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18 novembre 2024

Congrès des femmes en Libye


Pour donner une autre image de la Jamarhiya libyenne que celle véhiculée par nos
médias et nos hommes et femmes politiques endoctrinés par la propagande faisant
passer la Libye pour un pays dictatorial, j’ai puisé dans mes archives et
retrouvé ce dossier que j’avais écrit en 1996. J’ai surtout voulu profité de ce
mois de Ramadan pour montrer et démontrer que des femmes puissent débattre
sereinement sur des sujets aussi brûlants que la religion, la politique, les
traditions, la famille et la libération des femmes.
Ginette Hess Skandrani
aoüt 2011

J’ai assisté, animé ou présidé de nombreux congrès, colloque ou réunion
publique, en Europe ou dans le reste du monde Arabe, mais je n’ai jamais
rencontré cette capacité d’écoute, d’échange, de débat y compris contradictoire
ailleurs qu’en Libye.

Je garde surtout un souvenir inoubliable de ce congrès de femmes , où 18 femmes
venant de toutes les contrées de la planète , d’une quinzaine de nationalité
différentes, femmes du Sud et du Nord, de différentes cultures et religions,
pratiquantes ou non, de gauche, de droite, politique ou associatives ont débattu
ensemble sur le statut et les acquis du combat des femmes et comparé ces acquis
d’un pays à l’autre.

Quinze ans plus tard, nous nous apercevons que peu de choses ont changé. La
condition des femmes s’est largement dégradée en Irak occupé, en Palestine de
plus en plus colonisée, ainsi que dans certaines autres régions du monde, par
contre en Libye, les femmes sont largement présentes dans les postes de
responsabilité, y compris dans l’armée.

Le compte-rendu de cette rencontre a été diffusé en Libye mais n’a jamais trouvé
preneur ailleurs, tous ceux qui voulaient le publier ont exigé que je fasse
d’abord une critique de Kadhafi, ce que j’ai toujours refusé.

Congres de Femmes à Tripoli

. Malgré les inconvénients et les désagréments causés par l’embargo aérien
imposé à la Jamahirya libyenne, malgré les difficultés du voyage, entre
plusieurs avions et le bateau Malte-Tripoli, des femmes, venant souvent de
contrées très lointaines, se sont déplacées pour cette cinquième table-ronde sur
le statut de la femme dans le monde, sur les acquis et sur ce qu’il reste à
conquérir ici ou ailleurs.

Nous remercions surtout deux femmes âgées de soixante-quinze ans, l’une
Italienne, l’autre Néo-zélandaise, qui ont voulu apporter leurs témoignages sur
leurs traversées de ce siècle que certains appellent les lumières, d’autres les
ténèbres, tout dépendant de quel côté du colonialisme on se place.

La majorité des femmes étaient âgées de quarante à soixante ans, deux
Allemandes qui avaient la trentaine et une Canadienne de vingt-cinq ans. Les
différentes oratrices sont intervenues sur des sujets assez variés : la femme
et l’emploi, la femme en politique et dans le mouvement social, le statut de la
femme, la culture et les différentes religions, les moyens de contraception et
l’avortement.

Les intervenantes se sont exprimées sur les différences culturelles et sociales
entre la civilisation occidentale écrasant toutes les autres et la multitude de
civilisations existant sur l’ensemble de la planète.

Le débat entre toutes ces femmes venues des pays d’Europe, des U.S.A., du
Canada, de l’Amérique latine, de Nouvelle-Zélande, du Japon, de différents pays
arabes et de Guyane, était d’un haut niveau, surtout qu’elles ont su s’écouter
malgré des analyses différentes et souvent contradictoires sur le rôle de la
femme dans la famille, la religion, la société , sur l’interdiction ou
l’autorisation de l’avortement.

TRIPOLI : LA CONFRENCE DES FEMMES

PREMIERE TABLE-RONDE : LES DROITS DE LA FEMME

DR Khanum Ganhar Aijaz KHAN, ancien ministre pakistanaise, présidente de
l’association des femmes Pakistanaises est intervenue sur le droit des femmes
dans l’Islam.

Elle a rappelé que beaucoup de femmes ont contribué aux luttes et combats pour
l’Islam, qu’elles se sont engagées à côté des hommes pour faire reconnaître
l’Islam en tant que religion et en tant que civilisation. Elle a comparé les
différentes religions et la place des femmes dans d’autres religions et a donné
quelques exemples sur les droits des femmes dans la religion juive où elles
portent la responsabilité de la perte de l’Éden ou dans la religion catholique
où elles étaient jusqu’au dix-neuvième siècle considérées comme n’ayant pas
d’âme au même titre que les noirs ou les différents esclaves. Dans l’hindouisme,
la femme n’a d’autre place qu’esclave de l’homme. « L’islam a donné les moyens
aux femmes pour se faire respecter et avoir confiance en elle même »

Judith ALLEN U.S.A de l’Association de Défense de l’Emploi pour les Femmes, est
intervenue sur la discrimination envers les femmes dans le monde du travail.

