El Khabar a rencontré Seif El Islam Kadhafi dans le premier entretien accordé à un journal arabe
13 janvier 2012
Seif El Islam Kadhafi, le fils du colonel Mouammar Kadhafi a indiqué dans le premier entretien qu’il accorde à un journal arabe, le rôle crucial de Paris dans la guerre en Libye.
Commençons notre entretien par ce qui intéresse le plus l’opinion publique internationale…ou en sont les négociations avec l’opposition à Benghazi ?
Nous tenons en réalité les véritables négociations avec la France et non avec les rebelles. Nous avons reçu par l’intermédiaire d’un envoyé spécial qui a rencontré le président français, un message clair de Paris. Le président français a très franchement dit à notre envoyé que « c’est nous qui avons crée ce conseil et sans le soutien de la France, l’argent et les armes il n’existerait pas ».
Ces groupes nous ont contactés par des canaux égyptiens, nous les avons rencontrés au Caire, ou nous avons tenu un round de négociations, mais lorsque les français ont entendu parler de cette rencontre ils ont dit au groupe de Benghazi : nous vous soutenons et si d’autres contacts avec Tripoli ont lieu sans que nous en ayons connaissance ou dans notre dos nous cesserons immédiatement de vous soutenir…toutes les négociations doivent donc passer par la France, ils leur ont dit : nous ne faisons pas cette guerre par bonté ou sans contrepartie, nous avons des intérêts commerciaux en Libye, et le gouvernement de transition devra approuver plusieurs contrats, ils veulent parler des contrats au sujet des avions « rafales », ainsi que d’autres contrats de la société Total.Pourquoi n’avez-vous pas dévoilé à l’opinion publique les documents prouvant le financement de la campagne de Sarkozy ?
Et bien nous n’utilisons pas toutes nos armes d’un coup, nous avons plus d’une surprise, et plus d’une arme que nous utiliserons au moment opportun…Qu’en est-il des médiations internationales, que se passe-t-il en ce moment, notamment après la visite du médiateur russe qui a pris connaissance de la situation, et après la tenue d’une réunion entre le président russe Medvedev et le président de l’Otan, ainsi que la réunion entre Medevedev et le président sud-africain Jacob Zuma l’autre partie de la médiation ?
Je voudrais avant cela préciser quelques chose, c’est que toute la planète s’est moquée d’eux à travers des articles de presse, ils ont menti au monde en déclarant que l’état libyen avait tué des milliers de manifestants, et ont dit que nous avions bombardé des populations avec des avions.
Le monde sait maintenant que tout cela n’était que mensonge, l’organisation « Human Right Watch » a reconnu que ces informations étaient fausses, Amnesty international a également indiqué que c’était faux, tout comme le Pentagone qui à fait une enquête interne et a souligné que c’étaient de fausses informations.
Revenons au sujet des médiations internationales : ou en sont-elles ? Concernant les initiatives il y a une feuille de route africaine sur laquelle tout le monde s’accorde, nous voulons organiser des élections et arriver à un gouvernement d’unité nationale, et sommes prêt des élections supervisées par des organisations internationales, et à mettre en place une nouvelle constitution mais les rebelles refusent, pourquoi refusent-t-ils, parce que nous ne sommes pas encore arrivé à un accord avec Paris.Le colonel Kadhafi a menacé dans son discours ce vendredi devant ses partisans à Sebha de se venger et d’envoyer des kamikazes en Europe, n’avez-vous pas peur d’être assimiler à des terroristes ?
Premièrement il est de notre droit d’attaquer les états qui nous attaquent et tuent nos enfants, ils ont tué le fils de Mouammar Kadhafi et ont détruit sa maison et tué ses proches, et il n y a pas une famille en Libye qui n’ait pas été victime de l’attaque de l’Otan, c’est pour cela que nous sommes en guerre, l’Otan a commencé par attaquer qu’il en assume les conséquences.
