Libye : selon un ex-rebelle, ils ont perdu la guerre par Allain Jules
12 août 2011
Libye : selon un ex-rebelle, ils ont perdu la guerre.
INTERWIEV DE LEV VERCHININE
(traduction française par Allain Jules)
Khamis Kadhafi à l’höpital de Zliten
Le Dr Rejeb Muftakhov Budabusa, ex-rebelle, dans une interview télévisée, à en juger par de nombreuses paraphrases et une approche plus ou moins détaillée, a impressionné le « tout Paris ». En effet, il ne faut pas oublier qu’il a pris part, depuis février et début mars, à des « manifestations pacifiques à Benghazi », tout en souhaitant ardemment « la libération de la Cyrénaïque. » Économiste reconnu appartenant à l’élite Benghazi, et a été l’un des dissidents les plus en vue. Il s’est ensuite rendu à Paris, où il s’affirme comme étant l’une des figures proéminentes des cercles immigrés anti-Kadhafi, et dès le début des événements. Le politologue Lev Verchinine l’a interviewé. Il a déclaré qu’il est « Intéressant d’évaluer la situation de ces derniers mois ».
Lev Verchinine: Que se passe-t-il en Libye? Révolte? Feudalisme ? Reflet d’une agression?
Dr Rejeb Muftakhov Budabusa : Franchement, la révolte a été inspiré par certains pays occidentaux qui ont maintenant l’intention de modifier la carte de la Libye et luttent in fine contre la Libye, avec leurs bombardements aériens. Cette guerre est injuste et illogique. Comme vous le savez, au départ, j’étais enthousiaste. Je me suis même félicité de l’intervention. Je suis originaire de Benghazi. Avant d’immigrer, je me suis opposé farouchement à la Jamahiriya. J’ai été à Benghazi juste après le début de la révolte. J’ai de bonnes relations avec de nombreuses personnes là-bas: les dirigeants (CNT ndrl). J’y ai des amis, mes anciens élèves et, beaucoup d’entre eux ont pris part à ces événements dits de « Février 17″ mais maintenant, presque tous s’y sont éloignés.
Ce qui s’est passé en février est la justification de l’intervention de l’OTAN. Mais peu à peu, de gens ont alors commencé à penser que, les événements eux-mêmes sont le résultat d’une manipulation par l’OTAN. Ils ont été déclenchés dans la violence, avec la création de groupes de militants, ayant l’espoir de lutter pour un monde démocratique. Mais, aucun des manifestants n’avaient un seul instant, imaginé que l’OTAN cherchait à intervenir sur notre sol. Soyons honnêtes, il y a comme une re-colonisation organisée de notre pays. En réalité, l’opposition même, a aujourd’hui réellement percuté, que l’intervention européenne n’est pas sincère. Mais, il me semble que, certains responsables libyens avaient été informés et avaient conclu un accord préliminaire avec les Européens. Ils savaient donc ce qui allait se passer.
Au début de la révolte, selon des participants et même des dirigeants, les manifestations étaient pacifiques. Les gens venaient se plaindre auprès des autorités, sans aucune agressivité. Ensuite, la foule, armée, a commencé à bombarder. C’est ainsi que quelqu’un a ouvert le feu sur une base militaire, puis un autre a mis le feu à une station de police, et tout a basculé. Dans la foule pacifiste, il y avait des gens bizarres avec des fusils qui ont commencé la violence dans les rues, puis les jeunes ont commencé à s’engager dans des unités de combat. C’était parti pour le début des combats. Aujourd’hui, beaucoup de gens le regrette. Le pire c’est que, le jour où l’OTAN a commencé à bombarder Benghazi, elle n’a plus fait quelque chose de juste ou de positif.
Lev V. : A-t-on, à Benghazi, une perception sur les «erreurs de l’OTAN» suite à la destruction des villes par les airs ?
Dr Rejeb: Eh bien, comment les gens peuvent le percevoir ? À Benghazi, vivent des gens normaux, qui comprennent tout. Auparavant, l’OTAN littéralement bien joué. Mais maintenant, il est clair que la protection de la population civile par les Européens est le dernier de leurs soucis. Personne n’a oublié le « 17 février », nous n’avons pas à rougir. Mais les gens ont commencé à percevoir le bon grain de l’ivraie, et se remémorent le début de la révolte. Les gens se souviennent notamment des détails, et réalisent qu’il n’y avait pas au préalable, une répression policière. Ils sont conscients de l’avoir provoqué. Ce sont eux qui ont attaqué des unités de l’armée. Mais, que peuvent faire les citoyens ordinaires maintenant ? Mais, ne vous méprenez pas, moi je pense que Kadhafi devrait se retirer de la vie active. Je ne vis pas en Libye parce que je pense qu’il n’a plus beaucoup de temps devant lui donc, je n’ai pas à le cacher. En revanche, je ne crois non plus que les dispositions actuelles, avec ces généraux en place, soient plus démocratiques. Mais, désolé, je ne veux pas que mon pays soit bombardé, pillé et humilié.
Même pour moi, un Benghazian, ennemi juré et opposant farouche au colonel Kadhafi, un Bédouin de Syrte, il faut se rendre à l’évidence, aujourd’hui, il est devenu un symbole d’unité nationale, le seul dont le nom réunie des milliers de personnes différentes qui sont prêts à se battre contre les agresseurs. Après la guerre, nous allons voir …En ce sens, l’Europe a mal calculé. Nous, les Libyens, sont calmes, paresseux, et faciles à vivre. Mais, nous n’acceptons pas d’être humiliés et insultés. Il (Kadhafi) arrive donc à capitaliser. Mais eux (européens), avec leurs propres mains, ont fait de Kadhafi, le nouvel Omar Al Mukhtar de 2011. Et, c’est quoi la finalité ? Ils nous ruinent, ils pensent que s’il quitte le pouvoir, c’est fini. Mais certaines personnes ne peuvent pardonner ou oublier. Beaucoup voient en l’Europe et ses dirigeants, l’avenir compromis de leurs familles .
En général, il y a ceux qui ne veulent pas se battre. Ceux qui restent indifférents, quel que soit celui qui gouverne ou commencent à sympathiser avec al-Kadhafi, parce qu’il se bat contre des agresseurs, plutôt que d’essayer de négocier. hélas, maintenant, sa popularité est grandissante, chaque jour davantage, plus que jamais dans ses propres rêves. La politique des nations démocratiques n’y peut rien.
Lev V.: A votre avis, quelle est la solution ?
Dr Rejeb : L’OTAN et les rebelles ont déjà perdu la guerre et ce qui arrivera demain, je vous laisse deviner.
Source: Pravda.ru