La majorité des femmes travaillent aux U.S.A., même si leur salaire est bien en
dessous de celui des hommes. Même si elles ont accès à tous les postes
politiques, leur condition n’est pas idéale. Elles ont créé une association de
défense de l’emploi des femmes, dont elle est représentante dans cette
table-ronde.

Beaucoup de femmes voudraient rester à la maison pour élever les enfants, si
elles en avaient les moyens, car le niveau des impôts est très élevé aux U.S.A.
Le mouvement des femmes aux U.S.A a refusé de soutenir les femmes immigrées,
c’est aussi pour les défendre qu’elles ont créé l’association de défense de
l’emploi. Les femmes immigrées ne sont soutenues par aucune organisation ou
syndicat, donc elles sont très isolées dans la société déjà masculine et de plus
raciste. La lutte d’émancipation des femmes a changé de nature, avant elle était
offensive, maintenant elle est devenue défensive à cause du chômage et de la
pauvreté.

Souad ELNAAS, Libye, du Congrès des Femmes de la Jamahirya , est intervenue sur
le droit des femmes et les droits humains dans la Jamahirya.

En Libye, les femmes sont présentes dans tous les actes de la société. Elles ont
les mêmes droits que les hommes en politique ou dans les administrations. Elles
sont largement présentes et représentées dans les différents congrès populaires.
La société libyenne doit fournir les moyens à toute la population de se réaliser
sans distinction de sexe ou d’âge, travail ou pas travail n’est qu’un problème
matérialiste. La femme a le droit de choisir, si elle veut travailler ou si elle
préfère élever ses enfants, ou continuer ses études, elle est libre et
émancipée. « C’est notre guide Qadhafi qui nous a donné l’occasion de nous
libérer »
Par contre, contrairement à l’occident, dans la société Libyenne l’avortement
est considéré comme un crime abominable, car l’enfant est un don de Dieu, et la
femme qui ne procrée pas ne joue pas son rôle naturel et si elle s’avorte, elle
se donne la mort.

Dorothea SCHENDEL Allemagne , du Mouvement des Femmes est intervenue sur les
droits humains, les droits de la femme et les problèmes des filles et des femmes
dans le tiers-monde.

« L’UNICEF dénonce la mort de 1,5 % d’enfants dans le monde, qui meurent parce
que leurs parents ne les ont pas voulu et les laissent à l’abandon ». Elle est
pour le droit à l’avortement pour éviter que viennent au monde des enfants non
désirés, ceci pour répondre à l’intervenante précédente. Elle fait un exposé sur
le travail des petites filles dès l’âge de dix ans, qui au lieu d’aller à
l’école comme tous les enfants de leur âge, sont exploitées, au Pakistan, aux
Philippines ou ailleurs en Asie ou en Afrique. Plus de 65 % de filles
travaillent ou se marient à un âge précoce. Souvent elles meurent à cause de la
procréation trop précoce. L’éducation des filles est nécessaire pour la santé de
la société. Dans les pays du Nord, les filles font des études et en Asie ou en
Afrique, il y a quatre-vingt-dix millions d’analphabètes dont 2/3 sont des
filles. C’est d’une injustice flagrante. Il faut souvent y ajouter la
prostitution obligatoire. En Thaïlande ou aux Philippines les parents obligent
leurs filles à se prostituer pour nourrir la famille. Cela est intolérable.

DR. Mithal Sabri JASIM Iraq, présidente de la Fédération Générale des Femmes
Arabes est intervenue sur le statut de la femme en terre d’Islam.

L’Islam représentant la majorité de la population dans le monde arabe, il est
logique que cette population tire sa législation de l’Islam, ainsi que les
droits et les devoirs en tant qu’individu. L’islam donne sa place à la femme
arabe selon la juridiction qui régit la société. Avant l’Islam, la loi qui
gérait la société arabe était issue des traditions et déconsidérait la femme qui
était considérée comme inférieure à l’homme. C’est l’Islam qui a apporté le
droit de l’individu, homme et femme et a contribué à l’émancipation de la femme.
L’individu est jugé sur son comportement vis-à-vis de Dieu et de la société, et
ceci qu’il soit homme ou femme. L’islam considère que la Femme participe au
combat en conservant le patrimoine historique. La femme dans l’Islam joue un
rôle primordial. Il ne faut pas juger sur la période de la décadence islamique.
Le Coran s’est intéressé à la femme dès le quatorzième siècle. Le droit à
l’héritage, le droit de posséder, il n’y a pas de différence entre les sexes, la
femme a le droit de jouir de ses droits en toute indépendance. Avant l’Islam, la
femme était condamnée pour adultère, maintenant les deux peuvent être condamnés
et en plus il faut quatre témoins donc c’est moins facile à juger. Il y a aussi
l’égalité dans le mariage avec la liberté de choix des deux époux. L’accord de
la femme est maintenant obligatoire. Ce sont les Oulémas qui ont mal interprété
les textes du Coran pour les adapter au droit des hommes uniquement. Ils ont
instauré un fait accompli. Ils ont donné le droit d’épouser quatre femmes, à
condition qu’il y ait l’égalité, la justice et le respect envers les quatre
femmes, ce qui est pratiquement irréalisable. Cette loi a été instaurée au début
de la création de l’ère musulmane quand l’Islam était combattu et perdait
beaucoup de combattants, pour conserver la situation démographique des
Musulmans. Mais les Musulmans ont conservé cette loi pour continuer à opprimer
la femme.