Seif El Islam se présentera-t-il aux élections de la future Libye ? Je suis officiellement sorti de la politique en Libye en 2008, et depuis cette date et jusqu’au début de la crise j’étais en dehors de la Libye, j’étais au Cambodge…je suis revenu en Libye au début des événements, j’étais en dehors du jeu politique, mais après ce qui est arrivé en Libye toutes les données ont changé, après avoir vu les trahisons, les intérêts et la colonisation toutes les données ont changé, je ne vois pas contre le fait de me présenter, toutes les options sont possibles.Certains pensent à une division de la Libye, le premier ministre britannique, David Cameron a déjà déclaré qu’il fallait partager le Sahara Libyen, qu’en pensez-vous ?
Il y a un plan britannique pour la division de la Libye, l’ouest et le sud pour la France, l’est pour la Grande-Bretagne, et une base militaire pour la Grande-Bretagne à Tobrouk… ceci n’est pas un secret, mais ce ne sont que des velléités de colonisation qui ne se réaliseront pas.Que représente pour vous l’Algérie ?
En toute sincérité, si on prend un Libyen lambda, il vous dira que les Algériens sont très proches des Libyens. Malheureusement, comment vous l’aurez déjà constaté, le seul pays arabe visé par les hors-la-loi c’est l’Algérie. Nous avons une chose en commun avec les Algériens. Vous avez lutté, par le passé, contre la France, nous faisons la même chose aujourd’hui…la médiation de l’Algérie est la bienvenue. Car elle a toujours joué le rôle d’unificateur. Je tiens à préciser que les positions des pays arabes sont indignes, l’Algérie figure parmi les quelques pays arabes ayant pris une position complètement différente. Le peuple libyen n’oubliera jamais cela, c’est pourquoi la médiation de l’Algérie est la bienvenue pour le rapprochement entre les frères libyens.Avez-vous quelque chose à ajouter, un dernier mot ?
Je veux que la communauté internationale fasse attention à ce qui se passe en Libye, où l’une des plus grandes campagnes de désinformation et de falsification des vérités a eu lieu. Cette vérité est reconnue par les européens et les américains eux-mêmes. En effet, les médias ont crée de nombreux scandales qui n’ont jamais eu lieu. Nous nous adressons à la communauté internationale pour lui dire que les images que vous regardez sur les chaînes satellitaires et sur internet sont truquées. La vérité se fera un de ces jours !
Je veux que la communauté internationale fasse attention à ce qui se passe en Libye, où l’une des plus grandes campagnes de désinformation et de falsification des vérités a eu lieu. Cette vérité est reconnue par les européens et les américains eux-mêmes. En effet, les médias ont crée de nombreux scandales qui n’ont jamais eu lieu. Nous nous adressons à la communauté internationale pour lui dire que les images que vous regardez sur les chaînes satellitaires et sur internet sont truquées. La vérité se fera un de ces jours !
Les coulisses de l’entretien d’El Khabar avec Seif El Islam Kadhafi..
Je voudrais en ce qui concerne l’entretien avec Seif El Islam Kadhafi répondre à certaines interrogations de nombreux amis et lecteurs sur les raisons de l’obtention de l’entretien par El Khabar et par nul autre média international présent à Tripoli.
Tout d’abord El Khabar a essayé de couvrir l’événement en Libye depuis le premier jour de la crise, et plus encore après le début de l’offensive sur la Libye, en envoyant un journaliste qui est arrivé au début de la crise jusqu’au passage frontalier à Ras Jdir, mais les conditions sécuritaires et humanitaires ont empêché notre journaliste comme les autres journalistes étrangers d’entrer en Libye. Tout le monde attendait le premier message de Seif El Islam Kadhafi sur la chaine « El Arabia », lorsqu’il avait invité les médias à envoyer des correspndants à Tripoli pour prendre connaissance de la situation, invitation qui a attisé les convoitises de dizaines de journaux et télévisions pour obtenir le scoop, et des informations au cœur de « l’événement », qui ont aussitôt envoyés leurs meilleurs correspondants et journalistes.
