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18 novembre 2024

La CPI instrument éhonté de l’impérialisme


La CPI, instrument éhonté de l’impérialisme

Ocampo relaie l’Otan pour creuser les voies de la haine entre Libyens

30-06-2011

Aucun peuple ne défend un Etat et une nation qui l’affament. Les avions peuvent détruire évidemment des casernes, des radars, des chars, etc. Ils ne peuvent pas détruire dans le cœur et dans l’esprit des Libyens l’idée qu’ils sont une nation et un Etat. La partition de la Libye en émirats, en imamats et en sous-royaumes est devenue impossible. C’est cela qui explique que l’armée libyenne a tenu bon et n’a enregistré qu’un nombre dérisoire de défections. Si le peuple libyen haïssait Kadhafi et leur Etat national, il y a longtemps que ce leader serait tombé et que les organisations de l’Etat libyen se seraient délitées. Le gouvernement libyen, en restant ouvert à toutes les propositions de dialogue national et en acceptant même d’en écarter la personne de Kadhafi, a rendu moins facile la voie de la haine sociale que la France et l’Angleterre – particulièrement Hagues – veulent transformer en piège mortel qui mettrait tout le peuple libyen dans les rets moyenâgeux filés dans les alliances secrètes des Etats-Unis, d’Israël et de quelques monarchies du Golfe. Les chances, toutes minimes pourtant, d’une amorce de dialogue et d’échanges entre Libyens ont rendu fous les dirigeants occidentaux. C’est bien ce qu’ils ne veulent pas : une idée même évanescente d’un Etat unitaire libyen. Ils ont alors sorti leur dernière arme ou tiré leur dernière cartouche. Ocampo entre en scène et émet le mandat qu’il tenait au chaud sous le coude de ses magistrats. Zuma ne s’y est pas trompé. Ce mandat a pour but de créer un nouveau fleuve de haine entre Benghazi et Tripoli. Il a pour but d’énerver encore plus Kadhafi et de pousser «son clan» à de l’intransigeance et à de la rancœur. Ocampo y est allé de son couplet. En quoi, un procureur est-il obligé de jouer au caïd et de faire le mac en intimidant l’entourage de Kadhafi : «Vous le livrez ou je vous coffre» ?
Par Mohamed Bouhamidi