Béatrix PIRCHNER Autriche, de l’Institut International sur la Recherche
soufiste, a fait une intervention sur la nature du monde et le monde dans la
nature.

Quand on parle de droit de l’homme, est-ce que la situation reflète la règle
humaine? Ce monde continue à être commandé pour arriver à sa disparition. Il
faut redonner un aspect spirituel à l’humanité, entre hommes et femmes de toute
la planète, car nous avons tué beaucoup de valeurs et instaurés une angoisse
permanente : peur de la guerre, peur des fléaux et un comportement de
consommation qui reflète cette angoisse et amène l’homme à dominer la femme à
cause de la peur du naturel.

L’univers subit une destruction de l’environnement au même titre que de la
spiritualité et l’on s’engage de plus en plus dans un monde matérialiste en
fabriquant de plus en plus un côté artificiel qu’on appelle progrès. L’homme,
tombé dans ce piège a écarté la femme pour pouvoir jouer un rôle plus important.
Si nous portons un jugement sur tous les systèmes politiques depuis cinq
siècles, en y incluant l’esclavage dont l’humanité a tant souffert, on se rend
compte que les tares et les maladies de la société capitaliste font des ravages
sur la vie de toutes les espèces vivantes. Il ne faut surtout pas opposer
l’homme et la femme, comme il ne faut pas opposer spiritualisme et matérialisme,
pour créer un nouvel ordre social. Le symbole soufiste est être avec le monde et
non contre lui. Le soufiste aime Dieu, aime l’humanité.

DEUXIEME TABLE-RONDE: LE STATUT DE LA FEMME : PROBLEMES ET SOLUTIONS

Toshiko HIMEOKA Japon, Professeur de la Faculté pour les Relations
Internationales est intervenue sur le statut de la femme au Japon et le récent
débat sur la conception des droits de la femme japonaise.

La femme au Japon, est soumise a des contraintes objectives, car le statut de
la femme change avec l’histoire et l’évolution de la société. Les femmes
japonaises sont encore très arriérées par rapport aux mobilisations des femmes
aux U.S.A. La société japonaise est et reste une société patriarcale. Il y a eu
quelques améliorations, mais il reste encore beaucoup à faire. Les associations
de femmes japonaises ont adopté deux projets : 1. Sur l’égalité des sexes, 2.
Sur la lutte contre la ségrégation.

La femme japonaise est encore très démunie pour atteindre ces objectifs, face à
une société traditionnelle, mais elle peut déjà améliorer sa situation. Elle
attend beaucoup de la mobilisation internationale. Les droits de l’homme doivent
être universels c.à.d. homme et femme, mais chaque pays doit être pris en
compte dans sa spécificité. Il faut refuser l’exploitation de la femme et le
harcèlement sexuel au travail ou ailleurs. Les Femmes japonaises ont été
exploitées sexuellement pendant la guerre par les militaires et ceci, aucune
femme ne l’a oublié.

Martina KAMP Allemagne, étudiante dans la Recherche Scientifique, est
intervenue sur l’historique de la lutte des femmes et sur l’image de la femme du
Maghreb et du Machrek dans les médias occidentaux.

« Ayant eu souvent l’occasion de me déplacer au Moyen-Orient, je me rends compte
de l’énorme manipulation des médias en Europe ». Elles montrent les femmes des
objets sexuels ou de plaisir. Le concept occidental s’est construit sur des
contradictions tantôt attirant tantôt rejetant tout ce qui est exotique, mais
toujours défini selon des critères européens. Chaque société est fondée sur une
culture qui lui appartient en propre.

Nous sommes trop arriérés pour le comprendre. Déjà nous n’arrivons pas à établir
des relations d’égalité entre l’Est et l’Ouest, il n’y a que l’hégémonie de
l’ouest qui exige de l’Est de renier toutes ses valeurs qui ont été établies au
fil des années. Comment pouvons-nous comprendre le rôle de la femme dans
d’autres régions et d’autres civilisations ?

L’islam a joué un grand rôle dans la vie des femmes. Beaucoup de livres ont été
écrits sur la place et le rôle de la femme dans les sociétés islamiques. C’est
l’occident qui se voile la face sur cette civilisation et qui s’est inventé une
conception occidentale de l’Islam qui n’a rien à voir avec la réalité et qui est
toujours fondée sur l’exotisme alors que les Musulmans sont largement présents
chez nous et enrichissent nos cultures.

Dr.Joussef Omar ALGHAZAL Libye, Directeur de l’Académie Verte, El Fatah
Université où se passe le congrès est intervenu sur la femme libyenne dans la
culture dominante.

Le siècle des lumières lié aux mouvements de colonisation a entraîné un
mouvement arabe contre la colonisation culturelle et politique. Les
intellectuels arabes du XIXe siècle, vers la fin de l’empire Ottoman, opposés à
la turquisation et contre l’occidentalisation ont combattu contre la tentative
d’effacer notre personnalité, appelant à une stratégie d’interaction avec
d’autres cultures pour vaincre le colonialisme culturel.

