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19 avril 2024

Les Libyens n’ont pas fini de dire merci au binôme Sarkozy-Juppé.


 

Louis Denghien : Les Libyens n’ont pas fini de dire merci au binôme Sarkozy-Juppé.
Mercredi 14 mars 2012

Décidément, mauvaise séquence pour l’opposition radicale syrienne ! Un de ses plus fermes soutiens français, L’Express publie un article, mercredi 14 mars, qui met en question la militarisation et l’instrumentalisation de l’opposition à Bachar à la lumière de ce qui est en train de se passer en Libye. Et ce qui s’y passe, c’est une démonstration permanente et à grande échelle des méfaits de l’ingérence humanitaire à la sauce OTAN, et de l’irresponsabilité, en ce qui nous concerne, du tandem Sarkozy/Juppé, lequel tandem, avec l’arrogance qu’on lui connaît continue de se décerner des satisfecit, mois après avoir livré le pays aux radicaux islamistes du CNT.

L’Express n’y va pas par quatre chemins : « Ce qui se passe entre Tripoli et Benghazi est un cauchemar politique » ! Car, note l’hebdomadaire pourtant assez atlantiste – et très, très anti-Bachar – « plus aucune autorité ne règne sur le pays, les milices s’entre-déchirent et le spectre de la partition menace l’unité nationale« .

Vers une indépendance de la Cyrénaïque (et une nouvelle guerre civile) ?

Nous avions déjà entretenu les visiteurs de ce site des incidents sanglants survenu entre milices rivales à Tripoli, des révoltes de tribus du coté de l’oasis de Koufra (voir notre article « Quelques problèmes arabes dont on ne parlera pas à Tunis », mis en ligne le 23 février). Mais c’est vrai que depuis, il y a plus fort et plus grave : le 6 mars, les grandes tribus de l’Est, de la Cyrénaïque donc, réunies à Benghazi, berceau de la révolte anti-Kadhafi, ont proclamé l’autonomie de la province orientale de la Libye, réclamant un Etat fédéral, et même, dans les faits, confédéral, première étazpe vers une indépendance revendiquée à voix de plus en plus haute. Cruel ricochet politique pour le CNT installé à Tripoli, et dont les fondateurs et meneurs venaient de Benghazi ! Le CNT, dont L’Express s’avise soudain qu’il « ne contrôle rien« , a d’ailleurs vivement réagi en condamnant les « séditieux« . Mais c’est bien la seule réaction dont il soit capable pour l’heure, car il ne compte pas d’assez de troupes sûres pour entreprendre une éventuelle reconquête de la Cyrénaïque. Car du côté de Benghazi, justement, on ne se fait pas faute de rappeler que ce sont les combattants issus de la région qui ont été le fer de lance de la « révolution » (avec les avions de l’OTAN).

Pourtant, du point de vue qui est le sien, il faudrait faire rapidement quelque chose : comme l’écrit L’Express, c »est à présent « toute la frontière entre la Libye et l’Egypte qui échappe maintenant au gouvernement central« . Et, accessoirement, c’est en Cyrénaïque que se trouve les quatre-cinquièmes des réserves de pétrole et de gaz du pays.

A Tripoli, le CNT, tant vanté pour son caractère démocratique par Juppé et BHL, se réduit à un homme fort : Abdelhakim Belhadj, ancien fidèle d’Oussama ben Laden en Afghanistan. A l’heure où l’armée américaine dit à haute voix sa crainte des infiltrations d’al-Qaïda en Syrie, il n’est pas certain que Washington bouge le petit doigt pour aider le « gouvernement » de Tripoli.

D’autant que l’amorce de sécession de la Cyrénaïque pourrait, comme le suggère L’Express, décidément bien revenu de son enthousiasme pro-CNT, donner des idées à d’autres : les tribus touaregs du Sud, par exemple, restées fidèles à la personne, puis à la mémoire de Kadhafi, et qui n’aiment ni les gens de Benghazi, ni ceux de Misrata (capitale « spirituelle » de l’insurrection). Et les Berbères qui peuplent la région frontière avec la Tunisie pourraient se joindre au mouvement centrifuge. Bref, c’est un grand choix de chaos et de guerres civiles, avec de possibles implications des voisins, qui s’offre, grâce à Sarkozy et à l’OTAN, aux Libyens.