Avons-nous, pour mieux estimer le prix de nos cinquante années d’indépendance et au moment des menaces sur notre intégrité territoriale que révèle la croisade coloniale sur la Libye, vraiment appris à nos enfants que la guerre psychologique constitue une grande partie de la guerre tout court ? Partis pour manger Kadhafi tout cru en trois jours, les croisés de l’Otan en sont plus de trois mois. Il n’est même plus essentiel qu’ils remportent une victoire encore très aléatoire sur le terrain. Ils ont déjà perdu au regard de leurs propres objectifs déclarés : en finir en trois jours avec l’Etat national libyen indépendant – même très relativement indépendant après d’épuisantes années d’embargo, l’application des conseils italo-franco-américano-britanniques qui l’ont insensiblement désarmé, la nomination des postes ultra-sensibles de personnalités rendues avides par l’accès illimité à la «rente pétrolière» en l’absence de tout contrôle démocratique et impatientes de le privatiser totalement ne liquidant pas la souveraineté nationale. Vous pouvez parier votre dernier dinar que ni l’Otan ni ses maîtres ne mettront dans le «panier démocratique» le contrôle populaire des revenus pétroliers comme ils n’y mettront jamais le contrôle de leurs propres peuples sur la porosité entre argent public et argent des banques privées. Ils ont déjà fomenté et fait exécuter des coups d’Etat sanglants, des interventions directes, des guerres civiles cruelles dès qu’il s’est agi de contrôle populaire sur la moindre ressource de soleil pour tourisme de masse au pétrole en passant par la banane ou le cacao. Nous en avons appris un bout sur la guerre psychologique pendant notre lutte de libération. Forcément quand les matamores médiatiques d’aujourd’hui parlent de «quelques jours» puis de «quelques semaines» puis de «cela ne durera pas des mois», nous nous rappelons forcément le «dernier quart d’heure» de Robert Lacoste. Le parallèle ne se réduit pas à la durée. Au-delà du quart d’heure matériel, physique se pose la question de la réalité sociale et politique de notre lutte. Lacoste s’est trompé hier sur le soutien de notre peuple à notre ALN qui a rendu vain tout le soutien de l’Otan en bombardiers et en napalm. L’Otan aujourd’hui s’est trompée sur le soutien des Libyens à leur Etat central et unitaire et sur leur soutien à la personne de Kadhafi. Le parallèle devient encore plus intéressant quand on prend la mesure des efforts extraordinaires pour stigmatiser Kadhafi et le rendre antipathique. Il faut lire les commentaires dans les journaux de la gauche française – notamment Libération – pour percevoir – derrière le langage raciste ordinaire qui suinte de leurs croyances à leur supériorité et la supériorité de leur modèle capitaliste – l’acharnement à dégrader son image personnelle. Le deuxième bureau français a sévi de la même manière, stigmatisant en gros nos dirigeants nationaux ou régionaux et en détail par zone ou dechra. Il leur a échappé une donnée toute simple. Nous n’avions pas engagé cette lutte pour nos dirigeants, mais pour notre pays, et nous n’avions que ces dirigeants pour mener cette lutte et pour vaincre. Pour cela, ils nous étaient précieux et notre peuple ne leur demandait que la détermination et la persévérance. Ils peuvent raconter ce qu’ils veulent sur Amirouche et la bleuïte, Amirouche restera un dirigeant respecté et aimé. Ils peuvent, au deuxième ou au troisième degré, faire écrire des livres sur Amirouche pour l’utiliser contre le pouvoir et dans les luttes actuelles, ils ne pourront pas dire qu’Amirouche a fait appel aux étrangers pour régler ses comptes avec les dirigeants de Tunis. Cette question s’est posée, une fois de plus, tout récemment. Notre peuple a immédiatement compris que la CNCD et son CNT, derrière les mots ronflants de démocratie, cherchaient à cornaquer – selon l’expression heureuse de Salhi Chawki – l’exaspération des masses pour réaliser les buts de démantèlement total de l’Etat national en transférant le pouvoir aux seules fractions compradores de la bourgeoisie et en excluant toutes les autres fractions, notamment celles de la bureaucratie et de l’industrie locale. Beaucoup d’Algériens ont certainement envie de changement, mais l’écrasante majorité a montré son refus net et cassant d’accepter une ingérence étrangère, qui, d’ailleurs, devenant aléatoire et contre-productive grâce à la résistance de l’Etat légal libyen, a poussé les commanditaires et les inspirateurs des marches qui devaient se tenir à se caler sérieusement d’abord et à différer leurs plans ensuite. A ce stade de l’agression croisée contre la Libye et à la lumière de notre propre expérience, nous pouvons émettre l’hypothèse que les deux phénomènes se combinent en Libye : le refus de l’ingérence étrangère, la tolérance à l’égard des erreurs qu’ont pu commettre les leaders libyens, ces erreurs restant, au final, infiniment moins graves qu’un succès des forces coloniales et de leurs alliés internes. Cela choque de parler d’alliés internes ? Mais toujours dans notre propre