La culture est un être vivant qui se nourrit avec les autres cultures, et meurt
donc s’il néglige ou combat les autres cultures. C’est l’interaction qui a donné
la civilisation, l’interaction islamique liée à une histoire arabe globale. Le
règne Al Moad, fondé sur la dynastie des familles soufies, l’histoire actuelle
liée au passé, les sentiments de nos parents battant dans nos cœurs, notre
mémoire, tout cela nous apporte le statut de la constitution de nos pays dans le
Maghreb. Un monde sans culture spécifique est une charogne et ne peut donc
attirer que les charognes ou les chiens.

La culture arabe a besoin de diversité entre des cultures, de complémentarité
entre l’homme et la femme pour fonder la mentalité arabe. Les traditions
conseillaient aux hommes de porter des vêtements blancs et aux femmes de se
voiler. Les Libyens appliquent encore aujourd’hui ces conseils. J’ai fait faire
une étude sociologique à mes étudiants sur les relations hommes-femmes. Ils ont
interrogé neuf milles femmes, de tout âge et de toute profession. Les réponses
étaient souvent partagées sur la préférence du sexe d’un bébé ou sur la place
des femmes dans la société, par contre sur l’égalité entre l’homme et la femme
les oui étaient nettement majoritaires.

Rose HOLLINS, Nouvelle-Zélande, de l’Institut du Droit International, est
intervenue sur le statut de la femme et la lutte pour l’égalité sociale.

La lutte concernant l’émancipation des femmes n’est pas homogène, car il y a une
différence entre la lutte et les objectifs finaux, selon que les femmes fassent
partie d’une classe sociale ou d’une autre ou selon que la femme fait partie
d’une civilisation dominante, la blanche ou celle des Maoris ou autres
autochtones. Les objectifs à atteindre ne sont jamais les mêmes selon que vous
faite partie de la majorité opprimante ou des minorités opprimées. Je milite
pour l’indépendance des minorités opprimées, dont les femmes. Je ne me permets
pas de mettre en cause les gens qui se battent au nom de l’Islam contre les
complots ourdis par les capitalistes impérialistes.

Chez nous, les Tables-Rondes qui se tiennent et où l’on appelle les femmes à
débattre, ce sont toujours les riches qui parlent aux riches et contre les
pauvres. Il est nécessaire de faire une union entre toutes les forces quelles
que soient leurs identités ou leurs cultures pour les droits de l’homme et les
droits sociaux contre le capitalisme.

Les femmes ont besoin de lutter avec d’autres minorités, de combiner leurs
forces pour faire échec au capitalisme, la lutte sera plus efficace. Il faut
lutter ensemble pour mettre fin à l’oppression de toutes les minorités. De toute
façon, le capitalisme est concentré entre quelques mains qui oppriment la
majorité des populations, seulement certains sont plus opprimés que d’autres,
donc se révoltent plus. La concurrence capitaliste a entraîné une confrontation
des pays riches au détriment des pays pauvres. Le problème dont les femmes
souffrent le plus en Nouvelle-Zélande, c’est le fléau social. Après la guerre,
20 % de femmes ont commencé petit à petit à travailler dans des emplois à temps
plein, en 1995, il n’y en avait plus que 15 %. Nous sommes les premières
victimes du chômage.

Jacqueline BUTRON Bolivie, du C.E.M.E.C. (centre de multiservices sur
l’éducation et les cultures) est intervenue sur le rôle de la femme amérindienne
en Bolivie.

En Bolivie sur une population de sept millions d’habitants, la coexistence entre
les nombreuses ethnies, entre les différentes cultures est possible. Je ne dis
pas que c’est parfait, mais j’ai beaucoup voyagé et je trouve qu’il y a une
certaine tolérance dans mon pays alors qu’il y a une énorme variété géographique
et culturelle. Tous peuvent s’exprimer. Depuis la création de la république, en
1925, l’état fait son possible pour faire cohabiter toutes les ethnies qui le
composent. C’est un pays qui ne connaît de toute façon pas encore toutes les
identités, les cultures et les ethnies qui font sa richesse.

La Bolivie, du fait de cette tolérance a pu acquérir un semblant de démocratie,
une sorte de stabilité qui a permis de réformer l’enseignement aux différentes
ethnies, un enseignement global, mais aussi indigène dans la mesure des
connaissances. Il y a encore beaucoup à faire pour arriver à un enseignement
plus performant et pour permettre aux différentes couches de la société de
participer aux gestions municipales et à l’exécutif. Par contre, la femme n’est
pas vraiment protégée de l’exploitation. 65 % de femmes ne peuvent avoir accès à
l’enseignement à cause de la pauvreté et de l’analphabétisme. Dans un pays ou
75 % de la population est autochtone, la femme autochtone vit en milieu rural et
ne profite donc d’aucune facilité pour participer aux affaires sociales,
d’ailleurs personne ne songe à lui en offrir les moyens. Les femmes, en milieu
rural souffrent énormément du manque d’hygiène et d’assistance sanitaire.

