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4 octobre 2024

MALI : Le secrétaire général de la section Sadi de France : « On n’est pas sorti de la Françafrique »


Samedi 28 avril 2012

MALI : Le secrétaire général de la section Sadi de France : « On n’est pas sorti de la Françafrique »

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Un jour après sa mise en place, la nouvelle équipe gouvernementale doit faire face à l’indignation de la classe politique. Dans une interview qu’il nous a accordée le secrétaire général de la section France du parti SADI, Mohamed Diawara, crie à la violation de l’accord-cadre du 6 avril. Pis, il dénonce la mise sous tutelle du Mali. Interview.

 

L’Indicateur du Renouveau : Depuis le 17 janvier dernier, le Nord de notre pays fait face à une rébellion dirigée par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et appuyée par des groupes islamistes armés. Au niveau de la diaspora malienne de France comment vivez-vous cette nouvelle ?

Mohamed Diarra : Effectivement, depuis le 17 janvier dernier, date des premières attaques, le Mali est victime d’agression de la part d’une rébellion armée et de groupes d’islamistes armés. Face à cette situation, l’ensemble de la diaspora malienne a été choquée, car le Mali a toujours été une terre de paix. Nous, Maliens de l’extérieur en général, revendiquons à chaque occasion, le degré aigu de brassage de notre peuple. Le tournant fut le drame d’Aguelhok, ville dans laquelle une centaine de soldats maliens de toutes couleurs furent assassinés par les groupes armés. La rencontre de l’ex-président ATT avec les femmes de militaires de la garnison de Kati nous a permis de jauger la gravité de la situation sécuritaire au nord du Mali.

Depuis lors, presque tous les Maliens de la diaspora suivaient l’évolution des événements via les nouvelles technologies (Internet, radios et les chaînes de télé étrangères) tandis que l’ORTM ne parlait que de l’élection présidentielle du 29 avril. La prise de Tessalit par les groupes armés a été un coup dur pour nous, car c’est un endroit stratégique et vital dans la suite des événements. Kidal, Gao et Tombouctou ne sont qu’une suite logique de Tessalit. De là, ont pu atterrir des avions remplis de matériels de guerre pour les groupes armés.

Le 21 mars, j’ai reçu un coup de fil d’un ami qui m’a confirmé que des militaires ont pris l’ORTM et que tout Bamako est en panique. C’est le lendemain matin à 6 h que j’ai appris sur les ondes de RFI le renversement du président Amadou Toumani Touré. Sur le coup, on a eu peur pour notre pays. Car il faut bannir toute forme de violence. A notre niveau, on a analysé la situation par notre section France afin de réagir, même si les instances de Bamako nous ont devancé, au parti Sadi, il y a bien évidemment des instances démocratiques dans lesquelles chaque structure s’exprime librement. Et au final, c’est la majorité qui prime. C’est dans ce sens que notre section a exprimé sa tristesse et sa stupeur face au coup de force. Cependant, elle s’est posée la question de savoir si le coup de force était un coup d’Etat ? D’autant plus qu’il n’y avait pas d’Etat. La réponse fut non.

Au regard de la gestion de cette crise du Nord, du mutisme des autorités et leur entêtement à faire des élections dans un pays en guerre, nous avons décidé que s’abstenir n’était pas la bonne solution pour notre pays. Aussi, nous avons constaté que le pouvoir ATT dont faisaient partie les partis politiques de la majorité présidentielle (Adéma, URD, Parena, RPM, Cnid…) n’étaient plus la solution car n’ayant pas pu régler la crise. Donc, nous avons jugé utile d’accompagner les nouvelles autorités tout en insistant sur le retour à l’ordre constitutionnel. Dans notre déclaration, nous avons fustigé l’attitude de la France qui demandait l’organisation d’élections rapidement dans un pays en guerre.

C’est dans ce contexte que certaines personnes ou medias parlaient de pros et anti-putschistes. Nous, on ne raisonne pas comme cela, car les questions de personnes ne doivent pas primer sur l’intérêt supérieur de la nation. Comment peut-on redonner les rênes du pays à une classe politique qui l’a mise dans cette situation ? Donc, nous étions dans la logique du changement. Raison pour laquelle une marche fut organisée à Paris le samedi 24 mars 2012 par le collectif pour le changement avec le parti Sadi afin de soutenir le Comité national pour le redressement et la restauration de l’Etat (CNRDRE). Nous avons participé à une marche unitaire organisée par le Conseil malien de France (CMF) pour la paix au Mali le samedi 8 avril 2012 à Paris.

L’Indicateur du Renouveau : Le retour à l’ordre constitutionnel, réclamé par la Cédéao et le Front pour la restauration de la démocratie et la République (FDR), a conduit au choix de Dioncounda Traoré comme président de la République intérimaire. Mais aujourd’hui le débat autour du respect des 40 jours du délai constitutionnel divise les acteurs. A la section Sadi de France, quelle est votre position sur la question ?

Mohamed Diarra : Pour ce qui concerne le retour à l’ordre constitutionnel, la désignation de Dioncounda Traoré était une application stricte de notre Constitution du 25 février 1992. Par ailleurs, au nom du respect de cette même Constitution, je demande aux députés du Mali de renoncer à toute proposition de prolongation qui leur sera soumise. Il y va, j’en suis sûr, de leur crédibilité et de leur attachement aux fondements de notre République.