histoire, les forces françaises se sont appuyées sur des forces supplétives – harkas, goumiers, caïds et bachagas – qui ont combattu Ahmed Bey, Abdelkader ou l’ALN avec encore plus de férocité que les militaires français. Toujours, quel que soit le pays et quelle que soit l’époque, le caractère le plus cruel et le plus atroce des conquêtes coloniales est de susciter des guerres civiles en s’appuyant sur des forces et des groupes acharnés à s’enrichir grâce et par l’étranger. Les colonialistes apprécient ces guerres civiles pour leur caractère définitif, pour les traces profondes, les peurs viscérales qui vont habiter les harkis et les caïds et en faire d’impitoyables instruments de répression, les haines irréductiblement inscrites dans les morts et les souffrances. Pour ceux qui n’en ont pas idée, parce qu’ils n’ont vécu ni la guerre civile que la France a fomentée au cœur de notre guerre de Libération ni le terrorisme des années 1990, la lecture ou relecture du roman de Cholokov, Le Don paisible, pourrait en donner une image suffisante. L’échec de l’Otan en Libye peut se lire quelles que soient les hypothèses. Reprenons. Cette chronique a émis l’hypothèse que l’Otan veut affaiblir à la fois l’Etat national libyen et les harkis qu’ils ont ramenés, y compris de Guantanamo ou des armées secrètes de Bandar Ben Soltane. Cette hypothèse stipule que la Libye doit sortir à la fois exsangue de cette guerre et déjà lotie en plusieurs émirats et imamats, le drapeau des Senoussi n’étant pas le meilleur emblème démocratique pour ce pays. Les coalisés/croisés ont refusé dès le départ toutes les propositions de négociations pour trouver une solution politique à la crise. Il était clair que pour les sous-traitants français et anglais du plan Obama, auquel Bolton l’excité de la gâchette n’a rien compris ou fait semblant de ne pas comprendre, la guerre devait d’abord produire ses ravages sur le corps social libyen et sur le tissu national de l’Etat pour que tout raccommodage devienne impossible. Les coalisés ont échoué car l’unité nationale libyenne, qui a été l’œuvre au forceps du Conseil libyen de la révolution – et à partir d’un point de vue plus idéologique, le nationalisme arabe et le modèle nassérien, que des conditions objectives historiques et économiques – est en train de devenir l’affaire du peuple libyen lui-même. Et rien que cela montre à quel point l’Etat national libyen a assuré la promotion de la société et du peuple libyen. Aucun peuple ne défend un Etat et une nation qui l’affament. Les avions peuvent détruire évidemment des casernes, des radars, des chars, etc. Ils ne peuvent pas détruire dans le cœur et dans l’esprit des Libyens l’idée qu’ils sont une nation et un Etat. La partition de la Libye en émirats, en imamats et en sous-royaumes est devenue impossible. C’est cela qui explique que l’armée libyenne a tenu bon et n’a enregistré qu’un nombre dérisoire de défections. Si le peuple libyen haïssait Kadhafi et leur Etat national, il y a longtemps que ce leader serait tombé et que les organisations de l’Etat libyen se seraient délitées. Le gouvernement libyen, en restant ouvert à toutes les propositions de dialogue national et en acceptant même d’en écarter la personne de Kadhafi, a rendu moins facile la voie de la haine sociale que la France et l’Angleterre – particulièrement Hagues – veulent transformer en piège mortel qui mettrait tout le peuple libyen dans les rets moyenâgeux filés dans les alliances secrètes des Etats-Unis, d’Israël et de quelques monarchies du Golfe. Les chances, toutes minimes pourtant, d’une amorce de dialogue et d’échanges entre Libyens ont rendu fous les dirigeants occidentaux. C’est bien ce qu’ils ne veulent pas : une idée même évanescente d’un Etat unitaire libyen. Ils ont alors sorti leur dernière arme ou tiré leur dernière cartouche. Ocampo entre en scène et émet le mandat qu’il tenait au chaud sous le coude de ses magistrats. Zuma ne s’y est pas trompé. Ce mandat a pour but de créer un nouveau fleuve de haine entre Benghazi et Tripoli. Il a pour but d’énerver encore plus Kadhafi et de pousser «son clan» à de l’intransigeance et à de la rancœur. Ocampo y est allé de son couplet. En quoi, un procureur est-il obligé de jouer au caïd et de faire le mac en intimidant l’entourage de Kadhafi : «vous le livrez ou je vous coffre» ? L’Otan a immédiatement annoncé qu’elle n’aura pas à chercher Kadhafi, alors que ce mandat lui donne une couverture en or. Elle n’a pas fini la destruction du pays, elle n’a pas fini de le somaliser. Elle n’a pas fini de créer les conditions d’une partition irréversible de l’Etat libyen. Le mandat d’Ocampo comble quelques vides devenus dangereux dans la guerre psychologique. On s’y connaît depuis qu’on nous balançait d’avions des tracts pour choisir la France à la place de l’ALN. Vous connaissez la suite du combat entre ceux qui n’avaient presque rien et ceux qui avaient la démocratie, les bombardiers, les hélicos, les navires, les chars et beaucoup de gégènes.

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