Ginette SKANDRANI France, écologiste, Femme pour la Paix et Réseau de Solidarité
avec le Peuple Palestinien est intervenue sur le rôle de la femme en politique
et dans le mouvement social en Europe et particulièrement en France.

Dans le monde du travail, les femmes sont encore très minoritaires dans
l’encadrement et dans les fonctions les plus valorisantes. Elles sont nettement
moins payées, à niveau de qualification égale. Elles sont beaucoup plus touchées
par le chômage et la pauvreté (12 % contre 8 % pour les hommes). Certains hommes
politiques veulent carrément les renvoyer à la maison sous prétexte qu’il n’y a
plus de travail pour tous. C’est sur elles que repose aussi la plus grande
partie du travail domestique et l’éducation des enfants les contraignant souvent
à faire des « doubles journées ». Ça tient particulièrement à nos modes de vie,
ou, sous prétexte de rentabilité, la famille a été éclatée, l’entraide et la
solidarité jetées aux oubliettes de l’histoire car non capitalisables.

D’une part, les mentalités ayant beaucoup de mal à évoluer, les longues études
sont toujours réservées aux garçons, d’autre part on retrouve toujours dans les
livres scolaires certains stéréotypes comme : maman fait la cuisine, papa
travaille. Ce qui ne favorise pas la prise de conscience sur l’égalité des
sexes. Quant à la publicité, elle reste toujours aussi sexiste en Europe. Ce
n’est vraiment pas agréable de voir sur les murs les affiches de femmes nues
vantant tel ou tel produit de consommation. En dehors de la sphère privée ou
économique, l’inégalité la plus flagrante et qui perdure est bien du domaine de
la politique, car les femmes sont très peu représentées dans les assemblées.

Malgré les grandes déclarations fracassantes, surtout en campagne électorale,
sur le statut de la femme européenne, il me semble que le droit de la femme est
surtout un concept qui sert à cacher la réalité de la politique et à donner des
fausses leçons de démocratie aux pays du Sud.

« J’aimerais beaucoup comparer, au-delà des différences culturelles, le nombre
de femmes élues ou assumant des postes de responsabilité dans les pays
musulmans ». On nous soumet, par médias interposés, l’image de la femme
musulmane, voilée, dépendante, exclue de toute décision qui doit correspondre à
l’image de la femme occidentale, dénudée, inconsciente, charmeuse et dépravée
distillée dans les pays arabes. Aucune de ces deux images ne correspond à la
réalité. Il existe en France, comme dans tous les pays où la démocratie n’est
que parlementaire, un foisonnement d’associations, et là, dans ce qui correspond
à la réalité de la société civile, les femmes sont largement présentes et
représentées.

Peut-être faudra-t-il instaurer une démocratie plus directe pour inciter les
femmes à participer au débat politique ?

TROISIEME TABLE-RONDE : LA PLACE DE LA FEMME DANS LA SOCIETECONTEMPORAINE

Ornella SANGIOVANI, Italie, journaliste, est intervenue sur les femmes, l’Islam
et le mensonge des médias occidentaux .

« Lors de la conférence mondiale de Pékin, les femmes ont exigé des mesures pour
améliorer l’image de la femme dans les médias occidentaux ». Les médias
occidentaux donnent surtout une mauvaise image de la femme musulmane par
ignorance de cette religion.

La seule image qu’a l’Occident sur l’Islam c’est : le désert, les chameaux, le
harem. L’image de la femme musulmane est donc liée à cette image : elle est
soumise, elle est l’esclave de l’homme, elle est un jouet sexuel. Beaucoup de
romans ont paru en occident sur les harems, les femmes voilées et violentées, le
fantasme a fait le reste.

Certaines femmes maghrébines en Europe, plus occidentalisées que les
occidentales, et se disant toujours progressistes sont intervenues dans les
médias pour dénoncer le hidjab, l’esclavage du voile, ce qui n’a pas arrangé
l’image de la femme musulmane. Tout le monde semble oublier aujourd’hui l’énorme
progrès qu’il y a eu concernant la condition des femmes en Irak, longtemps avant
la guerre. Nos médias montrent la Libye comme un pays traditionaliste, alors que
nous savons qu’il y a l’égalité entre l’homme et la femme. La femme occidentale
souffre aussi, comme partout, d’injustices, mais ce sont toujours les drames
vécus par les femmes dans le monde musulman qui sont gonflés pour desservir
l’Islam.

Pourtant, le Coran est traduit dans toutes les langues, il suffirait d’étudier
l’Islam avec plus d’objectivité, pour s’instruire. Les médias insistent sur la
polygamie, fabulent sur l’homme et ses quatre femmes et ne comprennent même pas
que c’est très exceptionnel et que ce n’est pas une règle car peu d’homme
peuvent entretenir quatre femmes en gardant la vie propre à chaque femme. Et ce
n’est pas un fondement religieux.

La circoncision ou l’excision, le prophète n’en a jamais parlé. L’occident
exploite la pratique de l’excision qui a existé avant l’Islam pour dénigrer
cette religion.

Marcelle PERREIRAGuyane, du Mouvement Révolutionnaire, est intervenue sur la
place des femmes dans le monde contemporain et les problèmes liés au monde
contemporain.

