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25 novembre 2024

Libye – Le règne de la « nouvelle vérité » par Ahmed Halfaoui


Libye : le règne de la «nouvelle vérité»

Après le charnier de Tripoli, vite oublié par les charognards de la presse «démocratique», voici le dépôt d’armes chimiques de Sebha qui attire par ces pestilences. Dans les deux cas ce seraient des «découvertes».

Allons donc ! On arrive presque à faire oublier que les membres les plus en vue du «nouveau pouvoir» étaient des membres des plus en vue de l’ancien pouvoir. C’est pour nous faire oublier qu’ils devraient tout savoir de ce qui se tramait quand ils faisaient partie des maîtres de la Libye.

Un charnier de 1 700 cadavres, sous leurs pieds, quand ils paradaient dans la capitale, et ils l’ignoraient ! De deux choses l’une, ils se sont faits doubler par la propagande qu’ils ne contrôlent pas ou ils nous prennent pour des niais prêts à avaler toutes les couleuvres qu’ils peuvent nous servir.

Le pire est qu’il n’y a aucun démenti, ni mea culpa qui suivent. On laisse la page ouverte et on cherche autre chose à faire gober. Quel respect pour la vérité ! Heureusement que depuis le début les mensonges ont été si gros qu’ils font à peine sourire. Il y a eu les 6 000 morts qu’Al Jazeera et France 24 n’ont pas pu montrer.

Il y a eu ces soldats dopés au Viagra pour violer on ne sait qui de leurs sœurs, mères, tantes, cousines (en omettant au passage que le Viagra n’a rien d’aphrodisiaque).

Il y a ces Noirs africains qui sont torturés et massacrés parce qu’ils sont noirs et Africains et il y a en permanence ces milliers d’enfants et leurs parents qui meurent sous les bombes et qui ne figurent jamais au menu des journaux télévisés.

Ces sources de la nouvelle vérité à laquelle doit se faire le monde. Ces sources qui ne sont jamais du côté des civils que l’on tue vraiment. Ils ne sont ni à Syrte, ni à Béni Walid, ni là où l’opération «protecteur unifié» travaille à «protéger» les civils. Alors qu’on devrait avoir droit de les voir ces civils heureux d’être protégés par l’OTAN.
Ce serait tout bénéfice pour l’Alliance, pour les Pétromonarques, pour l’ONU, pour ces députés de droite et «socialistes» qui ont voté et applaudi la chose. Ça rassurerait les bonnes âmes qui jugeront sur pièce les résultats de l’intervention.

Mais, on ne les voit jamais, ceux-là que Mouammar Kadhafi devait exterminer. Ils n’ont plus droit au chapitre, on n’en a plus besoin. On n’arrive pas à les deviner, si l’on s’en tient aux images qui nous inondent et qui nous servent invariablement des hurluberlus qui tiraillent dans le désert, sur on ne sait qui.

Il y a quelques mois, un reporter disait que de toutes les guerres, de tous les conflits qu’il avait couverts, celui-ci était «bizarre». On ne l’a plus lu, ni entendu dire autre-chose. Il a dû soit se fondre dans la «vérité», soit disparaître des rédactions. Ça ne pardonne pas de détonner. Surtout par les temps qui courent en Libye. Il avait certainement la certitude d’être parti vivre et raconter une révolution, une vraie. Car une révolution c’est forcément beau et noble. Ce qu’il a vu l’a empêché de trouver les mots pour le dire. Il a été frappé par ce qu’on appelle une violente dissonance cognitive et on ne sait pas s’il s’en est remis.
Par Ahmed Halfaoui

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