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23 avril 2024

Alger s’inquiète de l’influence grandissante du Qatar auprès d’une partie de l’opposition algérienne par Salim Ammar


Alger s’inquiète de l’influence grandissante du Qatar auprès d’une partie de l’opposition algérienne

http://www.tsa-algerie.com/diplomatie/alger-s-inquiete-de-l-influence-grandissante-du-qatar-aupres-d-une-partie-de-l-opposition_18169.html

Samir Allam

Depuis quelques mois, les voyages du président Abdelaziz Bouteflika à
l’étranger sont devenus rares. Et quand il fait l’effort d’effectuer
un déplacement, comme aujourd’hui à Doha au Qatar, où il participe au
premier sommet du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG), c’est que
l’enjeu est d’importance. A Doha, ce n’est pas le gaz qui intéresse le
président Bouteflika et le pouvoir algérien. Les enjeux vont bien
au-delà.

Dans un contexte de printemps arabe, Alger s’inquiète du rôle
grandissant du Qatar auprès d’une partie de l’opposition algérienne en
exil, notamment les réseaux de l’ex-FIS. Abassi Madani vit au Qatar où
il est régulièrement reçu par l’émir en compagnie d’autres
responsables islamistes du Maghreb.

Grâce au Qatar, Abassi Madani a par exemple tissé des relations très fortes avec le CNT libyen. Cette relation pourrait expliquer en partie la persistance des tensions
entre Alger et le CNT. Annoncée début octobre, la visite d’une
délégation libyenne à Alger n’a toujours pas eu lieu.

Autre exemple : Saad Djebbar, avocat et opposant algérien, a quitté
Londres pour Doha. Il figure parmi les avocats personnels de l’émir du
Qatar auprès duquel il jouit d’une grande estime. Il intervient
régulièrement sur la chaîne Al Jazeera pour commenter les événements
au Maghreb et en Algérie.

Les Algériens soupçonnent aussi le Qatar de vouloir financer une chaîne de télévision qui pourrait être lancée par des opposants à l’étranger.
Après avoir été pendant plusieurs années l’un des principaux alliés de
l’Algérie dans le monde arabe (les deux pays se sont rapprochés pour
contrer l’influence de l’Arabie saoudite),  le Qatar joue clairement
la révolution en Algérie. Pour l’émir, le changement en Algérie, comme
dans les autres pays du Maghreb, passe par les islamistes modérés ,
explique un connaisseur de la politique arabe.
En fait, Doha ne s’en cache presque pas. Le Qatar a ainsi joué un rôle
important dans le renversement du régime de Mouamar Kadhafi en Libye,
contre les intérêts du pouvoir algérien qui avait soutenu le leader
libyen jusqu’au bout. Les Qataris jouent aussi un rôle important dans
les événements actuels en Syrie, leur ancien allié avec l’Algérie. Là
encore, ce rôle qatari n’est pas pour plaire aux Algériens, qui font
tout pour sauver le régime de Bachar Al-Assad.

Mais Alger se garde de critiquer publiquement Doha, même quand le
Qatar décide d’imposer des conditions particulières pour les
demandeurs de visa algériens. C’est que le Qatar n’agit pas en
électron libre. Derrière, les États-Unis et la France, malgré des
intérêts parfois divergents dans le monde arabe, lui apportent l’appui
qui le met à l’abri de pressions.

Même la toute puissante Arabie saoudite semble désarmée face aux ambitions du petit émirat rival.
Dans ce contexte, à Doha, Abdelaziz Bouteflika va notamment tenter de
profiter d’une médiation qatarie pour arranger les choses avec le CNT
libyen. Mustapha Abdeljalil se trouve aussi au Qatar pour le Forum des
pays exportateurs de gaz. Il pourrait également faire passer des
messages et des garanties à l’ancien chef du FIS-dissous. Selon nos
sources, Abassi Madani souhaite pouvoir rentrer en Algérie.
Officiellement, l’ex-chef du FIS, âgé de 80 ans, veut pouvoir passer
les dernières années de sa vie dans son pays natal. Mais un tel
retour, dans un contexte de changement dans le monde arabe, ne peut
être dénué d’arrière-pensées politiques.

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