Les problèmes de la femme ne sont pas les mêmes selon qu’on est d’un côté de la
planète ou de l’autre. La femme arabe a d’autres problèmes que la femme des
U.S.A, ou d’Europe. Il y a le problème de la religion dans certains pays, il
faut donc les traiter d’une autre manière. Il y a la liberté de choix de
l’individu, dans ou en dehors de la société. « Islam ne veut pas dire liberté de
choix de l’individu, mais le choix que fait l’individu par rapport à la
société ».

En ce qui concerne l’avortement, en Occident, la femme prend sa décision, chez
les musulmans, l’enfant est voulu par Dieu, il faut respecter l’enfant. La
liberté a différentes facettes, nos idées sont différentes. L’être humain obéit
à des lois naturelles, mais il n’est pas tout seul, donc il faut aussi des lois
sociales. Selon la troisième théorie universelle, Qadhafi insiste sur le côté
naturel, nous sommes des êtres humains créés par Dieu, nous obéissons à des lois
divines. Les hommes et les femmes sont tous les deux des êtres humains, il ne
doit pas y avoir de différences.

Il y a des phénomènes naturels qui ont été dénaturés à cause de l’intervention
des hommes. Nous devons veiller à comprendre nos différences, les étudier puis
les dépasser. La mentalité occidentale n’a jamais fait d’effort pour comprendre
les autres cultures. Elle a toujours voulu les façonner à son image. Si nous
voulons comprendre notre époque nous devons réhabiliter toutes les cultures. Le
monde actuel est très pauvre, non seulement au niveau culturel, mais surtout au
niveau économique.

Les 3/4 de l’humanité subissent une pauvreté extrême et la domination du F.M.I,
beaucoup de pays sont soumis à l’embargo décrété par les U.S.A., sur les peuples
qui ne leur plaisent pas. Nous devons lutter contre l’impérialisme, car les
riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Il
faut plus de compréhension et plus d’entente entre les peuples opprimés.

Thérésa ASSENCIO BRUGIATTELLE Italie, Présidente de l’Association Internationale
des Femmes Juristes est intervenue sur la femme au seuil du troisième millénaire
: bilan et perspectives.

Les femmes luttent déjà depuis deux cent ans pour leurs droits. En réalité
cette lutte n’a été qu’une façade du patriarcat, qui a réduit la maternité à une
simple reproduction, ce qui a fait que même certaines femmes étaient persuadées
de la supériorité masculine. Le travail des femmes dont on nous parle, a
toujours été un double travail sans rétribution.

Ce n’est qu’à partir du XVIIIe siècle que les femmes ont commencé à sortir de la
maison, la parité des femmes passant par le travail à l’extérieur, bien qu’elles
doivent aussi assumer celui de l’intérieur. Les femmes ont commencé à se réunir,
à créer des associations, à produire des textes, à se mobiliser après la guerre.
En 1975, les réformes ont apporté la reconnaissance parentale qui a remplacé la
reconnaissance paternelle. Il y a eu beaucoup d’améliorations par rapport à
l’éducation des petites filles en Europe.

En même temps la maternité a été reconnue comme une fonction sociale d’où
l’obtention du congé parental. Les femmes participent largement à la création
des richesses et des savoirs, mais la conquête des droits et de la parité en
politique reste encore largement déficitaire. La Déclaration Universelles des
Droits de l’Homme, du 8 décembre 1948, qui comprend un chapitre contre les
discriminations, reste à appliquer au niveau politique.

Heike STRUCK Allemagne, étudiante, est intervenue sur le rôle de la femme en
Europe de l’Ouest.

En Europe, les femmes n’ont toujours pas le même statut social que les hommes,
car le travail des femmes n’est pas adapté à la spécificité féminine. Nous
devons continuer à lutter pour acquérir nos droits. L’état a théoriquement
ouvert tous les domaines aux femmes, mais la vie économique et sociale s’oppose
à ce que les femmes prennent des places de décision.

La société ouest-européenne reste très masculine, d’ailleurs la Déclaration des
Droits de l’Homme Française de 1789 à laquelle se réfère toute l’Europe a été
écrite par un homme qui n’a même pas pensé à consulter les femmes. Les femmes
ont donc été oubliées. Nous devons avoir les mêmes droits, nous sommes la moitié
de l’humanité. La femme doit être inclue dans la Déclaration des Droits de
l’Homme qui doit donner la liberté à tout le monde. Il y a actuellement en
Allemagne une campagne pour la réécriture de la Déclaration.

Les femmes luttent depuis de nombreuses années pour la reconnaissance de leurs
droits. Nous avons déjà obtenu quelques acquis, il faut continuer, car rien
n’est définitif. Les femmes détiennent le droit de vote depuis 1908 en
Allemagne, près d’un demi-siècle avant les Françaises. Nous intervenons aussi
pour faire punir plus sévèrement les viols qui sont des crimes intolérables
commis contre les femmes. Les différents colloques et tables-rondes, auxquelles
nous participons sont toujours des activités importantes pour échanger
mutuellement et nous remonter le moral. Les hommes veulent toujours d’avantage
de libertés et la plupart du temps au détriment des femmes. Il serait temps de
définir des principes fondamentaux pour élaborer des rapports respectueux des
deux sexes, entre l’homme et la femme.