S’agissant d’El Khabar nous avons eu la chance de nous rendre en Libye par un appel téléphonique avec Tripoli suivi d’un autre appel avec l’ambassade de Libye en Algérie, qui elle en est remerciée, a facilité les procédures de voyage pour Tripoli. Même si des journaux et des médias internationaux étaient présents à Tripoli, le travail du quotidien El Khabar était remarqué, peut-être en raison de l’accusation des « mercenaires » qui a été collée à l’Algérie même si la preuve du contraire a été apportée. Cet intérêt a explosé après l’obtention de l’entretien avec Seif El Islam Kadhafi, même si la chaine « El Arabia » nous a devancé, tout comme « TF1 », ou le journal italien « Corriere della Sierra », alors que la chaine « CNN » a pu obtenir un entretien avec l’épouse du colonel Kadhafi à son domicile, ou encore la « BBC » qui a obtenu un entretien avec le colonel Kadhafi lui-même. Et je suis presque sur que la chaine « Al Jazzera » fera l’impossible pour obtenir un entretien avec Khadafi ou son fils Seif El Islam. Revenons-en aux coulisses de l’entretien avec le fils de Kadhafi, j’ai du naturellement comme tous les journalistes à l’hôtel des journalistes à Tripoli, déposé une demande pour m’entretenir avec les personnalités qui m’intéressait, j’ai personnellement demandé un entretien avec le vice-ministre des affaires étrangères, Khaled Kaim, le porte-parole du gouvernement, Moussa Ibrahim, et pour la famille Kadhafi, j’ai demandé un entretien avec Seif El Islam et son frère Saadi Kadhafi, et insisté pour m’entretenir avec le colonel Kadhafi. En ce qui concerne le colonel, il m’a été répondu que les conditions sécuritaires ne me permettaient pas de le rencontrer, mais qu’il était possible d’envoyer des questions par écrits auxquelles il répondrait. J’ai de mon coté accepté cette exception au sujet du colonel Kadhafi mais exigé de m’entretenir avec d’autres personnalités que face à face. J’ai par la suite continué mon travail en interviewant et en faisant des reportages, mais la veille de mon départ comme programmé à Alger, c’est-à-dire vendredi, je me suis renseigné sur mes demandes d’entretien avec la famille Kadhafi, on m’a alors répondu qu’il fallait retarder mon voyage en raison d’une affaire importante sans me donner plus de détails. Je suis donc resté deux jours de plus à Tripoli à attendre un appel, et vers la fin de la deuxième journée j’ai reçu un appel téléphonique d’une personne qui me demandait « si j’étais libre pour venir tout de suite », alors que j’étais assis avec des journalistes et photographes algériens travaillant pour des médias internationaux. J’ai alors cherché à l’hôtel un moyen pour me rendre sur place, un endroit calme de la capitale, entre des habitations, ou je suis monté dans une autre voiture ou m’attendait le vice ministre des affaires étrangère Khaled Kaim, et une voiture qui nous précédait. Nous avons fait le tour de la capitale durant environ une heure probablement dans le but de brouiller les pistes, puis nous sommes arrivés dans un endroit sombre et sans circulation ou nous sommes également restés 45 minutes avant qu’une voiture ne nous fasse un appel code phare.
Nous avons alors refait un tour dans les rues et quartiers de la capitale, ou je n’arrivais pas à me retrouver même si je n’avais pas les yeux bandés, nous sommes alors arrivés devant un bâtiment, ou je n’ai pas su avec qui j’allais m’entretenir jusqu’à ce que Sif El Islam vienne m’accueillir. Celui-ci m’a accueilli avec le sourire et était accompagné de nombreuses personnes dont des gardes du corps. Je suis entré dans une chambre pendant que Seif El Islam s’entretenait dans l’autre avec ceux qui m’avaient accompagné. J’ai attendu une vingtaine de minutes avant d’être rejoint par Seif El Islam très sur de lui et décontracté, qui m’a demandé des nouvelles de l’Algérie et des algériens. Seif El Islam a semblé durant l’entretien très confiant et déterminé à s’attaquer à la France et à montrer son « hypocrisie » diplomatique.
A la question sur les « mercenaires » algériens il a souri et a répondu que cela ne voulait rien dire et que cela avait d’autres visées. Durant l’entretien qui a duré presque une heure personne n’est entré, Seif El Islam n’a pas semblé tendu, et personne n’est venu l’informer de quelque chose, il semblait tout contrôler. L’entretien a pris fin et j’ai attendu que mes accompagnateurs qui étaient au nombre de quatre ou cinq, sortent, nous avons roulé sur une centaine de mètres avant que les voitures ne se séparent et que l’une d’elle me ramène à l’hôtel ou séjournent les journalistes étrangers.