De la Libye à la Syrie, et du CNT au CNS

Etonnante et rapide – et prévisible – vengeance posthume de Muammar Kadhafi : la Libye risque bien de ne pas lui survivre longtemps et ceux-là même qui l’avaient renversé, avec l’aide de l’OTAN, se retrouvent confrontés à une nouvelle dissidence de Benghazi et cette fois il n’est pas certain que le gouvernement français – ce qui ne veut plus dire forcément le gouvernement Sarkozy – ressorte ses Mirages pour les beaux yeux du CNT – vu les enjeux pétroliers on verrait bien les gouvernants français, quels qu’ils soient, prendre plutôt la défense de la nouvelle « république islamique de Cyrénaïque », à moins qu’ils ne soient devancés par les très pragmatiques et cyniques dirigeants américains et britanniques. Ces événements sont aussi, bien sûr, un sacré démenti aux prétentions humanistes et géostratégiques de Nicolas Sarkozy et d’Alain Juppé qui, pour se refaire une virginité après leurs cafouillages égyptien et tunisien, et gagner quelques points dans les sondages français, avaient pris la tête de la croisade otanesque contre le colonel Kadhafi : apprenti-sorciers, et incultes géopolitiques qui auraient dû bûcher un peu leurs fiches ou la page Wikipedia sur la Libye. Mais il est vrai que chez ces gens-là, on ne compte pas en mois, encore moins en années, mais en semaines médiatiques.

On est presque certain en revanche qu’une éventuelle reprise de la guerre civile en Libye n’arrachera aucune remise en question à BHL, toujours très « stoïque » en ce qui concerne le sang arabe versé.

Le seul aspect positif de cet immense gâchis, c’est qu’il constitue, et c’est d’ailleurs le fonds de l’article de L’Express, un formidable contre-exemple pour tous ceux qui rêvent – ou ont rêvé tout haut – d’une stratégie de déstabilisation et d’ingérence en Syrie. A dire vrai, les Occidentaux, s’ils n’avaient la mémoire aussi courte – et sélective – avaient déjà le précédent de l’Irak pour se faire une idée des conséquences d’une aide active et directe aux bandes armées ASL et salafistes et aux fantoches du CNS. Le CNS qui, au fait, a été reconnu parmi les premiers comme « représentant légitime du peuple syrien » par le CNT. Qui lui a dépêché, au fait, quelques centaines de volontaires islamistes pour étoffer les rangs de l’ASL. Du train où vont les choses, c’est le CNS qui va devoir envoyer l’ASL au secours du CNT !

Publié le 14 mars 2012 avec l’aimable autorisation d’Info Syrie

Louis Denghien

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 Mediapart : Quand Kadhafi finançait la campagne de Sarkozy via la Suisse.

Selon le site Mediapart, le dictateur libyen aurait financé la campagne du président français à hauteur de 50 millions. L’argent aurait transité par un compte au Panama et une banque suisse. Nicolas Sarkozy réagira-t-il à ces soupçons ce soir sur TF1?
http://www.lematin.ch/suisse/Quand-Kadhafi-financait-la-campagne-de-Sarkozy-via-la-Suisse/story/10549347

Dans cette affaire, le marchand d’armes Ziad Takieddine se transforme également en passeur de fonds, puisque c’est grâce à lui que 50 millions d’euros du régime Kadhafi auraient servi, en 2007, au financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Comme le révèle Mediapart, l’homme d’affaires franco-libanais ne s’est pas contenté d’organiser, en 2005 puis en 2007, les visites du président français. En relation avec Saïf al-Islam et Brice Hortefeux, alors ministre des collectivités locales, il aurait joué un rôle clé dans le transit de l’argent vers un compte à Panama mais aussi dans une banque suisse.

Mediapart appuie ses dires sur une note de synthèse versée par la police au dossier d’instruction, le 18 octobre 2011. Elle stipule: «MODALITES FIN CAMPAGNE NS REGLEES LORS DE LA VISITE LIBYE NS + BH 06.10.2005 PLUSIEURS ENTRETIENS PREALABLES ENTRE ZT ET SAIF AL ISLAM.». «NS», «BH» ET «ZT» se rapportant à Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux (actuel vice-président de l’UMP et ancien ministre français de l’Intérieur) , le tableau s’éclaircit. Si l’on ignore encore quelle banque helvétique est concernée, le document précise que la société panaméenne impliquée appartient à «BH», soit Brice Hortefeux.

Confessions
Quant à la précieuse note, sa paternité revient à un témoin du dossier, Jean-Charles Brisard, ancien membre de l’équipe de campagne d’Edouard Balladur et actuel dirigeant d’une société de renseignements privée. Le contenu reprend les confessions de Didier Grosskopf, «DG», l’ancien médecin personnel de Ziad Takieddine, qui l’a accompagné à plusieurs reprises en Libye, pour y soigner des membres de la famille Kadhafi.

Cette version rejoint les dires de Mouammar Kadhafi qui, deux jours avant l’intervention militaire de la «coalition» en Libye, s’était lâché sur Euronews: «Il faut que Sarkozy rende l’argent qu’il a accepté de la Libye pour financer sa campagne électorale, avait-il dit. C’est nous qui avons financé sa campagne, et nous en avons la preuve. Nous sommes prêts à tout révéler».

Le principal intéressé, présidentiable, devrait réagir à cette information ce soir sur TF1 dans l’émission politique Parole de candidat. (Newsnet)

Info Syrie
http://www.infosyrie.fr/…

 


 

 

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