QUATRIEME TABLE-RONDE : QUEL AVENIR POUR LES FEMMES ?

Princesse KAORU NAKAMARU Japon, Présidente de l’Institut International de
Recherche pour la Paix dans le Monde est intervenue sur la paix dans le monde,
actuelle et sa renaissance.

 » J’ai visité plus de cent cinquante villes du monde entier, j’ai voyagé
partout, sur les cinq continents ». Les femmes rencontrent les mêmes problèmes
partout, même si les cultures, la couleur de peau ou les réalités sont
différentes. Pendant la guerre Iran-Iraq, des milliers d’enfants ont été tués.
Ils pourraient aujourd’hui être des hommes et sont devenus des chairs à canon.
Des enfants, au lieu d’aller à l’école allaient se battre avec dans leurs jolies
petites mains, une clef : la clef du paradis, quelle monstruosité et pour quel
objectif. C’est révoltant pour des femmes.

Toutes les guerre qui ont eu lieu depuis deux cents ans ont été un complot de
certaines forces du gouvernement de l’ombre : les multinationales. Et ceci selon
un plan bien déterminé : concentrer les richesses du monde et les médias pour
leurs objectifs. La paix mondiale et le nouvel ordre mondial sont des concepts
utilisés par Georges Bush en s’appuyant sur les forces monopolistes et
multinationales pour écraser l’Iraq.

C’est vingt-quatre familles qui détiennent les banques américaines et qui ont
constitué des lobbies et sont donc très puissantes. La richesse des U.S.A s’est
créée par les différents impôts qui ont été prélevés pour combattre le
communisme, mais en réalité cette richesse accumulée n’a servi qu’à enrichir
certains banquiers et à imposer leur ordre au monde. Je suis étonnée de
l’hypocrisie de tous les pays qui sont au courant. Seul Qadhafi a osé le
dénoncer. Il faut une renaissance de la spiritualité pour sauver l’humanité car
les humains se sont déviés de la vie spirituelle. Les Chrétiens sont devenus
matérialistes, il faut retrouver l’esprit du début du christianisme. Le XXe
siècle sera religieux ou ne sera pas.

Dr. Zaynab ZOHRY, Libye est intervenue sur l’avenir de la femme.

L’exploitation des femmes est universelle, elle prend des formes différentes
selon les pays, les cultures, les traditions. Il nous faut aujourd’hui prévoir
l’avenir et voir comment nous pouvons lutter pour planifier d’autres relations
entre les hommes et les femmes, tout en respectant nos différences et nos
spécificités. Nous vivons aujourd’hui dans une société planétaire avec beaucoup
de conflits sociaux, politiques, culturels, philosophiques, raciaux, la femme
est présente dans chacun de ces conflits. L’égalité entre les hommes et les
femmes passe par l’enseignement et surtout par le type d’enseignement que la
femme peut réaliser.

« J’ai dû rompre mon mariage, car mon mari ne voulait pas que je fasse de très
hautes études et que je sois plus instruite que lui. Une autre dame a voulu
faire comme moi, mais elle avait une petite fille de huit ans et leur famille a
été détruite. Vous voyez bien que ce n’est pas évident de devoir choisir ». Le
droit de la femme est une notion relative selon les sociétés.

Le capitalisme donne une certaine égalité entre l’homme et la femme dans
l’éducation, car il profite des connaissances acquises pour mieux exploiter les
intellectuels. Mais n’importe comment, l’enseignement joue un rôle dans
l’épanouissement de la personnalité. Les tentatives de certains scientifiques,
pour accaparer toutes les données doivent être démontées, pour voir comment
créer un enseignement adéquat à la vie et apporter à la société de meilleures
connaissances.

Les économistes doivent juste donner les moyens pour gérer l’économie, il ne
faut surtout pas qu’ils deviennent des maîtres à penser. Il ne faut laisser le
pouvoir ni aux scientifiques ni aux économistes. Toutes les pensées doivent être
complétées et améliorées aujourd’hui. Chez les communistes, l’homme est
l’élément principal et central, chez les capitalistes, l’enseignement se
contente de former des cadres pour la société, capables d’élaborer les besoins
pour les marchés et non selon la personne humaine. Les deux idéologies ont tort.
Il faut revoir tous ces concepts.

Pamella SAFFER, U.S.A, Ligue des Femmes pour la Paix et la Liberté, est
intervenue sur les femmes dans le monde : un instrument pour la paix.

« J’ai travaillé dans les affaires sociales et dans le textile, j’ai donc eu
l’occasion d’observer les différences sociales. J’ai eu l’occasion de
travailler au Nicaragua comme observatrice. J’ai vu dans de nombreux pays du
nord au sud de l’Amérique la terre et l’environnement détruits par les sociétés
pétrolières et l’exploitation massive des forêts et des champs, plus la violence
envers les populations indigènes et la pauvreté ».

