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29 mars 2024

Que peut-on conclure avec du transitoire ? par Ahmed Halfaoui


http://www.lesdebats.com/editions/180412/les%20debats.htm

Que peut-on conclure avec du transitoire ?

On est loin des insultes, des menaces et de l’arrogance, conférées par l’OTAN, contre l’Algérie, mais les déclarations de l’un des  » porte-paroles « , non anonymes, du CNT, à la chaîne Alarabiya, en contiennent encore les relents. Voilà un pouvoir réduit au palais qu’il occupe et aux couloirs diplomatiques internationaux ouverts par la  » communauté internationale « , pouvoir qui, selon ses propres dires, ne contrôle pas les prisons, qui va  » demander aux autorités algériennes de (lui) remettre les membres de la famille Kadhafi « . Par-delà le droit d’asile et les questions de principe et hormis les attendus légaux, l’outrecuidance est patente.

Il sera aussi question de  »  l’argent du peuple libyen « , dont l’essentiel se trouve dans les pays de l’OTAN, qui considèrent que ce n’est pas encore le moment de le libérer. Considérant certainement, sans le dire ouvertement, que la Libye a besoin d’autre aménagements avant que lui soit accordé une quelconque consistance. Sans préjudice, toutefois, de l’intention de profiter au mieux de cette manne inespérée que constituent les centaines de milliards de dollars  » gelés « , à point nommé, par l’ONU. Ceci dit et pour revenir à ce que de droit, il y a la nécessité morale de traiter avec des représentaux légaux et légitimes de  » l’argent du peuple libyen « . Car, nonobstant le rejet populaire du CNT, y compris les  » révolutionnaires « , qui peut augurer que l’argent remis ne sera pas réclamé par un futur Etat sécrété  par les Libyens eux-mêmes, aujourd’hui marginalisés par un fait accompli.

Quant à la remise de Aïcha, de sa mère et des autres réfugiés, si l’option est envisagée, pour délirer, il faudrait demander au chef du CNT à quelle milice il faudrait le plus faire confiance, en matière de droit de l’homme, dans quel lieu de détention ils vont être enfermés, par quel type de tribunal ils vont être jugés et pour quels chefs d’inculpation. Il faudra peut-être, toutefois, l’interroger en quoi Aicha Kadhafi présente une priorité quand des millions de ses compatriotes sont livrés aux affres de l’exil et du dénuement, quand le reste de la population vit dans l’incertitude et souffre de l’arbitraire des bandes armées et quand le pays est disloqué et menace d’imploser. A ce propos, on sait, par chez nous, que lorsque les préoccupations sont insurmontables, on se détourne vers le superflu, histoire de se consoler. C’est le cas.

Mais étant donné les errements qui jalonnent le cursus des  » nouvelles autorités lybiennes « , les propos recueillis par la chaîne saoudienne ont de fortes chances d’être la énième rotomontade d’un énième quidam addicté des micros et des caméras, sur fond de cacophonie incorrigible de l’aréopage   dont il fait partie. Alors, il ne resterait plus que les raisons ordinaires, d’une visite non moins ordinaire, qui donneront l’illusion de représenter un pays auprès d’autres et de prétendre à un rôle dans le traitement du maelstrom naissant au sud du Sahara.

Et comme de coutume, dans les rencontres diplomatiques, il y aura des discussions sur les  » questions d’intérêt commun « . Rien de bien méchant, en fait. Avant de renouer, après un court répit, avec le cauchemar qui n’est pas près de se dissiper et qui persiste à rappeler qu’on ne joue pas impunément avec la destinée d’un peuple, surtout en matière de révolution.   

Par Ahmed Halfaoui 

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