S’agissant de la transition, la section France du parti exhorte toutes les parties concernées à mettre le Mali au-dessus de toute considération partisane. Cependant, l’intérim de S. E. Dioncounda Traoré ne peut et ne doit excéder 40 jours. Après ces 40 jours, l’accord cadre précise que le médiateur et le CNRDRE vont s’asseoir sur une table pour fixer les modalités de la transition, dont la présidence de celle-ci. S’il est décidé que c’est Dioncounda Traoré qui assume la transition, nous en prendrons acte.

Cependant, la logique voudrait que ce ne soit pas Dioncounda Traoré, car il n’est pas moins coupable qu’ATT dans la gestion des affaires de l’Etat y compris la gestion de la crise du Nord. Avec Dioncounda, mieux vaut faire appel à ATT du Sénégal pour conduire notre transition et continuer notre descente aux enfers. Ce qui m’a frappé, c’est le manque de solidarité de la classe politique qui était au pouvoir avec ATT qui, seul, ne peut être responsable de ce qui arrive au Mali.

Ceux qui avaient les pouvoirs constitutionnels et légaux pour sauver le Mali (par exemple en destituant le gouvernement par une motion de censure pour incapacité à gérer la crise au Nord) ne l’ont pas fait. Ils doivent en tirer les conséquences et reconnaître leur faillite. En définitive, la section France refuse qu’on impute la responsabilité totale de cette situation à la seule personne d’Amadou Toumani Touré. De grâce, que toute la classe politique malienne fasse son autocritique. Au niveau de la section France du parti Sadi, nous pensons que le président de la transition doit être une personne apolitique et acceptée par tous les Maliens.

L’Indicateur du Renouveau : La mise en application de l’accord-cadre du 6 avril dernier, intervenu entre la junte et le médiateur de la Cédéao, a abouti à la nomination de Cheick Modibo Diarra Comme Premier ministre de la transition avec « pleins pouvoirs« . Comment percevez-vous cette nomination ?

Mohamed Diarra : S’agissant de la nomination de Cheick Modibo Diarra, c’est une bonne chose. Nous exprimons tous nos vœux et l’accompagnons pour apaiser le Mali et organiser des élections transparentes à la fin de la transition. Nous pensons que la crise du Nord est le dossier brûlant qu’il faut résoudre, car nos familles souffrent dans le Septentrion malien.

L’Indicateur du Renouveau : Qu’est-ce que vous attendez du Premier ministre ?

Mohamed Diarra : Nous comptons sur ses réseaux pour sortir le Mali des griffes de la France qui a tout fait pour déstabiliser le Mali. Le peuple malien ne doit pas payer la connivence de nos autorités avec le milieu de preneurs d’otages. Pendant la guerre en Libye, le parti Sadi a été la seule formation à protester contre l’agression dont a été victime le peuple libyen. La section France a organisé plusieurs marches de soutien à la Libye au fort moment de la guerre. C’était devant l’Assemblée nationale française et à Place de la République à Paris. A l’époque, nous n’avons pas été compris par certains de nos compatriotes qui croyaient qu’on soutenait uniquement Kadhafi.

Or, nous dénoncions le risque de répercussion sur le Mali et d’autres pays de la sous-région. La prochaine étape sera sans doute l’Algérie pour ses potentialités en hydrocarbures. J’espère que Cheick Modibo aura intérêt à privilégier les Etats-Unis, la Russie et la Chine. Si François Hollande gagne les élections, peut être que la donne pourra changer pour la France. Sait-on jamais mais l’Histoire nous révèle que la politique africaine de la France a toujours été de la même veine que le pouvoir soit de droite ou de gauche.

L’Indicateur du Renouveau : On connaît depuis ce mercredi la composition du nouveau gouvernement de Cheick Modibo Diarra. Quel regard portez-vous sur cette équipe ?

Mohamed Diarra : Suite à la désignation du nouveau gouvernement, la section France du parti Sadi s’est dite abasourdie. Pourquoi ? La mise en place de ce gouvernement est une violation flagrante de l’article 6 de l’accord-cadre signé le 6 avril entre le CNRDRE et le médiateur de la Cédéao. Or, cet accord prône la constitution d’un gouvernement d’union nationale que nous appelions de tous nos vœux. Pis, l’absence de consultation des forces vives du pays pose un problème de légitimité de ce gouvernement qui, pour nous, n’est que la restauration de Moussa Traoré, un autre 19 novembre.

Aujourd’hui, nous avons une pensée pour les martyrs de mars 1991 pour qui, cette réhabilitation est une insulte. Le capitaine Sanogo qui aimait dire sans cesse de respecter l’accord-cadre sinon c’est « tolérance zéro », a intérêt à se conformer à cette règle supranationale de même que son Premier ministre de transition. Nous pensons que la présence d’autres ministres comme Hamadoun Touré et Sadio Lamine Sow nous conforte dans l’idée que le Mali est sous tutelle de la Cédéao, chantre de la Françafrique.

L’Indicateur du Renouveau : Les jeux déjà faits, pour réussir sa mission quel est l’appel que vous lancez aux nouvelles autorités ?

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