Pour mettre un terme à toutes ces violences, il faut en rechercher les causes,
et faire un inventaire des besoins prioritaires. L’armement n’est déjà pas une
priorité, ni un besoin car les gens meurent par milliers à cause des guerres et
à cause des budgets investis dans les armes et les armées.

Il y a deux poids, deux mesures, car l’O.N.U. essaie d’imposer ses points de vue
par la force, ce n’est pas admissible. Les cinq membres du Conseil de sécurité
qui jouissent du droit de veto sont des marchands d’armes et des massacreurs.
Ils sont responsables de la mort de nos enfants. En Iraq, beaucoup d’enfants
sont morts et continuent à mourir, au Rwanda, 80 % des enfants sont cachés et en
danger de mort. Les femmes travaillent depuis de nombreuses années pour la paix
et la résolution des conflits par la non-violence. Il faut inverser les concepts
: la culture de la guerre doit devenir une culture de la paix. Il faut
travailler avec les hommes pour les empêcher de mettre en pratique leur culture
guerrière.

Margaret JONES, Nouvelle-Zélande est intervenue sur le statut des femmes :
réalité et idéal.

« Je suis née en 1920, j’ai cinq enfants et huit petits-enfants, je suis membre
de trente associations allant du sport à la nourriture saine, des droits
humanitaires à la santé, je ne peux tout énumérer ». Il n’y aura jamais de
démocratie nulle part si la femme n’a pas sa place en politique, car la réussite
politique est basée sur la participation. Nous devons étudier ensemble tous les
problèmes. Avant tout la santé, notre manière de nous habiller, de manger, car
les produits chimiques qui sont déversés partout, les textiles qu’on fabrique,
tout cela donne le cancer. En tant que femmes, responsables de la santé de nos
enfants, nous devons dénoncer tout cela. Les maladies dues à la pollution, à la
voiture, aux insecticides, aux pesticides, si nous ne prenons garde il n’y aura
plus d’avenir. Imaginez les pays pauvres qui subissent tout cela, nous venons
nous à peine de prendre conscience du drame crée par l’humanité. J’encourage
toutes les femmes à mener ce combat urgent.

Deborah Anne FRANKEL Canada, étudiante en cybernétique et technologie moderne,
est intervenue, sur l’implication des femmes dans les technologies modernes.

Le gouvernement Canadien est comme un thermostat qui concentre tout le pouvoir.
Tantôt il penche à gauche, tantôt il penche à droite, mais c’est toujours lui et
lui seul qui diffuse la température et la température reste aux mains des
hommes. Il faut que les femmes arrivent à mieux analyser les informations et
pour cela il faut déjà avoir accès aux différentes informations à travers
Internet. Il y a déjà un effort de fait par rapport à l’infomatique, car peu de
femmes savaient encore l’année dernière se servir d’un ordinateur et
connaissaient toutes les ficelles de la programmation.

Si nous laissons la maîtrise des technologies nouvelles aux hommes, c’est comme
si le mouvement des femmes n’avait jamais existé. Il faut combler notre retard
et nous emparer de tous les moyens informatiques et surtout nous servir
d’Internet pour avoir accès aux nouvelles et pour diffuser des informations.
J’encourage toutes les associations de femmes à s’emparer des moyens que la
modernité met à notre disposition.

Toutes les conférencières présentes ont signé un Appel traduit dans toutes les
langues représentées, adressé aux Nations Unies et au Conseil de Sécurité des
Nations Unies demandant la levée immédiate de cet embargo honteux qui pénalise
injustement le peuple Libyen et spécifiquement les femmes et les enfants. Cet
Appel sera diffusé dans nos pays respectifs pour inciter les femmes à le signer
largement.

Notre congrès s’est terminé vers vingt heures, après un débat très animé et très
ouvert, car pour arriver à un consensus et à une résolution finale prenant en
compte toutes les sensibilités, à la fois sur l’égalité entre les hommes et les
femmes, le droit à l’autodétermination des femmes, les droits féminins, le droit
à un enseignement non sélectif, le droit des femmes dans le monde islamique ou
dans d’autres régions du monde, la réécriture des différentes civilisations, le
rejet des stéréotypes, le combat pour la paix, le désarmement et la justice, la
réécriture de la Déclaration des droits de l’homme… nous savons qu’il nous reste
un long chemin à parcourir.

Nous savons aussi que c’est ensemble, femmes du Sud et du Nord, en prenant en
compte toutes nos différences, nos faiblesses et nos forces que nous y
arriverons.
Un dîner offert par la Jamahiriya a réuni l’ensemble des conférencières, les
étudiantes, les femmes libyennes, les traducteurs et tous ceux et celles qui ont
permis que cette table-ronde se passe dans les meilleures conditions.
Le lendemain, lundi, avant notre embarquement, nous avons visité Tripoli, le
centre, les souks et la Médina. Nous avons visité les fouilles romaines,
phéniciennes ou puniques de Shébrata, au bord d’une Méditerranée si bleue à en
faire rêver, nous avons discuté et plaisanté avec de nombreux Libyens ou
Libyennes, qui contrairement à tous les stéréotypes d’ici sont très ouverts et
très accueillants.

Ginette Skandrani.
Décembre 1996

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