 

Officiellement, le budget pour cette rencontre au sommet permettant à des présidents, des ministres, des VIP et des chefs d’entreprise de blablater ensemble s’élèverait à quelque 5, voire 7 millions d’euros, «dont une grosse partie irait directement dans sa poche», pronostique un expert. «Même les ministres ne savent pas combien ça coûte. Tout est traité en direct entre Attias et le secrétaire général adjoint de la présidence, Éric Chesnel, un Français qui a été une sorte de précepteur pour Ali Bongo.» L’agence chargée de la com’ d’Attias n’ayant pas daigné répondre au message de Charlie, on n’en saura pas plus.

 

En juin 2013, Spike Lee était programmé au Forum de Libreville, aux côtés d’une poignée de Prix Nobel, provoquant une forte réaction du collectif, ulcéré de constater son utilisation comme caution par le pouvoir gabonais. «Devons-nous vous dire qu’Ali Bongo n’a pas été élu par le peuple gabonais?», écrivait le collectif dans une lettre ouverte à Spike Lee dénonçant son installation au pouvoir «grâce au soutien d’institutions et d’une armée dirigées par des membres de sa famille» et le fait que «le juge des élections»(la présidente de la Cour constitutionnelle) «est une maîtresse officielle» de son père.

 

CÉCILIA AU GABON, COPÉ À BRAZZA

 

Résultat: Spike Lee s’est décommandé, mais cela n’a pas empêché Christine Ockrent, payée pour un super-ménage, Jacques Attali, Hubert Védrine, le professeur Khayat, Cherie Blair ou Matthieu Pigasse, le patron de la banque Lazard, qui met sur pied une filiale dédiée à l’Afrique, de s’afficher à Libreville. Attias est si heureux de pouvoir l’implanter au Gabon qu’il s’est même fendu d’une «lettre ouverte à Obama» afin de lui demander de s’investir en Afrique, en particulier dans un fonds créé par Bongo pour l’emploi. De quoi faire venir quelques dollars supplémentaires que la population ne verra pas…

 

Mais là n’est pas le principal. Entre les entretiens et les dîners avec Ali Bongo, Attias tente de faire des affaires. «Le Forum ne paie pas, ce qui rapporte, c’est l’intermédiation», décrypte un proche d’une société pétrolière. «La preuve, c’est que notre boîte a été approchée par un ami de Richard Attias se faisant fort de mettre de l’huile dans les rouages avec le gouvernement gabonais. En échange, il fallait banquer, bien sûr.» Selon un expert, la société Gunvor, un négociant pétrolier suisse, aurait décroché un contrat au Gabon grâce à Attias, bien loin des «initiatives écologiques» prônées par le Forum Africa…

 

Le pire, c’est qu’Attias fait des émules chez les dictateurs. À Brazzaville avait lieu le 23 juillet le Forum Forbes à la gloire de Sassou, réunissant Ockrent et Pigasse (encore eux…), Jean-François Copé, Kofi Annan, invités à grands frais… La Françafrique du XXIe siècle en somme.

 

Laurent Léger

 

 

 

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